Khanh Ly : « Je n'ai jamais pleuré devant Trinh Cong Son. »

October 11, 2016 09:47

Le regretté musicien avait écrit la chanson « Rơi Lệ Lu nguoi » pour la célèbre chanteuse, mais dans la réalité, tous deux ont caché leurs larmes lors de leurs rencontres.

Début décembre, Khanh Ly donnera un concert au théâtre Hoa Binh à Hô Chi Minh-Ville. Ce sera la première fois en 41 ans que la célèbre chanteuse retrouvera le public saïgonnais pour un concert privé. Elle a évoqué ses souvenirs de cette ville.

Auparavant, Khanh Ly chantait pieds nus à Saigon, accompagnée à la guitare par Trinh Cong Son. Qui jouera de la guitare à ses côtés lors du concert prévu en décembre ?

N'importe qui peut jouer de la guitare, car sans M. Son, nous sommes tous égaux. Je ne peux rien exiger, si ce n'est accepter le fait que M. Son n'est plus là. Pour moi, il est toujours présent, quelque part, partout à Saigon. Ici, partout, j'ai le sentiment que ses pas ont résonné, que son souffle est encore le souffle de Saigon. Autrefois, j'ai vécu et chanté à Saigon, poursuivant moi aussi le rêve de M. Son, mais à cette époque, je ne connaissais pas ce rêve. M. Son a toujours voulu vivre éternellement en ce lieu.

Khánh Ly chia sẻ bà luôn cảm nhận cố nhạc sĩ Trịnh Công Sơn

Khanh Ly lui a montré une photo du regretté musicien Trinh Cong Son, figure emblématique de Saigon. Photo : Gia Tien.

- Chaque fois que vous revenez à Saigon, en dehors du travail, où allez-vous ?

Je pensais retourner sur l'ancienne route, à l'ancien endroit, mais je n'y suis pas retourné. Car je savais que tout avait changé. En plus de quarante ans, j'avais moi-même changé, sans parler de l'herbe, des arbres, du bois et des pierres… Les personnes que je voulais retrouver n'étaient plus là, alors je n'ai pas cherché. À mon retour à Saïgon, je ne me souvenais que de M. Trinh Cong Son. Mais plus que cela, il y avait aussi le cœur des habitants de Saïgon, un cœur précieux à mes yeux. Pour moi, c'était suffisant.

— Pourquoi, pour vous, Saigon n'a que Trinh Cong Son, alors qu'ici vous êtes encore célèbre grâce aux œuvres d'autres musiciens ?

Bien sûr, je suis aussi connu pour la musique d'autres compositeurs, mais il y a des choses dans la vie qu'on ne peut comparer. C'est comme l'amour. L'amour n'est pas une page de livre qu'on peut tourner pour en découvrir une nouvelle.

— Vous avez dit une fois que vous n'aimiez pas M. Son pendant votre séjour à Da Lat, alors qu'en est-il de la période où vous étiez à Saigon ?

Monsieur Son, qu'il soit à Da Lat, à Hanoï ou à Saigon, reste Monsieur Trinh Cong Son. Qu'il soit vivant ou décédé, il demeure Monsieur Son. Mon amour pour lui est intact, qu'il soit ici ou non. C'est un amour unique.

— Mais vous avez confié un jour que c'est à Da Lat que vous et Trinh Cong Son avez entretenu votre passion pour la poésie et la musique, et qu'à Saigon vous êtes devenus un couple de musiciens, mangeant et chantant ensemble… Comment comprendre alors l'évolution de votre relation ?

Rien n'a changé, cette relation a été marquée dès le début. Si je crois que c'est le destin, alors dès notre rencontre, elle a marqué ma vie. Cette relation reste la même, peu importe où se trouve Monsieur Son, même s'il a cinq ou sept épouses, il reste mon Monsieur Son.

Khánh Ly và Trịnh Công Sơn ở Quán Văn.

Khanh Ly et Trinh Cong Son à Quan Van.

- En 1967, à votre retour à Saigon depuis Da Lat, comment avez-vous revu Trinh Cong Son ?

Nous nous sommes rencontrés par hasard dans la rue, même si ce n'était peut-être pas une coïncidence. Nous nous sommes revus pour la première fois rue Le Thanh Ton. Nous étions tous deux très heureux. Monsieur Son m'a immédiatement invitée à chanter. À Saïgon, le premier soir où j'ai chanté avec lui devant des milliers de personnes à Quan Van, c'était un véritable triomphe.

— Vous êtes-vous déjà confié, Trinh Cong Son et vous, au sujet des sentiments que l'un de vous éprouvait pour l'autre ?

Jamais. Nous n'en avons jamais parlé, ni de près ni de loin. Notre relation peut être interprétée comme on le souhaite. Car s'il n'y avait rien, pourquoi poser la question ? S'il y avait quelque chose, cela se serait vu d'emblée. L'amour est étrange, l'amour est l'amour dès le premier instant.

- Depuis que vous connaissez le musicien Trinh Cong Son, avez-vous déjà versé des larmes à cause de lui ?

— (Long silence) Non. Il y a des choses que je garde enfouies dans mon cœur, des larmes que je retiens, mais l'important, c'est que je me souvienne, où que je sois. Je n'ai pas besoin d'attendre l'anniversaire de la mort de mon grand-père pour me souvenir. Si je me souviens, je peux me souvenir du matin, du midi, de l'après-midi et du soir. C'est ainsi que je vis. Je ne le montre pas. Ce que je garde dans mon cœur, c'est mon amour. Aimer, c'est le cacher pour que mes paroles ne blessent personne. Ce que je garde enfoui dans mon cœur, ce sont les choses que je chéris le plus. Il y a des joies que je ne peux savourer que seule. Souvent, le soir, assise seule, à me remémorer de vieux souvenirs, je ris soudainement. Car ma joie n'est pas forcément celle des autres, et il en va de même pour ma tristesse. Maintenant, quand mon fils ou mon mari me manquent, je le garde souvent pour moi.

— Vous n'avez jamais pleuré à cause de M. Son, alors avez-vous déjà pleuré devant M. Son pour une raison quelconque ?

Non. Jamais. Même quand la vie a pris un tournant dramatique, je n'ai jamais pleuré devant mon fils. Je n'ai jamais pleuré pour ma mère ni pour mon mari. Même dans les situations les plus difficiles et les plus douloureuses, même si la mort me guettait, je n'aurais pas versé une larme. Pleurer ne sert à rien. Tout repose sur moi, personne ne peut le faire à ma place.

- Est-ce parce que tu peux exprimer tes sentiments en chanson que tu n'as plus besoin de pleurer ?

Écoutez-moi chanter et vous comprendrez. Je ne peux pas dire ça. Quand on m'entend chanter, on pleure. Ceux qui comprennent, comprennent. Je ne peux pas me plaindre, comprenez-moi, s'il vous plaît.

Khánh Ly hát tại TP HCM trong đêm nhạc thiện nguyện Vòng tay nhân ái quy tụ nhiều ca sĩ

Khanh Ly chante à Hô Chi Minh-Ville lors du concert caritatif « Cercle de compassion » qui a réuni de nombreux chanteurs en septembre. Photo : Gia Tien.

- Combien de chansons Trinh Cong Son a-t-il écrites pour elle ?

Il n'y a qu'une seule chanson que je sais qu'il a écrite pour moi, « Roi Te Lu Nguoi ». Il me l'a dit. Personnellement, je pense que toutes ses compositions étaient destinées à moi. De la même manière, quand on écoute sa musique, on peut aussi avoir l'impression qu'elle a été écrite pour soi, car on s'y reconnaît.

— Si vous aimiez tant M. Trinh Cong Son, pourquoi n'êtes-vous pas venu à ses funérailles il y a 15 ans ?

J'avais acheté un billet d'avion pour les funérailles de M. Son, mais je ne suis pas rentré car je ne voulais pas perturber la cérémonie. Malgré tout le respect que l'on porte à M. Son, on cherche toujours à savoir qui est Khanh Ly. Cela crée une certaine confusion. Toute la gloire lui revient. Je ne suis qu'une ombre à côté de lui.

Depuis mon départ du Vietnam jusqu'au décès du musicien Trinh Cong Son, nous nous sommes rencontrés quatre fois. La première fois, c'était en 1988 à Paris. La deuxième fois, en 1992, au Canada, où M. Son s'était rendu pour se faire soigner après le décès de sa mère. En 1997, je suis retourné le voir à Saïgon. En 2000, quelques mois avant sa mort, je lui ai rendu visite. Ce jour-là, j'étais retourné à Saïgon pour voir M. Son car il ne me restait presque plus de famille là-bas.

Selon VNE

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