Le bonheur simple

April 24, 2014 21:56

(Baonghean) - Mon professeur, lorsqu'il était professeur de littérature, a souvent pleuré en voyant les écrits de ses élèves. Il disait qu'il y avait des dissertations dont il se souvenait encore parfaitement. L'une de ces dissertations mémorables, disait-il, était celle d'un élève au regard profondément triste. Elle portait sur « les personnes que vous aimez le plus », lors d'une séance où il enseignait à une nouvelle classe. Cet élève parlait de son père d'une voix enjouée.

C'était un père grand, musclé, aux bras puissants, qui serrait souvent son fils contre lui et lui racontait des histoires chaque soir ; un homme qui jouait bien de la guitare, se battait bien et terrifiait l'ennemi. En conclusion de sa dissertation, l'étudiant racontait qu'il entendait sa mère le lui raconter et qu'il voyait souvent son père en rêve. À sa naissance, son père s'était déjà sacrifié sur le champ de bataille, alors qu'il ne restait que quelques heures avant le jour de la Victoire…

l Khát vọng hòa bình (Lễ hội Non sông thống nhất trên sông Bến Hải - Quảng Trị). Ảnh: trần hoài
Désir de paix (Fête du Pays Unifié sur la rivière Ben Hai - Quang Tri). Photo : Tran Hoai

L'histoire racontée par mon professeur nous hante encore, nous, les étudiants en littérature de l'époque. Notre élève de terminale a écrit cette dissertation avec une imagination débordante. Mais plus encore, son imagination était née de tant de désirs, de tant de larmes… Je n'arrête pas de l'imaginer assis devant la page, laissant son cœur s'envoler !

Née en paix, je comprends la chance que ma génération et moi avons de naître en pleurant dans l'air de la liberté, de profiter des caresses et de l'affection de nos père et mère. Je comprends qu'en ces temps difficiles de l'histoire de notre nation, chaque enfant ne peut pas goûter à ce doux bonheur. Il grandit dans un foyer sans père, un foyer constamment bombardé, un foyer où, bien des nuits, la mère reste assise en silence, contemplant son reflet solitaire sur le mur, pleurant en silence, écrivant silencieusement des lettres au champ de bataille.

Je comprends qu'il y a près de quarante ans, avant ce jour historique du 30 avril, le pays était ainsi : une famille divisée. Trop de larmes ont coulé, trop de sang a coulé, pour ce jour où le drapeau rouge à l'étoile jaune flottait sur le Palais de l'Indépendance. Cette victoire de notre armée et de notre peuple s'appelait « Retrouvailles ». « Après trente ans de séparation, nous nous sommes retrouvés, pourquoi tant de larmes de joie ? » Plusieurs décennies se sont écoulées, mais ce chant résonne encore avec force, comme si la joie de ces retrouvailles de ce jour-là persistait encore aujourd'hui. Le son de ce chant de victoire héroïque semble résonner sur chaque brin d'herbe et chaque branche d'arbre, sur chaque rayon de soleil oblique qui éclaire les toits désormais paisibles, sur chaque voix et chaque rire.

Le passé douloureux de la guerre et de la division est désormais lointain, mais pour beaucoup, la douleur demeure, la perte est toujours vive et les souvenirs hantent toujours. La victoire et la tolérance envers l'ennemi ont apaisé les blessures, mais une douloureuse leçon sur la guerre et sur le prix de la paix demeure.

L'un des élèves de mon professeur doit maintenant être père de jeunes enfants. Ses enfants racontent fièrement des histoires sur leur père, un père aux mains fortes qui leur raconte des histoires tous les soirs. Ce bonheur est simple et réel, il n'a plus besoin d'être imaginé. Quelle beauté, cette simplicité !

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