James Comey et sa relation « amère » avec Donald Trump

Intitulé « Une loyauté plus élevée : vérité, mensonges et leadership », le mémoire révèle de nombreux détails « secrets » du président américain Donald Trump, reflétés dans la relation « amère » entre l’ancien directeur du FBI et le patron de la Maison Blanche.

M. James Comey lors de la présentation de ses mémoires « Une plus grande loyauté : vérité, mensonges et leadership ». Photo : Reuters

La « contre-attaque » de James Comey

Avec 600 000 exemplaires vendus depuis le 17 avril, les mémoires de James Comey, « A Greater Loyalty: Truth, Lies, and Leadership », ont dépassé les ventes de « What Happened » de l'ancienne secrétaire d'État Hillary Clinton et de « Fire and Fury: Inside the Trump White House » du journaliste Michael Wolff dès sa première semaine de sortie. Flatiron Books, l'éditeur des mémoires de Comey, a annoncé s'attendre à en vendre plus d'un million d'exemplaires.

Ces mémoires racontent la vie de M. James Comey en tant que procureur fédéral, haut fonctionnaire du ministère de la Justice américain et directeur du FBI – des postes qui lui ont donné accès à de nombreux « secrets bien gardés » de la Maison-Blanche. Tout comme « Feu et Fureur » du journaliste Michael Wolff s'est basé sur plus de 200 entretiens avec des proches du président, les mémoires de M. James Comey s'appuient également sur les conversations de M. Donald Trump avec de hauts fonctionnaires de la Maison-Blanche, qu'il a enregistrées en secret – des informations que le public a comparées à des « bombes à retardement ».

Dans le livre, l'ancien directeur du FBI a parlé franchement de beaucoup de choses, de la raison de l'écriture du livre à ses réflexions et décisions liées à l'enquête sur les courriels de Mme Hillary Clinton - la candidate à la présidentielle américaine en 2016, l'enquête sur l'accusation d'ingérence de la Russie dans les élections américaines, la relation entre M. Comey et le président et les développements qui ont conduit à son limogeage soudain le 9 mai 2017.

L'une des pages les plus marquantes concerne les deux dîners privés entre James Comey et le président, au cours desquels Donald Trump a rappelé à James Comey à plusieurs reprises la notion de « loyauté ». Au nom de cette « loyauté », le président Donald Trump a demandé à James Comey de mettre fin à l'enquête sur l'ingérence russe dans les élections, sur les liens entre des personnalités de sa campagne et la Russie, et a même « menacé » James Comey en affirmant que « vingt autres personnes convoitaient son siège au FBI ». À travers les 300 pages de son livre, Comey compare le président des États-Unis à un « chef de gang » qui fait constamment pression sur les autres pour qu'ils soient loyaux, au mépris de la loi, de l'éthique et de la vérité. Écrit après le limogeage de James Comey en mai 2017, ce livre est considéré par l'opinion publique comme une « contre-attaque » contre Trump après ce qu'il a reçu du patron de la Maison Blanche.

La bataille entre James Comey et Donald Trump n'a pas encore déterminé de vainqueur. Photo : CNN

Le prix de la franchise

Les mémoires de James Comey ont suscité une vive colère chez le président Donald Trump, qui l'a critiqué avec des termes très virulents, tels que « menteur » et « pire directeur du FBI de l'histoire ». Cependant, l'attitude de Donald Trump n'a guère surpris le public, compte tenu des relations difficiles entre Trump et James Comey durant le mandat de ce dernier, hormis la brève période de « lune de miel » qui a suivi son élection.

En octobre 2016, à dix jours de l'élection présidentielle américaine, M. James Comey a écrit une lettre au Congrès pour informer que le FBI avait rouvert une enquête sur l'utilisation par Hillary Clinton de ses courriels personnels pour gérer son travail alors qu'elle était secrétaire d'État. La lettre de Comey a été considérée comme le « cadeau surprise d'octobre » que M. Donald Trump avait promis à Mme Hillary Clinton. Expliquant sa décision à l'époque, M. James Comey a déclaré qu'il avait dû choisir entre la « très mauvaise » option de dire la vérité et l'option « désastreuse » de la cacher. Finalement, il a choisi la vérité en toute franchise – une décision simple qui a contribué à la victoire de Donald Trump et lui a également permis de devenir l'une des rares personnalités de haut rang nommées par l'ancien président Barack Obama à rester dans l'appareil de M. Trump.

Cependant, c'est sa franchise qui l'a contraint à quitter son poste de directeur du FBI alors qu'il était encore à plus de la moitié de son mandat. Donald Trump lui a demandé sa loyauté, mais il a répondu par le silence. Puis, deux mois seulement après son investiture officielle, James Comey a admis sans détour que le FBI enquêtait sur des soupçons d'ingérence russe dans l'élection américaine et a refusé de soutenir les affirmations du président Trump selon lesquelles il avait été mis sur écoute par l'ancien président Obama. Les conséquences ont été immédiates : il a été limogé par le président Trump pour « mauvaise gestion de l'enquête sur la série de courriels d'Hillary Clinton ».

Et le plus amer pour M. James Comey est probablement la façon dont il a reçu l'information de ce licenciement : « J'étais au siège du FBI à Los Angeles. Il y avait une télévision accrochée au mur et j'étais au milieu de la pièce en train de remercier les gens pour leur contribution au FBI. Puis j'ai vu les mots « Comey démissionne » à la télévision. J'ai cru que quelqu'un plaisantait, et je dois admettre que si quelqu'un plaisantait, il avait fait beaucoup d'efforts… Et les mots « démissionné » ont ensuite été remplacés par « licencié ».

De nombreuses personnes soutiennent encore le président Donald Trump et s'opposent aux mémoires de James Comey. Photo : Reuters

Vérité et loyauté

En tant que septième directeur du FBI, la manière dont le président Donald Trump a démis M. James Comey de cette puissante agence n'était peut-être pas celle à laquelle il s'attendait. Lors de sa nomination à la tête du FBI en 2013, l'ancien président Barack Obama l'avait salué comme une personne « extrêmement indépendante et intègre, ne s'intéressant pas à la politique, accomplissant simplement son travail avec brio ». Bien que le président Donald Trump ait récemment réaffirmé avoir limogé M. James Comey car ses compétences ne répondaient pas aux exigences, beaucoup comprennent peut-être que la raison sous-jacente était le refus de James Comey de lui être fidèle.

À travers les récits de « Une plus grande loyauté : vérité, mensonges et leadership », James Comey souhaite peut-être démontrer la valeur de la vérité sur la loyauté, en particulier celle qu'il considère comme « au-dessus des lois et de la morale ». Cependant, le vainqueur de la bataille de la « vérité » reste incertain, le camp de Donald Trump ayant immédiatement « contre-attaqué » en affirmant que Comey était celui qui avait inventé des mensonges. Selon un sondage du Washington Post, 32 % des personnes interrogées ont déclaré que Trump était digne de confiance, contre 48 % pour Comey – une différence minime. Que l'on ait raison ou tort, l'histoire de James Comey a une fois de plus bouleversé la politique américaine, qui n'a pas connu de paix depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump.