Une avancée judiciaire : procès pour les crimes de Monsanto - Société transnationale
La décision du Tribunal international Monsanto n’est pas contraignante mais constitue un précédent important pour les futures batailles juridiques avec les multinationales.
Vous trouverez ci-dessous un résumé de certaines informations provenant du site officiel de la Cour internationale de justice de La Haye concernant Monsanto :
Le 18 avril 2017, des juges professionnels ont rendu leurs conclusions à La Haye (Pays-Bas) sur l’affaire mondialement célèbre de la société Monsanto.
« Les crimes d'une société transnationale »
De plus en plus de personnes à travers le monde prennent conscience que Monsanto incarne l'agriculture industrielle. Pour elles, les pratiques de production chimique de l'entreprise polluent l'environnement, favorisent la perte de biodiversité et contribuent significativement au réchauffement climatique.
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L'entreprise agrochimique Monsanto est un cauchemar pour de nombreuses personnes dans le monde. Photo : directaction.org.au. |
Depuis le début du XXe siècle, la société américaine Monsanto a développé un certain nombre de produits hautement toxiques qui ont causé des dommages durables à l’environnement et causé des maladies et la mort à des milliers de personnes.
Ces produits mortels comprennent : (1) les PCB, l’un des 12 polluants organiques persistants qui affectent la reproduction humaine et animale, (2) le « 2,4,5 T » – un acide contenant de la dioxine et un composant du défoliant Agent Orange que l’armée américaine a pulvérisé au Vietnam pendant la guerre, un poison qui continue de provoquer des malformations congénitales et des cancers à ce jour, (3) l’herbicide Lasso, désormais interdit en Europe, et (4) le RoundUp – l’herbicide le plus utilisé au monde et la cause des plus grands scandales sanitaires et environnementaux de l’histoire moderne.
Astuce
Selon les critiques, Monsanto s’appuie sur une stratégie de dissimulation systématique pour ignorer les dommages causés aux personnes et à l’environnement par ses produits.
Les tactiques de Monsanto incluent : le lobbying auprès des régulateurs et des gouvernements, le mensonge, le financement de fausses recherches scientifiques, la pression sur les scientifiques indépendants, la manipulation des médias...
Selon le tribunal de première instance de Monsanto, l’histoire de l’entreprise est un exemple classique d’impunité et de criminalité, bénéficiant aux sociétés transnationales et à leurs dirigeants, contribuant aux crises du climat et de la biosphère et menaçant la sécurité de la planète.
Actuellement, en vertu de la loi en vigueur, il n’est pas possible de poursuivre pénalement une entreprise comme Monsanto ou ses dirigeants pour des crimes contre la santé humaine et l’intégrité environnementale.
Chaque année, Monsanto dépense des sommes colossales pour se défendre.
Tribunal international sur Monsanto : nouvelle avancée
Les audiences du tribunal ont eu lieu à La Haye (Pays-Bas) du 15 au 16 octobre 2016 pour évaluer les accusations contre Monsanto et déterminer les dommages causés par cette société transnationale.
Lors des audiences, cinq juges de renommée internationale ont entendu les témoignages de 30 témoins et experts venus des cinq continents. Leurs avis juridiques ont été publiés le 18 avril.
L’objectif général du tribunal est le suivant : rendre un jugement (même symbolique) contre Monsanto, par un véritable panel de juges, après une procédure de fond devant un tribunal international, contribuant ainsi à l’établissement de mécanismes internationaux pour rendre justice aux victimes des multinationales.
Les objectifs spécifiques de la Cour sont : (1) d'évaluer l'affaire Monsanto et les dommages causés par l'entreprise à la lumière du droit international ; (2) d'évaluer la conduite de Monsanto en matière d'écocide, en proposant d'inclure ce crime dans le droit pénal international (le Mouvement des citoyens du monde a demandé que ce crime soit inclus dans le droit pénal international) ; et (3) d'envisager de modifier le Statut de Rome, en créant une base juridique pour poursuivre les personnes physiques et morales soupçonnées de ce crime.
Les groupes de travail de la Cour ont examiné les impacts de Monsanto dans six domaines : (1) le droit à un environnement sain, (2) le droit à la santé, (3) le droit à l'alimentation, (4) la liberté d'expression et de recherche universitaire, (5) la complicité dans les crimes de guerre et (6) l'écocide.
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Audience du Tribunal international de Monsanto le 15 octobre 2016. Photo : Tribunal de Monsanto. |
La base juridique de la Cour est : (1) les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, adoptés par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en juin 2011, et (2) le Statut de Rome instituant la Cour pénale internationale (CPI), qui donne à la Cour compétence pour juger les personnes accusées de génocide, de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et de crime d’agression.
Les Principes directeurs originaux stipulaient que les entreprises devaient respecter tous les droits de l’homme, y compris le droit à la vie, le droit à la santé et le droit à un environnement naturel sain.
Des membres de la société civile issus de diverses professions et possédant des connaissances spécialisées sur les questions traitées dans le procès ont pris l'initiative d'organiser ce tribunal. Des étudiants de plusieurs universités ont également contribué à ce processus.
L'affaire Monsanto constitue une affaire historique pour la Cour dans l'examen de cette question. Les conclusions du tribunal Monsanto constituent un dossier juridique complet qui servira de précédent pour les futurs procès contre Monsanto et d'autres entreprises chimiques similaires.
Selon VOV