Conférence internationale contre l'EI : renvoyer la responsabilité de la défaite contre l'EI
Lors de la réunion, le ministre allemand des Affaires étrangères Frank Walter Steinmeier a souligné qu'une solution militaire doit être accompagnée d'une réconciliation politique en Irak.
La conférence internationale de lutte contre le groupe État islamique (EI) s'est achevée le 2 juin au soir, après une journée de réunions à Paris (France), avec l'engagement d'accroître encore le soutien à l'Irak contre l'EI. Malgré un large consensus entre les pays sur la poursuite du soutien à l'Irak, les déclarations des parties prenantes à la conférence ont révélé l'apparition de nouvelles fractures entre l'Irak et ses alliés internationaux suite aux récentes défaites consécutives contre l'EI.
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Le Premier ministre irakien al-Haydar Abadi et la coalition anti-EI lors d'une réunion à Paris, le 2 juin 2015 (photo : AP) |
Le 2 juin, la coalition anti-EI a apporté son soutien au plan irakien visant à reprendre la ville de Ramadi aux mains du groupe État islamique, ce que le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a qualifié d'« échec » de la communauté internationale. Outre leur promesse de soutien financier et en armes à l'Irak, les ministres des Affaires étrangères de 20 pays ont également affirmé que le gouvernement irakien contrôlé par les chiites devait améliorer ses relations avec la communauté sunnite afin de garantir l'efficacité de la lutte contre l'EI.
S'exprimant lors de la réunion, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank Walter Steinmeier, a souligné qu'une solution militaire devait s'accompagner d'une réconciliation politique en Irak. « Nous ne nous attendons pas à une victoire militaire facile. Nous savons aussi qu'il est difficile d'instaurer la paix. C'est pourquoi, lors de cette conférence, nous n'abordons pas seulement la nécessité de mesures militaires, mais aussi les mesures nécessaires pour stabiliser les zones non contrôlées par l'EI », a-t-il déclaré.
Cependant, des fissures ont commencé à apparaître entre l'Irak et ses alliés dans la lutte contre l'EI, le Premier ministre al-Abadi ayant rejeté le 2 juin les allégations selon lesquelles le manque d'efforts du gouvernement pour se réconcilier avec la communauté sunnite et les divisions sectaires en Irak étaient la cause des récents échecs dans la lutte contre l'EI.
M. al-Abadi a également accusé la coalition internationale de ne pas tenir ses engagements d'aider l'Irak à lutter contre l'EI. Selon le Premier ministre irakien, la communauté internationale soutient l'Irak, mais le pays a besoin de davantage de renseignements et d'armes de la part de la coalition. L'Irak reçoit actuellement un soutien inférieur à celui promis par la communauté internationale.
Le Premier ministre irakien a également affirmé que la lutte contre l'EI n'était pas la seule mission de l'Irak : « Comme vous le savez, l'EI n'est pas né en Irak, ni ne s'est développé en Irak, mais en Syrie. L'EI est soutenu par des forces extérieures à l'Irak, notamment des combattants étrangers. L'Irak peut se sacrifier pour combattre l'EI, mais la communauté internationale, y compris la coalition internationale, doit nous soutenir dans notre lutte contre l'EI. »
Toutefois, pour assurer un soutien continu dans la lutte contre l'EI et pour apaiser les inquiétudes internationales, le Premier ministre irakien a affirmé le 2 juin la poursuite des efforts pour réconcilier les factions et a annoncé son intention de reprendre Ramadi à l'EI.
Le plan prévoit notamment d'intensifier la formation et l'équipement des milices sunnites locales, ainsi que le recrutement de nouveaux membres de l'armée irakienne. Afin d'éviter les tensions entre factions sunnites et chiites en Irak, M. al-Abadi exige que les deux groupes opèrent sous la supervision du gouvernement de Bagdad.
Le sectarisme est profondément ancré en Irak depuis longtemps, entravant non seulement les progrès de la coalition dans la lutte contre l'EI, mais plongeant également ce pays du Moyen-Orient dans des années de conflit. Ce qui est inquiétant, c'est que les communautés sunnites irakiennes, bien que ne soutenant pas le groupe extrémiste État islamique, craignent également de coopérer avec les milices chiites après des années de conflit.
Signe des divisions sectaires persistantes en Irak qui pourraient compliquer la lutte contre l'EI, la région autonome kurde du nord a critiqué le 2 juin le gouvernement pour avoir « exclu » sa voix lors de la conférence de Paris.
La région autonome kurde d'Irak est également depuis longtemps un casse-tête pour le gouvernement de Bagdad. Cette force a toujours soutenu l'armée irakienne dans la lutte contre l'EI depuis que le groupe armé a étendu son contrôle, mais les dirigeants kurdes souhaitent organiser un référendum sur l'indépendance de la région, une initiative à laquelle le gouvernement irakien s'est toujours opposé.
Selon VOV.VN