L’Allemagne est-elle impuissante face à la sortie de la Grèce de la zone euro ?
(Baonghean) - Dans une récente déclaration, la chancelière allemande Angela Merkel a annoncé qu'elle était prête à laisser la Grèce quitter la zone euro si le peuple grec choisissait un gouvernement opposé aux politiques d'austérité actuelles. Cette déclaration a été faite trois semaines seulement avant les élections législatives anticipées du 25 janvier, qui viseront à élire un nouveau dirigeant. Les troubles politiques actuels en Grèce éloignent non seulement le pays de la zone euro, mais témoignent également de l'impuissance de la zone euro et de l'Union européenne, confrontée à de nombreux problèmes.
Les troubles politiques en Grèce ont débuté fin décembre, lorsque le Parlement a été dissous immédiatement après le rejet du choix du Premier ministre Antonis Samaras pour un nouveau président. Après trois tours de scrutin, le Parlement n'a toujours pas élu de nouveau président. Immédiatement après ces troubles, l'Allemagne, la Commission européenne et les créanciers internationaux ont appelé la Grèce à poursuivre ses réformes ; le Fonds monétaire international (FMI) a également annoncé une suspension temporaire de son soutien financier à la Grèce jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement. Cette décision est perçue comme un avertissement pour le parti d'opposition Syriza en Grèce, qui domine la plupart des derniers sondages avec sa politique « anti-austérité ». Après quatre ans de lassitude face aux mesures d'austérité, il semble que le peuple grec soit en quête d'un tournant susceptible de changer sa vie. C'est pourquoi il soutient le parti d'opposition Syriza et cause des soucis aux dirigeants de la zone euro.
![]() |
La chancelière allemande Angela Merkel. |
Depuis 2010, la Grèce a dû demander l'aide de l'Union européenne et de ses créanciers internationaux pour se sortir de la plus lourde dette publique de son histoire. Au cours des quatre dernières années, sous la protection financière de l'Union européenne, la Grèce a mis en œuvre de nombreuses réformes drastiques en échange d'un plan de sauvetage de 240 milliards d'euros. Cependant, selon de récents sondages d'opinion, la situation sera radicalement différente si le parti d'opposition Syriza arrive au pouvoir. Proches de l'austérité, ses dirigeants exigeront certainement une renégociation des termes des plans de sauvetage ; et il est impossible de ne pas prendre en compte que ce parti exigera la réouverture du dossier de la dette publique grecque et exigera une sortie de la zone euro. Anticipant cela, la chancelière allemande Angela Merkel a été contrainte de déclarer qu'elle était prête à laisser la Grèce quitter la zone euro si le peuple choisissait Syriza.
Cette décision est considérée comme très difficile à prendre pour Mme Merkel dans le contexte actuel. Car, de toute évidence, si elle persiste à maintenir la Grèce sous la direction d'un dirigeant « anti-européen », qui se profile clairement comme le parti d'opposition Syriza, la route sera extrêmement semée d'embûches. Car une Grèce alors plus obstinée, aura besoin de davantage d'aide et n'acceptera certainement pas l'« austérité ». L'UE devra donc dépenser davantage pour soutenir la Grèce si elle veut maintenir ce pays dans la zone euro. Mais c'est difficile pour une UE qui peine encore à supporter les conséquences de la crise de la dette publique. En 2014, la croissance de l'Union n'était que d'environ 0,8 % et les économies des pays membres se redressent trop lentement. Parallèlement, au début de l'année 2015, l'euro a atteint son plus bas niveau face au dollar américain depuis cinq ans. Selon les analystes, l'euro devrait continuer à se déprécier face au dollar américain en 2015. L'Allemagne ne souhaite pas conserver la Grèce, mais cela aurait un impact trop important sur les autres membres. Mme Merkel a donc dû céder sur cette situation et déclarer qu'elle était prête à laisser la Grèce sortir de l'UE. Cependant, cette déclaration portera un regard différent sur l'Union européenne, car elle n'a pas été en mesure de tenir son engagement de prendre soin de la Grèce, son maillon faible.
Cette incapacité témoigne également des difficultés rencontrées pour élargir le bloc et recruter de nouveaux membres. Dans le contexte de l'entrée officielle de la Lituanie dans la zone euro, le 1er janvier, l'arrivée imminente de la Grèce dans cette zone laissera également une mauvaise impression au nouveau membre. La victoire du parti grec Syriza risque particulièrement de déclencher une vague de réactions anti-austérité dans d'autres pays européens, notamment en Espagne. Dans ce pays, le parti Podemos, qui prône également des politiques anti-austérité comme Syriza, est actuellement en tête des sondages avant les élections de novembre. Une victoire de ces partis ne saurait exclure de nouveaux séismes dans la politique européenne à venir.
Parallèlement, le retrait de la Grèce de la zone euro a réduit le prestige et le potentiel de l'UE, ce qui signifie que l'équilibre des forces avec l'Union économique eurasiatique dirigée par la Russie va considérablement évoluer. Si le 1er janvier, la zone euro a officiellement admis la Lituanie comme 19e membre, le lendemain, la Russie a admis l'Arménie comme 4e membre, et le Kirghizistan devrait suivre ce mois-ci. Dans le contexte des tensions persistantes entre la Russie et l'Europe liées à la crise ukrainienne, les pays du centre devront rapidement réfléchir à la meilleure option pour leurs pays.
Pour en revenir à l'incapacité de la chancelière allemande à gérer la situation en Grèce, la chancelière Merkel doit certainement réfléchir attentivement et calculer pour trouver des solutions appropriées, à la fois en équilibrant les politiques internes du bloc avec des membres comme la Grèce, et en évitant de trop nuire à la réputation du bloc. Concernant la politique grecque, l'ancien Premier ministre grec Georges Papandréou vient d'annoncer la création d'un nouveau parti politique pour participer aux élections législatives anticipées du 25 janvier. Il est à noter que les analystes n'excluent pas la possibilité que le nouveau parti de l'ancien Premier ministre Papandréou remporte la victoire sur le parti d'opposition Syriza. Par conséquent, il est impossible, à ce stade, de prédire avec certitude l'évolution de la politique grecque et son impact sur l'Union européenne à venir. L'opinion publique devra attendre les résultats définitifs des prochaines élections législatives du 25 janvier.
Phuong Hoa