L'éveil du printemps

February 3, 2013 17:29

(Baonghean) - Maman, je ne serai pas à la maison pour le Têt cette année. Je dois encore aller voir des dizaines de patrons et de chefs de service qui vont bientôt partir à la retraite. Il y a tellement de gens qui convoitent ce siège maintenant. Si je ne me présente pas en premier, je serai stupide. OK, maman !

- Je vais probablement rentrer tard, papa. Toute la famille devrait dîner pour le réveillon du Nouvel An. Je dois encore aller à la réunion des anciens élèves. Des amis reviennent de l'étranger. Si je ne les vois pas maintenant, quand les verrai-je ?

L'année prochaine, ma femme et moi reviendrons avec notre fils rendre visite à nos grands-parents. Ma femme et moi sommes également gênés d'avoir voyagé si loin. Je promets à mes parents que nous reviendrons certainement l'année prochaine !

Cette année je promets de revenir l'année prochaine, l'année prochaine j'hésite et je remets à l'année d'après.

Je ne sais pas depuis quand les retrouvailles du Têt sont devenues une responsabilité, un moment où nous devons rendre hommage à nos proches. Nous pensons indifféremment que nos proches sont les personnes les plus indulgentes et les plus généreuses envers nous. Alors, si nous devons choisir entre d'innombrables préoccupations, nous sommes prêts à les faire attendre pour pouvoir poursuivre paisiblement la gloire, la richesse ou le plaisir, jusqu'à ce que nous nous ennuyions et que nous retrouvions tranquillement le chemin du retour. Dix ans, puis vingt ans, puis, à la fin de notre vie, nous réalisons soudain que nous avons laissé filer tant de printemps précieux et précieux. Grands-parents, parents, frères et sœurs attendent toujours que nous nous réunissions pour un repas de retrouvailles. Pourront-ils nous attendre éternellement, ou finiront-ils par être chassés par le cycle de la nature, naissance, vieillissement, maladie et mort, ou par les circonstances, et nous quitter, laissant le printemps soudain stérile ? Si la vie est un océan et que nous sommes des voiles, alors nos proches sont les phares qui indiquent à nos bateaux où mouiller. Pourtant, combien de personnes dans ce monde savent se contenter du rivage ou déterminer le moment du retour, mais sont toujours absorbées par l'errance des vagues, à la poursuite de la gloire et de la fortune, aussi futiles que des coquillages sur le sable ? Un jour, perdus dans l'immensité de l'océan, lorsque la lumière des phares aura disparu dans la brume, nous réaliserons que nos vies sont peu fertiles, mais pourquoi ne savons-nous pas aimer, chérir, les laissant s'écouler dans le désordre et la solitude ?

Mon bateau est parti au large depuis des saisons, on ne sait combien, les hirondelles volent, peut-être à cause du goût salé et amer de cette mer de gens, de terres étrangères. Le printemps en moi est mort depuis longtemps. Ou est-ce parce que mes yeux sont ternes que je ne vois plus les bourgeons verts, que mes oreilles sont sourdes et que j'écoute sans cesse sans voir le printemps arriver ? Suis-je vieux ou le printemps est-il vieux ? Ou est-ce parce que le moment où j'ai mis les voiles, loin de ma patrie, de ma famille, de mes amis, a aussi été le moment où la fleur printanière qui venait d'éclore en moi s'est rapidement fanée ? Soudain, l'après-midi du 30 Têt me manque, mes yeux sont humides et mon nez me pique, comme si persistait quelque part le parfum puissant de l'encens qu'il venait d'allumer dans la bruine de l'après-midi. Ces jours-là, où puis-je les retrouver maintenant ? Mon âme est désormais comme un bourgeon de chèvrefeuille endormi dans le jardin sombre, qui la réveillera ?

De vieux amis qui ont grandi ensemble, tous aimaient jouer avec des pétards, manger du banh chung, recevoir de l'argent porte-bonheur le jour du Têt. Maintenant, chacun suit son chemin. Partageons-nous toujours la même nostalgie innocente et le même amour mêlé d'un soupçon de respect pour les sources d'antan ? Ou, quand le Têt arrive, tout le monde est tellement absorbé par les amis, les petits et grands patrons, les enveloppes rouges, combien de temps avons-nous pour nous soucier des repas simples et parfumés, des plaisirs et des jeux traditionnels en famille ? Je pense ainsi et je sanglote en secret, je pleure pour moi qui suis loin de chez moi, je pleure pour ceux qui ont encore la chance d'être auprès des leurs mais ne savent pas comment s'accrocher aux fragiles et brefs moments du printemps. Quand ces gens-là s'éveilleront-ils au printemps ?


Hai Trieu (Courriel de Paris)

Journal Nghe An en vedette

Dernier

x
L'éveil du printemps
ALIMENTÉ PARUNCMS- UN PRODUIT DENEKO