Le plan secret en trois étapes des États-Unis et de l'Ukraine pour reprendre le Donbass

Les États-Unis et l'Ukraine présentent un plan en trois étapes pour reconquérir le Donbass

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Pavel Klimkin, a déclaré le 22 septembre sur la station de radio « Novoye Vremya » que le projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur la résolution de la question du Donbass était achevé depuis longtemps.

Selon le diplomate, le document élaboré par les pays occidentaux en collaboration avec l'Ukraine comprend trois sections.

La première section parle de l’importance de la présence des forces internationales de maintien de la paix dans le Donbass.

Le ministre ukrainien a souligné que le nombre de troupes n'est pas le facteur le plus important, mais que le plus important est que l'opération doit être cohérente avec le concept de « contrôle du conflit », c'est-à-dire que les soldats de la paix doivent être présents dans la zone de conflit et « ne peuvent pas rester les bras croisés à la frontière entre les deux fronts ».

Le deuxième point du « plan secret » est le déploiement de forces de police dans la zone de conflit du Donbass.

Selon le ministre Pavel Klimkine, il est nécessaire d'assurer le « désarmement réel » des groupes armés illégaux dans la zone de conflit et le déploiement des forces chargées de la sécurité. Par conséquent, le deuxième point portera sur le déploiement des forces de police dans le Donbass.

Le troisième point du « plan secret » est la création d’une administration internationale dans le Donbass.

Selon Klimkin, après le rétablissement de la paix et de l'ordre dans l'est de l'Ukraine, les Nations Unies établiront un conseil de gestion administrative international dans le Donbass pour remplacer la structure de pouvoir actuelle établie dans cette zone de conflit.

En substance, le plan des États-Unis et de l’Ukraine est d’utiliser les forces de maintien de la paix de l’ONU pour reprendre le contrôle des deux provinces séparatistes du Donbass, la République populaire autoproclamée de Donetsk (RPD) et la République populaire autoproclamée de Lougansk (RPL), dans l’est de l’Ukraine.

L’Ukraine n’a jamais renoncé à son intention de reconquérir le Donbass.

Bien que le ministre ukrainien des Affaires étrangères ait qualifié les deux derniers points du « plan secret » de « très grandes questions de principe », selon les analystes, le premier point est le facteur décisif dans le succès ou l'échec du plan.

Les trois points les plus importants de ce plan sont également synonymes de trois étapes successives pour reconquérir ce territoire séparatiste. Si la première étape est mise en œuvre avec succès, la deuxième pourra l'être, puis la troisième, pour reconquérir le Donbass, pourra être achevée.

La condition préalable est que les États-Unis et l’Ukraine déploient des forces de maintien de la paix dans la région du Donbass afin de pouvoir espérer désarmer les milices de Donetsk et de Lougansk ; ils pourront ensuite établir une force de police pour maintenir la sécurité et l’ordre.

Si les deux premières étapes sont franchies, la mise en place d’une structure de gestion administrative internationale est très facile.

Les experts affirment que même si le plan des États-Unis et de l'Ukraine semble « parfait » à première vue, sa mise en œuvre est presque « sans espoir », car non seulement la RPD et la RPL ne l'accepteront pas, mais le plus grand obstacle qu'elles ne surmonteront jamais est la Russie.

La Russie bloque le plan américano-ukrainien dès la première étape

Auparavant, le président russe Vladimir Poutine avait déclaré qu'il soutenait également l'idée d'envoyer une mission de maintien de la paix en Ukraine, mais Moscou avait également ses propres principes pour ce déploiement.

Les États-Unis et l’Ukraine estiment que la portée de la mission de maintien de la paix de l’ONU et son mandat devraient être élargis, permettant de mener « toutes les actions » dans toutes les zones de l’Ukraine jusqu’à la frontière russe.

Les États-Unis et l’Ukraine souhaitent que les Casques bleus de l’ONU soient déployés dans la région du Donbass, avec pour fonction principale de « surveiller l’ensemble de la situation dans l’est de l’Ukraine, en garantissant la paix et la sécurité sur tout le territoire « occupé », jusqu’à la frontière avec la Russie ».

Avec la fonction ci-dessus, cette force remplacera ou aura au moins la même autorité que l'OSCE dans la surveillance du cessez-le-feu, et aura même le droit de lancer des actions militaires si la situation dans le Donbass ne « se déroule pas selon la feuille de route de l'ONU ».

Reprendre le Donbass par la force militaire est impossible

Ainsi, en substance, la force de l'ONU aura pour tâche de prévenir toute action, puis de désarmer les milices de la République populaire autoproclamée de Donetsk (RPD) et de la République populaire de Lougansk (RPL) dans le Donbass, tout en désarmant naturellement l'armée ukrainienne.

Les États-Unis et l’Ukraine veulent que les Casques bleus « prennent le contrôle du conflit », c’est-à-dire qu’ils saisissent cette opportunité pour intervenir directement dans l’est de l’Ukraine, modifier le mécanisme et les institutions de surveillance du conflit stipulés dans les accords de Minsk 2, et changer l’approche en leur faveur.

Cependant, la Russie a nié ces informations et déclaré que Kiev semble avoir l'intention d'attribuer aux « casques bleus » de l'ONU un rôle complètement différent, celui d'une « force d'occupation » pour « restaurer l'ordre occidental » dans le sud-est de l'Ukraine, en y établissant un protectorat international.

Selon la Russie, la mission de l'ONU devrait uniquement viser à assurer la sécurité de la mission de surveillance du cessez-le-feu en Ukraine (SMM) de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui effectue des tâches de surveillance dans la zone de guerre.

La Russie et le Donbass exigent que les membres de la force de l’ONU « soient stationnés sur la ligne de démarcation entre les deux fronts » et ne se tiennent d’aucun côté.

La Russie a ainsi limité la force de maintien de la paix à une fonction purement sécuritaire, mais la force elle-même n’a pas pour fonction de surveiller le cessez-le-feu et n’est pas autorisée à intervenir dans le conflit en Ukraine.

La proposition de M. Poutine ne change pas fondamentalement la nature de l'approche d'une solution pour ramener la paix dans le Donbass dans l'esprit de l'accord de Minsk 2, qui est de maintenir le rôle de l'OSCE dans la surveillance du cessez-le-feu des deux côtés, empêchant les États-Unis d'intervenir dans l'est de l'Ukraine.

La Russie et les séparatistes ne permettront jamais à une mission de surveillance dominée par les États-Unis d’intervenir en profondeur dans les affaires du Donbass, alors que les forces ukrainiennes sont pleinement habilitées à mener à bien leur complot visant à éliminer les autorités pro-russes de la RPD et de la RPL.

Au contraire, Washington et Kiev veulent profiter de l’ONU pour envoyer des troupes dans le Donbass afin de contrôler les forces séparatistes ; en même temps, ils ne permettent pas non plus à Moscou de rejoindre la délégation de l’ONU pour empêcher leurs aventures militaires.

De toute évidence, compte tenu des contradictions fondamentales dans les points de vue des parties sur la guerre civile dans l’est de l’Ukraine, le point 1 et également la première étape du plan visant à emprunter la main de l’ONU pour reprendre le Donbass ne seront pas possibles, et encore moins la mise en œuvre des points 2 et 3.

Le plan ukrainien ne serait réalisable que si la Russie et les séparatistes du Donbass étaient en position de faiblesse et contraints d'accepter les exigences de leurs adversaires. Or, la réalité de la guerre dans l'est de l'Ukraine ne l'a jamais démontré.