Voyager en Corée du Nord en période de tension
Les agences de voyages qui organisent des voyages en République populaire démocratique de Corée ont subi des dommages importants en raison des récentes tensions régionales.
Le tourisme est l'un des rares secteurs économiques restants en Corée du Nord à ne pas être soumis aux sanctions de l'ONU. Reuters a cité l'Institut maritime coréen, qui a indiqué que cette industrie sans fumée rapportait 44 millions de dollars de revenus au Nord chaque année.
Pour la plupart des étrangers, la Corée du Nord demeure un mystère, et le nombre de touristes occidentaux qui s'y rendent pour découvrir le pays s'élève à environ 4 000 par an, dont 20 % d'Américains. Cependant, ce nombre a fortement diminué en raison de l'escalade des tensions entre Washington et Pyongyang.
Malgré les récents signes d'apaisement des tensions après que la Corée du Sud et la Corée du Nord ont tenu leurs premiers pourparlers en deux ans et que les États-Unis ont suspendu leurs exercices militaires dans la région, les tensions restent une source d'inquiétude pour les visiteurs potentiels.
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| Des touristes prennent des photos au pied des statues du président Kim Il-sung et du dirigeant Kim Jong-il à Pyongyang. |
Depuis l'arrivée au pouvoir du président Donald Trump en janvier 2017, les États-Unis et la Corée du Nord se sont attaqués sans relâche, menaçant même de s'autodétruire après les essais nucléaires et les tirs de missiles de Pyongyang. En septembre, le Département d'État américain a notamment interdit à ses ressortissants de se rendre en Corée du Nord suite au décès de l'étudiant Otto Warmbier. Ce dernier s'était rendu en Corée du Nord en tant que touriste, mais a été détenu pendant 17 mois pour avoir prétendument volé une affiche de propagande dans sa chambre d'hôtel. Warmbier a été renvoyé aux États-Unis en juin 2017 dans le coma et est décédé peu après.
Ces développements ont causé des dommages considérables aux agences de voyages. CNN a cité Nicholas Bonner, cofondateur de Koryo, l'un des plus grands voyagistes en Corée du Nord (dont le siège est à Pékin, en Chine), affirmant que l'activité de l'entreprise avait chuté d'au moins 50 % depuis juin 2017.
Dylan Harris, fondateur de Lupine Travel, une agence britannique spécialisée dans les voyages en Corée du Nord, a déclaré que son entreprise avait également enregistré une baisse significative de ses ventes. « Particulièrement au second semestre 2017, il y a eu beaucoup d'annulations », a-t-il précisé.
En revanche, les bénéfices que les agences de voyages tirent des voyages en Corée du Nord sont faibles. M. Bonner a expliqué que les prix des voyages sont fixés par le gouvernement nord-coréen et qu'il perçoit la majeure partie des revenus. Les voyagistes étrangers comme Koryo Company ne perçoivent qu'une part « modeste » après ajustement de certains frais supplémentaires. « Nous sommes douze personnes et nous amenons pas mal de touristes en Corée du Nord, mais nous gagnons à peine de quoi survivre », a-t-il déploré.
L'industrie touristique sud-coréenne, comme la Corée du Nord, a été touchée, notamment pour les Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang, qui ont débuté le 9 février. CBS a cité des statistiques montrant que les organisateurs n'ont vendu que 655 000 billets, soit 61 % de l'objectif. Les craintes d'un conflit sur la péninsule intercoréenne seraient à l'origine de cette situation, la ville de Pyeongchang étant située à seulement 80 km de la frontière intercoréenne. De plus, Pyeongchang étant une ville isolée, elle n'attire pas l'attention des touristes, selon l'industrie touristique. Cependant, les organisateurs espèrent que l'accord de la Corée du Nord d'envoyer une délégation aux Jeux olympiques et de reprendre le dialogue contribuera à améliorer la situation dans les semaines à venir.De plus, selon le Guam Daily Post, Guam, territoire américain situé dans le Pacifique, devrait perdre environ 40 000 touristes au cours de l'exercice 2018 (à compter d'octobre 2017). Le nombre de visiteurs à Guam a atteint un record de 1,56 million au cours de l'exercice 2017, principalement en provenance du Japon, de Corée du Sud et de Chine. Cependant, en raison des menaces d'attaque nucléaire proférées par la Corée du Nord en août 2017, le nombre de touristes, notamment japonais, a continuellement diminué, et Delta Air Lines a annoncé l'arrêt de la liaison Tokyo-Guam à compter du 8 janvier 2018.
La Chine réduit ses échanges commerciaux avec la Corée du Nord
Dans un communiqué publié hier, la Maison Blanche a salué la réduction des échanges commerciaux entre la Chine et la Corée du Nord. La Chine est le principal partenaire commercial de la Corée du Nord, mais le total des échanges entre les deux pays a chuté de 50 % en décembre 2017. Plus précisément, les importations chinoises en provenance de Corée du Nord ont chuté de 81,6 % à 54 millions de dollars, tandis que les exportations ont chuté de 23,4 % à 260 millions de dollars, selon un porte-parole des douanes chinoises cité par l'AP.
« Le gouvernement des États-Unis se réjouit de la réduction drastique des échanges commerciaux entre la Chine et la Corée du Nord. Cette action s'inscrit dans le cadre des efforts internationaux menés par les États-Unis pour exercer une pression maximale jusqu'à ce que Pyongyang mette fin à ses programmes illicites, change de comportement et s'engage dans la dénucléarisation de la péninsule coréenne », a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué. La Corée du Nord n'a pas encore réagi à cette information.
