Restriction des véhicules personnels : l'interdiction ne suffit pas
La limitation des transports personnels doit aller de pair avec le développement de transports publics raisonnables.
Selon le plan, d'ici le premier trimestre 2014, cinq grandes villes, dont Hanoi, Ho Chi Minh Ville, Da Nang, Can Tho et Hai Phong, travailleront avec le ministère des Transports pour examiner les projets de planification et de gestion des transports dans la région afin d'élaborer un programme d'action avec une feuille de route spécifique pour le développement raisonnable des moyens de transport dans les zones urbaines.
Cette information suscite une attention particulière depuis plus d'un mois, notamment dans les grandes villes de notre pays, surnommé « le pays des deux-roues ». De nombreux avis s'inquiètent de savoir quels moyens de transport utiliseront les gens si le nombre de véhicules personnels est limité, alors que les transports publics ne suffisent plus à répondre aux besoins de déplacement. Or, c'est un enjeu incontournable si nous voulons développer des villes modernes et civilisées.
![]() |
La limitation des véhicules personnels doit aller de pair avec le développement de transports publics raisonnables (Photo d'illustration) |
Les rues sont bondées aux heures de pointe, avec des centaines de longs embouteillages ; l'air est suffocant de poussière et de véhicules ; plus de 10 000 personnes meurent chaque année dans des accidents de la route... Une série de problèmes urgents font du trafic routier au Vietnam l'un des sujets les plus urgents.
Rien qu'à Hanoï, le taux de croissance annuel des voitures particulières augmente de plus de 17 % et celui des motos de 11 % en moyenne. À Hô-Chi-Minh-Ville, ce taux est encore plus élevé. Imaginez si la croissance des véhicules particuliers se maintient à ce rythme, à quoi ressemblera l'espace urbain dans seulement 5 à 10 ans ? À cette époque, sur les grandes artères aux heures de pointe, les véhicules devront circuler progressivement, et les bus publics auront eux aussi du mal à circuler. Cette perspective n'est certainement pas souhaitable.
Cependant, lors de l'introduction de cette politique, de nombreuses inquiétudes ont été soulevées quant aux modalités de déplacement. Cette inquiétude n'est pas infondée, car l'habitude de n'utiliser qu'un seul véhicule pour tous les déplacements est presque « profondément ancrée » chez les gens ; de plus, les transports publics actuels des grandes villes ne couvrent que moins de 10 % des besoins de déplacement.
La deuxième raison est bien plus importante. Selon les statistiques du ministère des Transports, à Hanoï et Hô-Chi-Minh-Ville, les transports publics ne couvrent actuellement que 9 à 10 % des besoins de déplacement. À Hai Phong, Da Nang et Can Tho, ce taux est compris entre 1 et 2 %. Dans ces villes, les transports publics ne couvrent que 1 à 2 % des besoins de déplacement, et il est donc très difficile de trouver des solutions alternatives pour les 98 à 99 % restants.
Cependant, cela n'est pas impossible si l'amélioration de la qualité de vie des citadins est considérée comme une priorité absolue. Rares sont les endroits où le taux de mortalité dû aux accidents de la route est aussi élevé qu'au Vietnam, avec plus de 30 morts par jour sur la route. C'est un chiffre véritablement déchirant. Outre le manque de respect du code de la route, les faiblesses de l'organisation de la circulation urbaine, notamment la forte augmentation du nombre de véhicules particuliers, sont également en cause.
Restreindre la circulation des véhicules personnels est-il si difficile ? La ville de Guangzhou (Chine) ne compte quasiment plus de motos. Pour y parvenir, cinq ans avant l'interdiction des motos, la municipalité a dû investir dans les transports publics afin que, cinq ans plus tard, ce système soit prêt à répondre aux besoins de déplacement des personnes qui utilisent encore régulièrement la moto. La municipalité a ensuite dû racheter les motos afin de réguler les déplacements vers d'autres villes. Et elle y est parvenue avec succès.
M. Tran Danh Loi, ancien directeur adjoint du département des transports de Hanoi, a affirmé que de telles solutions peuvent être complètement appliquées à Hanoi ou à Ho Chi Minh-Ville si nous avons le temps de nous préparer soigneusement, notamment en mobilisant les gens pour investir dans les transports publics.
Selon les experts, l'interdiction seule ne suffit pas. La limitation des véhicules personnels doit s'accompagner d'un développement raisonnable des transports publics et d'une réorganisation des transports urbains, notamment des transports statiques, souterrains et des réseaux routiers surélevés.
Nous avons eu l'expérience de limiter totalement la circulation des cyclomoteurs dans les grandes villes, ou d'interdire la circulation des tracteurs (véhicules agricoles) en ville, car ce type de véhicule est à l'origine de nombreux accidents. Reste à savoir si la préparation doit être minutieuse et si la solution doit être synchrone et résolue. Une fois que les transports en commun urbains seront à la fois pratiques et modernes, les gens ne voudront certainement plus que chacun prenne sa moto dans la rue, se bousculant dans la poussière et les embouteillages, jouant son sort avec les accidents de la route.
Selon VOV.online