Préserver la beauté de la culture villageoise pendant le Têt

February 9, 2016 21:04

À l'instar du distique populaire « Viande grasse, oignons marinés, distiques rouges / Le mât, pétards, gâteau vert Chung », les coutumes du Têt dans les villages vietnamiens évoluent elles aussi : certaines disparaissent, d'autres se perpétuent et resteront à jamais… Préserver les coutumes et traditions traditionnelles tout en éliminant les mauvaises est aujourd'hui un enjeu majeur.

Đi lễ chùa đầu năm vốn là nét đẹp văn hóa của người Việt.
Se rendre à la pagode en début d'année est une belle tradition culturelle vietnamienne.

L'atmosphère du Têt à la campagne est toujours plus riche qu'en ville, car le village est le lieu où les belles coutumes et les bonnes habitudes se perpétuent de génération en génération, créant une culture villageoise empreinte d'affection et d'humanité. Pendant le Têt Nguyen Dan, le plus important de l'année pour les Vietnamiens, ces beautés s'expriment pleinement. Bien que chaque village et chaque région possède ses propres particularités, on retrouve cette même idée de « grandes similitudes et petites différences » : de légères différences, mais des traits d'ensemble très proches.

M. Phan Ke Binh (1875-1921), originaire du village de Thuy Khue, dans le district de Ba Dinh à Hanoï, décrit le Têt Nguyen Dan dans son ouvrage « Coutumes vietnamiennes » (1915). Il raconte que, deux semaines avant le Têt, chaque foyer s'activait pour les préparatifs. Les instituteurs se rendaient au marché pour écrire des phrases parallèles destinées à la vente. Ceux qui travaillaient ou faisaient du commerce loin de chez eux prenaient congé pour rentrer à la maison à l'occasion du Têt. Quelques jours avant le Têt, chacun nettoyait sa maison et lavait ses objets de culte. Des phrases parallèles rouges étaient apposées sur les portes et les piliers, et des peintures et des rouleaux étaient accrochés avec soin.

On trouve aussi de nombreux endroits où l'on installe des poteaux et où l'on répand de la chaux vive dans les cours et les ruelles. Le soir du Nouvel An, en ville, les gens se rassemblent au centre de leur cour pour prier. À la campagne, on se rend dans les magasins, on bat le tambour et on fait exploser des pétards. Certains vont dans la rue ramasser des branches et des feuilles, d'autres vont au puits du village chercher un seau d'eau, ou encore dans les champs prendre un seau de terre pour labourer les racines des arbres… autant de gestes censés attirer la chance.

Il semble qu'au cours du siècle dernier, jusqu'à ce printemps de Binh Than, la manière dont les Vietnamiens célèbrent le Têt ait peu changé, seuls les moyens ont évolué. Bien qu'ils n'accrochent plus autant de phrases parallèles qu'à l'époque confucéenne, chaque famille décore toujours sa maison pour accueillir le printemps ; les pétards ne sont plus obligatoires pour des raisons de sécurité… mais les incontournables « viande grasse, oignons marinés et phrases parallèles rouges » perdurent. À la campagne, on répand encore de la chaux vive autour des maisons, censée éloigner les mauvais esprits, mais qui servait en réalité à tuer les insectes et les parasites. Cette tradition se transmet de génération en génération.

Du 30 décembre après-midi au troisième jour du Têt, chaque jour, on prépare des offrandes en l'honneur des ancêtres, du dieu de la terre et du dieu du foyer. Des cérémonies sont organisées dans tous les lieux de culte de la communauté. Les offrandes du Têt sont toujours somptueuses et complètes, témoignant de la prospérité de chaque famille et du savoir-faire culinaire de son propriétaire. Si la nourriture et les boissons sont aujourd'hui plus abondantes qu'auparavant et que les besoins ont évolué, les incontournables de la cuisine traditionnelle, tels que le bánh chưng, le giò et le nem, figurent toujours sur le plateau du Têt, aux côtés de nombreuses créations plus récentes.

Le premier matin du Têt, après la cérémonie d'hommage aux ancêtres, les enfants offrent de l'argent porte-bonheur à leurs grands-parents et à leurs parents pour leur souhaiter longue vie. Ces derniers font de même dans une ambiance chaleureuse et joyeuse. En ce premier jour de l'année, chacun est attentif et ne parle que de choses heureuses et positives.

Parents, amis proches, voisins se rendent visite pour se souhaiter une nouvelle année de paix, de prospérité dans les affaires et de réussite scolaire pour les enfants...

Le Têt est l'occasion de se réunir en famille, de se souvenir des disparus, de renforcer la solidarité au sein du clan hors du village et de raviver l'amour de la patrie. Cette dimension spirituelle demeure le fil conducteur de la tradition du Têt et de l'accueil du printemps dans notre pays. Aller à la pagode, se rassembler dans la cour de la maison commune pour jouer à la balançoire, aux échecs, admirer des bonsaïs ou assister à des combats de coqs… sont autant d'activités rustiques et joyeuses.

Le Têt est aussi l'occasion de célébrer la longévité et de féliciter les aînés qui atteignent l'âge de 60, 70 ou 80 ans… selon la tradition ancestrale de respect des personnes âgées : « La cour respecte les titres, le village respecte la vieillesse ». Chaque village organise les festivités à sa manière, mais toutes partagent le même principe : rendre visite aux aînés, leur présenter ses vœux et leur offrir des cadeaux en signe d'attention et de respect. On raconte que M. Tam Nguyen Yen Do vint souhaiter une longue vie à un vieil homme du village et s'inclina deux fois, ce qui fit refuser le présent par ce dernier, qui n'osa pas l'accepter. M. Nguyen Khuyen répondit : « Je ne me suis pas incliné devant vous, mais devant votre titre céleste (un titre conféré par le ciel, symbole de longévité). » Aujourd'hui, cette coutume est perpétuée de façon très riche par les familles, les associations de personnes âgées et les résidences, selon les spécificités de chaque localité.

Cependant, outre les nombreuses coutumes traditionnelles, beaucoup d'anciennes traditions persistent ou ont récemment refait surface, rendant le Têt lourd et contraignant. Le Têt est indissociable des repas et des boissons, mais les excès sont coûteux, superflus et néfastes pour la santé. L'ivresse peut avoir des conséquences fâcheuses, notamment des accidents de la route. Autre mauvaise habitude : les jeux de hasard au printemps. Au lieu de participer à des activités familiales et communautaires saines, beaucoup s'adonnent aux jeux d'argent, des combats de coqs aux jeux de hasard traditionnels. Nombreux sont ceux qui s'épuisent après le Têt.

La coutume de célébrer la longévité mérite également d'être abordée. Si de nombreux endroits organisent un simple goûter ou une fête familiale, d'autres localités proposent un festin somptueux, souvent onéreux. Les familles aisées se doivent d'organiser une telle célébration, tandis que les familles plus modestes doivent, elles aussi, se conformer à la tradition villageoise, transformant ainsi la célébration de la longévité en source d'inquiétude et de dépenses superflues. Il serait judicieux que les associations de personnes âgées et les autorités locales apportent leur soutien et leurs encouragements afin que la célébration de la longévité soit un moment joyeux et sain, dans le respect du principe « en fonction des ressources de chaque famille » qui a toujours été mis en avant.

Le temps est un flux incessant, et le Têt a été créé pour le marquer, pour embellir la vie, la rendre plus joyeuse. Notre nation possède un riche patrimoine culturel et de nombreuses coutumes uniques. Cependant, face à une intégration internationale toujours plus forte, la préservation des traditions authentiques, notamment celles liées au Têt et aux fêtes du printemps, est une préoccupation non seulement pour l'État, mais aussi pour toute la société, chaque communauté et chaque individu.

Selon dangcongsan.vn

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