L'ouverture du pont de Crimée aura des conséquences douloureuses pour l'Ukraine et l'Occident

L'Ukraine perd le contrôle de la mer d'Azov, causant d'énormes dommages économiques

Le Kyiv Post a commenté le 15 juin que l'inauguration par la Russie du pont reliant la Crimée au Caucase du Nord était une étape importante marquant le contrôle total du Kremlin sur le détroit de Kertch et le contrôle de la mer d'Azov, voire de la mer Noire.

Fin mai 2018, la Russie a discrètement redéployé six navires militaires de la flottille caspienne vers la mer d'Azov. Il s'agit de navires militaires et de patrouilleurs côtiers conçus pour des opérations en eaux peu profondes comme la mer d'Azov.

Et en mai, la marine russe a également mené des exercices très près de la zone économique exclusive de l'Ukraine dans la mer d'Azov, bloquant même partiellement la mer pour servir les exercices", a rapporté le Kyiv Post.

La construction et l’inauguration du pont de Kertch ont aidé la Russie à accroître ses intérêts et ses avantages dans la mer d’Azov et dans la mer Noire.

Selon l'expert militaire Paul Goble de la Jamestown Foundation, les démarches de Moscou visent à avertir Kiev que si l'Ukraine tente d'utiliser la force pour libérer les territoires séparatistes, la Russie répondra depuis la mer d'Azov.

De plus, depuis que la Russie a inauguré le pont de Kertch, les pertes économiques de l’Ukraine dues à la perte du contrôle de la mer d’Azov et du détroit de Kertch après cet événement historique sont devenues de plus en plus graves.

Depuis fin mai, les navires de patrouille de la marine russe ou les navires de sécurité retardent les expéditions de marchandises internationales à destination et en provenance des ports de Marioupol et de Berdyansk, car le contrôle des équipages et des marchandises prend beaucoup de temps.

Pendant ce temps, les navires de la marine ukrainienne ne sont pas régulièrement présents dans la mer d'Azov, de sorte que les compagnies maritimes et les ports ukrainiens perdent des milliers de dollars chaque jour, selon Boris Babin, le représentant du président ukrainien en Crimée.

L'Ukraine ne dispose que d'escadrons navals de gardes-frontières patrouillant dans ses eaux territoriales, mais ils ne peuvent rien faire pour empêcher l'expansion des activités russes. Car la Russie n'enfreint pas la loi.

"La Russie n'a violé aucune loi, même si officiellement la mer d'Azov est notre mer nationale commune", a déclaré Oleh Slobodyan, porte-parole des gardes-frontières ukrainiens.

En 2003, le président ukrainien Léonid Koutchma et le président russe Vladimir Poutine ont signé un accord entre l'Ukraine et la Russie sur la coopération et l'utilisation conjointe de la mer d'Azov et du détroit de Kertch. Cet accord a été ratifié en 2004 et reste en vigueur.

« L'Ukraine et la Fédération de Russie, étant deux pays frères avec des traditions historiques, identifient la mer d'Azov et le détroit de Kertch comme une zone économiquement importante pour les deux pays », stipule l'accord.

L’accord sur la mer d’Azov entre la Russie et l’Ukraine est toujours en vigueur, mais les politiciens de Maïdan l’oublient.

L'accord sur la mer d'Azov définit également la mer comme les eaux territoriales communes de l'Ukraine et de la Russie, permettant à la Russie de transporter des marchandises et de mener des activités militaires dans n'importe quelle zone de la mer d'Azov.

Par conséquent, « la Russie a bloqué toutes les propositions de l'Ukraine, bien que nous ayons officiellement une frontière sur la mer d'Azov », a déclaré l'expert de l'organisation qui surveille les actions de la Russie et de l'Ukraine en Crimée et dans la mer Noire, Klymenko.

La mer d'Azov est la mer la moins profonde du monde. L'Ukraine exploite la partie la plus profonde de la mer d'Azov dans les ports de Berdiansk et de Marioupol, où la profondeur atteint 8 à 10 mètres, ce qui permet d'accueillir des cargos de taille moyenne.

Après que la Russie a commencé à construire le pont de Crimée en avril 2015, elle a forcé l'Ukraine à utiliser de petits cargos lors du passage du détroit de Kertch - où la mer d'Azov et la mer Noire se rencontrent - puis à transférer la charge sur des navires plus gros dans la mer Noire.

Cela a entraîné une baisse de 14 % du volume de transbordement de marchandises au port de Marioupol à Donetsk, passant de plus de 8,9 millions de tonnes de marchandises en 2015 à seulement 6,5 millions de tonnes en 2017.

La situation est encore pire au port de Berdyansk, dans l'oblast de Zaporijia, où les volumes de transbordement de marchandises ont chuté de 30 %, passant de 4,5 millions de tonnes de marchandises en 2015 à 2,4 millions de tonnes en 2017.

L'expert Klymenko a déclaré qu'en plus de la conception délibérée par la Russie du pont de Kertch avec une faible hauteur libre pour empêcher les gros navires d'entrer dans la mer d'Azov par le détroit de Kertch, le FSB a également commencé à arrêter les cargos allant et venant des ports de Marioupol et Berdyansk.

« L'opération a débuté fin avril 2018. Au début, ils affirmaient que les cargos ukrainiens en provenance et à destination des ports ukrainiens étaient interceptés pour inspection en raison d'une menace terroriste. Plus tard, ils ont affirmé qu'ils traquaient les Ukrainiens qui projetaient de faire sauter le pont de Kertch. »

M. Poutine le jour de l'inauguration du pont de Kertch - le résultat de son geste stratégique.

En conséquence, alors que les premiers trains n'étaient arrêtés que pendant deux heures au maximum, après l'ouverture du pont de Kertch, la Russie a commencé à s'arrêter et à effectuer des contrôles pendant des périodes plus longues, causant de grands dommages à l'économie ukrainienne, selon l'expert Klymenko.

L'Ukraine et l'Occident regrettent d'avoir laissé la Russie construire le pont de Kertch

Le contrôle strict exercé par la Russie sur les navires traversant le détroit de Kertch après la construction et l'inauguration du pont de Kertch peut être fermement condamné, mais c'est l'Ukraine et ses « frères éloignés » qui ont aidé la Russie à le faire et ne peuvent être condamnés.

Parce que le président Porochenko lui-même a averti les habitants de la Tarta de Crimée des dangers du pont de Kertch, cela a été perçu comme un encouragement pour ce groupe ethnique - qui n'était pas d'accord avec le retour de la Crimée à la Russie - à essayer de détruire le pont.

Pour les « frères éloignés » de l’Ukraine, la situation a été encore pire lorsque le journal américain Washington Examiner a publié un article incitant l’Ukraine à faire sauter le pont de Krech.