Qu’attend la présidente Park Geun-hye ?
Mme Park devra quitter le palais présidentiel pour se préparer à une enquête des procureurs sur des allégations de corruption et d'abus de pouvoir.
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Mme Park Geun-hye a été démise de ses fonctions suite à la décision de la Cour constitutionnelle. Photo : Reuters |
La présidente sud-coréenne Park Geun-hye est devenue la première dirigeante démocratiquement élue du pays à être démise de ses fonctions après que la Cour constitutionnelle a confirmé ce matin sa destitution, selon le Telegraph.
La décision a été rendue par la Cour suprême sud-coréenne après que l'Assemblée nationale du pays a décidé de la destituer et de la déchoir de ses pouvoirs suite à un scandale de corruption impliquant son amie proche Choi Soon-sil.
La décision de destitution pousse la Corée du Sud à élire un nouveau président dans les 60 prochains jours, laissant un vide de pouvoir majeur alors que Séoul est confrontée à des tensions régionales croissantes suite aux essais répétés de missiles balistiques de Pyongyang.
Cette décision pourrait également coûter la vie politique à Park, la première femme présidente de la Corée du Sud, selon des experts juridiques.
Selon le Korea Times, après avoir été destituée, Mme Park devra quitter la Maison Bleue, le palais présidentiel de la Corée du Sud, pour retourner dans son ancienne maison au sud de la capitale Séoul sans gardes du corps spéciaux pour la protéger.
Elle perd également automatiquement son immunité présidentielle et devra préparer tous les documents nécessaires à l'enquête du parquet pour corruption et trafic d'influence. Elle sera probablement poursuivie pour collusion avec Choi, accusé de corruption après avoir fait pression sur de grandes entreprises coréennes pour obtenir des fonds en échange de certains avantages politiques.
Mme Park est accusée d'avoir suivi les conseils secrets de Choi sur des questions allant de la politique nord-coréenne aux choix vestimentaires, même si son amie proche n'occupait aucun poste officiel au sein du gouvernement.
Les procureurs sud-coréens ont préparé un total de 13 actes d'accusation contre elle, notamment pour abus de pouvoir, collecte de fonds coercitive et divulgation de secrets d'État.
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Un Sud-Coréen exprime son soutien à Mme Park. Photo : Reuters |
Bien que Mmes Park et Choi aient nié toute infraction, des millions de Sud-Coréens ont organisé des manifestations massives ces derniers mois pour réclamer leur destitution. L'ensemble de la société sud-coréenne a été choqué par l'ampleur du scandale, qui implique non seulement la présidente, mais aussi des conglomérats géants comme Samsung.
De nombreux manifestants ont fondu en larmes à l'annonce de la décision de la Cour constitutionnelle. Des milliers de policiers ont été déployés dans les rues pour prévenir d'éventuels affrontements entre partisans et opposants de Mme Park.
Le Korea Times a indiqué que les partisans de Park se rendraient devant la Cour constitutionnelle dans les prochains jours pour demander aux juges de reconsidérer leur décision. La confrontation entre les deux camps, opposés et favorables à Park, pourrait plonger la Corée du Sud dans un chaos accru.
Toutefois, les experts juridiques soulignent que la décision de la Cour constitutionnelle a la plus haute valeur juridique et que tous les citoyens sud-coréens, quelles que soient leurs opinions politiques, sont tenus de se conformer à cette décision.
Cependant, la destitution de Park affectera certainement les relations de la Corée du Sud avec les États-Unis, dans le contexte où Washington vient de commencer à déployer le système de défense antimissile à haute altitude (THAAD) dans la péninsule coréenne, malgré les menaces et les objections de la Chine.
Les analystes sud-coréens estiment que la décision de la Cour constitutionnelle sera l'occasion pour les dirigeants politiques du pays de mettre fin aux divisions, aux conflits et à la haine, de tourner la page du pays et de se préparer à faire face à la crise post-impeachment.
Le président de l'Assemblée nationale sud-coréenne, Chung Sye-kyun, a également appelé le peuple et le gouvernement à faire des efforts pour ramener le pays à un fonctionnement normal après la décision de la Cour constitutionnelle.
« Pendant au moins 100 jours, voire jusqu'à six mois, le pays ne pourra pas fonctionner normalement, ce qui fera souffrir de nombreuses personnes », a déclaré Chung, appelant les hauts législateurs sud-coréens à jouer un rôle clé pour unir le peuple et faire avancer le pays.
De son côté, Mme Park doit accepter la douleur après le verdict pour unir le pays, le moins qu'elle puisse faire après un scandale présidentiel sans précédent dans l'histoire coréenne, a souligné le Korea Times.
Selon VNE