Enlevez votre masque et vivez !

Phuoc Anh October 31, 2023 17:28

(Baonghean.vn) – La frontière entre le masque et le vrai visage, entre le déguisement et la personnalité, entre l’ego et l’ego social, entre le monde virtuel et la vie réelle est floue… Comment faire pour que le masque ne soit qu’une partie de soi, sans pour autant l’éroder et l’engloutir ? Il nous faut ôter certains masques et vivre pleinement !

Les créateurs du premier masque au monde n'auraient jamais pu imaginer que, plus de 9 000 ans plus tard, le concept de masque deviendrait multidimensionnel, non seulement un symbole représentant l'âme en lien avec le monde spirituel, mais aussi un moyen d'exprimer un choix, un mode de vie, un déguisement – ​​un déguisement de personnalité.

L'usage est devenu si courant que le mot « masque », qu'il faudrait mettre entre guillemets pour indiquer un sens figuré, n'est plus nécessaire. « Masque » n'est pas un masque, c'est un masque – voilà, pas besoin de guillemets, tout le monde le comprend. Et vous, combien de masques avez-vous portés dans votre vie ?

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Les Japonais ont une philosophie qui mérite réflexion : « Chacun a trois visages. Le premier, celui que l’on montre au monde. Le deuxième, celui que l’on arbore uniquement en présence de ses proches. Et le dernier, celui que l’on ne dévoile jamais, est le reflet le plus authentique de qui l’on est. »

Depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, non, et même bien plus loin, depuis l'apparition de l'humanité dans cet univers, les humains ont probablement arboré plusieurs visages, afin de s'assurer d'être exactement ce qu'ils souhaitaient être aux yeux d'autrui. Vous êtes A aux yeux de vos parents, A' aux yeux de vos amis, A'' aux yeux de votre conjoint, A''' aux yeux de vos collègues… Vous êtes toujours A, mais la véritable nature de A est parfois masquée, obscurcie par des virgules, tant de virgules formant un masque sophistiqué qui vous permet de modifier rapidement et avec souplesse vos paroles et vos actions pour vous adapter à votre interlocuteur. Votre essence est A, mais ce que vous montrez au monde est l'image que vous souhaitez projeter ; c'est vous, et pourtant ce que vous n'êtes pas : une enveloppe qui dissimule votre véritable nature.

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Dès la naissance, la séparation entre l'ego et l'ego social semble inscrite dans nos gènes ; nul n'y échappe, même parmi les plus honnêtes et les plus francs. Ce constat n'est un secret pour personne : les linguistes anciens ont d'ailleurs emprunté le mot « personne » au latin « persona », qui signifie masque de scène. Autrement dit, les êtres humains portent des masques, ils en portent constamment, ils sont attachés à leurs masques, ils sont même des masques. Insatisfaits d'eux-mêmes, ils savent au fond d'eux-mêmes que leur nature est encore imparfaite, loin de l'idéal qu'ils imaginent et aspirent à atteindre. C'est pourquoi ils portent naturellement des masques invisibles.

La seule différence réside dans le fait qu'une personne bienveillante ne perdra jamais son humanité profonde, quels que soient les masques qu'elle porte ; tandis qu'une personne rusée s'identifie facilement à ces masques, les laissant engloutir son être intérieur. Porter un masque trop longtemps finit par corroder la véritable nature, le faux devient réel, le réel devient faux, et les deux se confondent au point que même celui qui les porte ne peut plus distinguer son vrai moi.

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Depuis l'avènement d'Internet, et plus particulièrement des réseaux sociaux, les masques humains sont devenus de plus en plus sophistiqués et complexes. Facebook, YouTube, TikTok, Instagram… exercent une attraction considérable. Leurs algorithmes, qui stimulent les interactions, entraînent rapidement les individus dans le monde virtuel, les transformant en une version (plusieurs) d'eux-mêmes totalement différente de celle qu'ils sont dans la vie réelle. Sur Facebook, nous devenons des personnes spirituelles et intelligentes – à l'opposé de notre nature calme et taciturne dans la vie de tous les jours ; nous sommes drôles, perspicaces et prétendons connaître tous les rouages ​​de la vie – à l'opposé de notre nature plus lente et apathique ; nous avons de longues jambes, de grands yeux et une peau blanche – contrairement à notre apparence naturelle, avec nos jambes courtes, nos paupières simples et notre teint doré.

Les masques que nous portons sur les réseaux sociaux sont d'une richesse incroyable : aujourd'hui, ils peuvent être comme ci, demain comme ça. Tout le monde le sait, car ils sont aussi virtuels que nous, se contentant de regarder pour s'informer, de complimenter par amusement, mais comment y croire ? Pourtant, nous rivalisons pour être virtuels ; si nous devions les classer, il n'y aurait que des masques plus ou moins virtuels, et non les plus « virtuels ». Peu à peu, on réalise que le masque ne sert pas à se mettre en avant, à se montrer au monde entier, mais surtout à satisfaire notre besoin de paraître, à nous illusionner.

Il existe une question simple à laquelle beaucoup ne peuvent répondre : qui êtes-vous ? Se décrire est souvent difficile, car on a tellement porté un masque virtuel qu’on a oublié qui l’on était. On peut deviner qui l’on est aux yeux de ses amis, de sa famille, de ses collègues, de ses voisins… mais quand on se retourne sur soi-même, on ne sait pas, pas vraiment. La frontière est floue entre le masque et le vrai visage, entre le camouflage de la personnalité et la vraie nature, entre le moi et le moi social, entre le réseau virtuel et la vie réelle… Comment le masque peut-il être une simple partie de soi sans l’éroder et l’engloutir ? Il faut enlever certains masques et vivre !

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