Le pape François et son intérêt pour l'Asie
(Baonghean) - Le pape François effectuera une visite en Asie du 13 au 19 janvier, avec deux escales au Sri Lanka et aux Philippines. Il s'agit de la deuxième visite du chef du catholicisme en Asie en moins de six mois. Elle témoigne non seulement de son intérêt personnel pour la région, mais aussi de l'importance stratégique de l'Asie pour l'Église.
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Le pape François accueilli à Colombo, la capitale du Sri Lanka. Photo Reuters |
En Asie aujourd'hui, selon les dernières statistiques du Vatican, 3,2 % de la population est catholique, mais c'est le continent qui compte le plus grand nombre de (nouveaux) catholiques, avec l'Afrique. L'AFP a déclaré que le pape François s'intéressait particulièrement à l'Asie en raison de sentiments personnels. Dans sa jeunesse, il voulait se rendre au Japon pour être missionnaire, mais après une ablation d'un poumon, les médecins lui ont déconseillé de se rendre en Asie, le climat humide étant mauvais pour sa santé. En août dernier, le pape François s'est rendu en Corée du Sud. Son intérêt particulier pour l'Asie est d'autant plus évident que le chef du Vatican n'a jamais mis les pieds en Afrique ni en Amérique latine, mais qu'il continue de choisir l'Asie pour cette visite, avec deux destinations : le Sri Lanka et les Philippines.
Sri Lanka, un message d'harmonie religieuse
Au Sri Lanka, le pape a mis l'accent sur l'harmonie interreligieuse, notamment sur la lutte contre l'extrémisme religieux. Ce thème est pertinent dans un pays divisé entre bouddhistes, hindous, musulmans et chrétiens, et où le souvenir d'une guerre civile sanglante de trente ans, qui n'a pris fin qu'en 2009, est encore présent dans la mémoire collective. Les 21 millions d'habitants du Sri Lanka sont majoritairement bouddhistes, les catholiques ne représentant que 6 %. Un sondage Gallup de 2008 a révélé que le Sri Lanka se classait au troisième rang mondial en matière de diversité religieuse, ce qui signifie que les différences religieuses sont vulnérables aux abus. Bien que minoritaires, les catholiques sont perçus comme ayant une mission de réconciliation entre les autres religions, car c'est la seule foi pratiquée à la fois par les Cinghalais et les Tamouls du Sri Lanka. Dans un geste considéré comme symbolique de l'harmonie interreligieuse, le pape François a modifié son programme à la dernière minute pour visiter un important temple de Colombo. C'est seulement la deuxième fois qu'un pape visite un temple bouddhiste, la première fois en 1984, lorsque le pape Jean-Paul II a visité un temple à Bangkok, en Thaïlande.
Sur le plan politique, le pape a abordé l'épineuse question de l'« inculturation », l'adaptation des symboles et du culte chrétiens à la culture sri-lankaise. Cette question est depuis longtemps source de vives tensions entre sensibilités religieuses et relativisme religieux. Dans les années 1990 et 2000, plusieurs théologiens catholiques progressistes, dont Tissa Balasuriya du Sri Lanka, ont été sanctionnés par le Vatican pour avoir trop mêlé pratiques et idées orientales au catholicisme.
Selon les analystes, le pape François souhaite une véritable révolution du catholicisme afin d'empêcher le déclin de l'influence et de la position de l'Église catholique dans le monde après de nombreux scandales. Dans un tel contexte, renforcer le rôle du catholicisme dans les régions est une priorité pour le Vatican. Parallèlement, le Sri Lanka est considéré comme une « terre » où le catholicisme peut démontrer son rôle de réconciliation et d'harmonie entre les religions. C'est l'un des objectifs de la visite du pape François cette fois-ci.
Les Philippines et les efforts missionnaires en Asie
Après le Sri Lanka, le pape se rendra aux Philippines, un pays majoritairement catholique. En 1995, le pape Jean-Paul II fut accueilli par le plus grand nombre de catholiques à Manille lors de sa visite dans cette ancienne colonie espagnole. Le pape François est connu pour son soutien aux pauvres et aux oubliés. Aux Philippines, il rencontrera les survivants du super typhon Haiyan, qui a fait 7 300 morts ou disparus et des millions de sans-abri en 2013. Le pape devrait célébrer une messe en plein air dimanche 18 janvier devant environ 6 millions de catholiques du pays.
Avec la plus grande population catholique d'Asie et considérées comme la capitale de l'Église sur le continent, les Philippines ont toujours été perçues par l'Église catholique comme une région à fort potentiel de croissance. De plus, les Philippines comptent une importante population musulmane, et le conflit entre chrétiens et musulmans, qui a éclaté il y a des siècles, est un sujet que de nombreux catholiques attendent avec impatience. Nombreux sont ceux qui espèrent que le pape évoquera l'accord de paix récemment signé entre le gouvernement et le plus grand groupe rebelle musulman du pays.
Non seulement la visite du pape aux Philippines témoigne de son intérêt pour les pauvres, pour les catholiques confrontés à de nombreuses difficultés et de son désir de réconciliation et de réconciliation entre les religions, mais elle témoigne également de la volonté de l'Église d'étendre son influence et, si possible, d'élargir son champ missionnaire en Asie. Près de deux ans après son ordination, le pape François a maintes fois exprimé des idées de réforme, notamment la décentralisation du pouvoir au Saint-Siège et en Europe, la mondialisation de l'Église, la construction et la promotion du rôle de l'Église catholique dans la résolution des problèmes les plus urgents et les plus importants pour la majorité des habitants de la planète… Les voyages successifs du pape en Asie visent également à concrétiser ces idées.
Thanh Huyen
Le Pew Research Center (États-Unis) a mené une enquête dans 43 pays, révélant que le taux de soutien au pape François atteignait 60 %. Il est à noter que de nombreux pays étudiés se situent dans des régions où les catholiques sont minoritaires, comme le Moyen-Orient et l'Asie de l'Est. Rien qu'en Europe, le nombre de personnes admirant le pape François atteint 84 %. En Italie, la personnalité la plus aimée et admirée en 2014 est le pape François Ier. Ses réformes radicales en politique, en idéologie et en économie, combinées à son style personnel extrêmement simple, ont apporté une atmosphère ouverte et conviviale au Vatican pendant la période de Noël 2014, après avoir été considéré pendant de nombreuses années comme rigide et scandaleux. Auparavant, lors d'une messe célébrée en 2013 dans un centre de détention pour mineurs de la banlieue de Rome, le pape François avait procédé au lavement des pieds de 12 détenus, dont des musulmans et des orthodoxes, selon le journal La Croix. Le pape François a également montré à plusieurs reprises qu’il n’avait pas peur de se connecter avec la jeunesse moderne à travers son habitude indispensable : le selfie, également connu sous le nom de « prendre un autoportrait » avec un téléphone portable. |