Quand le « capitaine » du Brexit est à court d’idées
(Baonghean) - Boris Johnson n'est Premier ministre britannique que depuis 7 semaines, mais il semble que le réservoir d'idées de ce politicien sur le Brexit soit déjà épuisé.
Après que les législateurs ont rejeté la deuxième tentative du patron de Downing Street de convoquer des élections anticipées pour résoudre l'impasse du Brexit, Johnson se dirige désormais vers un sommet crucial de l'UE le mois prochain, quelques jours seulement avant la fin prévue du Brexit.
Échec après échec
Dans la nuit du 9 septembre, M. Johnson a décidé de suspendre les activités du Parlement. Cette décision fait suite à une soirée désagréable, au cours de laquelle son gouvernement a perdu deux voix au Parlement, contribuant ainsi aux quatre sièges perdus la semaine dernière.
Parallèlement au rejet de la proposition du Premier ministre d'organiser des élections générales anticipées, le Parlement britannique a également forcé plus tôt cette semaine les principaux collaborateurs de Johnson à divulguer des communications privées sur toutes les questions liées à la suspension du Parlement.
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Boris Johnson risque de devenir le Premier ministre britannique au mandat le plus court. Photo : AFP |
Selon certains analystes, cela n'affecte pas beaucoup la scène politique du pays, mais cela marque une nouvelle défaite humiliante pour un tout nouveau dirigeant.
La semaine dernière, les législateurs ont pris le contrôle du processus parlementaire du gouvernement de M. Johnson, puis ont adopté un projet de loi qui obligerait le Premier ministre à demander à l’Union européenne (UE) une prolongation du Brexit.
Cela exclurait en théorie la possibilité d'un Brexit « dur », c'est-à-dire sans accord, le 31 octobre. Enfin, parmi les options avancées au Parlement, où M. Johnson a perdu sa majorité, il a une fois de plus tenté, sans succès, de convoquer des élections anticipées.
Selon CNN, la suspension du Parlement par le Premier ministre britannique intervient à un moment crucial du processus du Brexit et a créé ce que l'on a appelé des journées « folles » en moins d'un mois.
Le Parlement reprendra ses travaux le 14 octobre, après la conférence annuelle des principaux partis. Trois jours plus tard, les 27 autres membres de l'UE se réuniront pour un sommet à Bruxelles, en Belgique.
C'est à ce stade que toute prolongation ou modification de l'accord sur le Brexit, le cas échéant, interviendra. Si Johnson accepte de lui proposer un nouvel accord – ce qui, selon lui, est le principal objectif de son gouvernement –, il n'aura que deux semaines pour le faire adopter par le Parlement.
Cette option ne semble pas très prometteuse, car les termes proposés par M. Johnson pour le nouvel accord brisent la « ligne rouge » sur le Brexit que l’UE a tracée.
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Le Royaume-Uni doit quitter l'UE le 31 octobre, qu'il parvienne ou non à un accord de divorce avec Bruxelles. Photo : AFP |
Le point de vue de l'UE selon lequel la Grande-Bretagne n'a pas encore proposé d'alternatives viables à l'accord sur le Brexit a été une fois de plus souligné par le dirigeant irlandais Leo Varadkar, qui a déclaré aux journalistes aux côtés de M. Johnson le 9 septembre à Dublin :
Nous sommes ouverts aux alternatives. Mais elles doivent être concrètes, juridiquement contraignantes et réalisables. À ce jour, nous n'avons reçu aucune proposition de ce type.
Quel scénario pour Johnson ?
Il existe trois scénarios possibles dans le contexte actuel, mais il convient de noter que chaque scénario conduirait au chaos et à la confusion dans la capitale de Londres, le pays du brouillard.
Premièrement, le Premier ministre Johnson pourrait suivre la loi votée par le Parlement la semaine dernière et demander un report du Brexit. L'UE pourrait accéder à cette demande, évitant ainsi un scénario de « no deal » pour le moment. Ensuite, lorsque chacun aura « respiré », la situation se compliquera.
L'UE, et la France en particulier, ont clairement indiqué qu'une troisième prolongation ne serait accordée que s'il y avait des changements fondamentaux dans le calcul politique du Royaume-Uni.
En pratique, un changement radical impliquerait la tenue d’élections, ce à quoi l’opposition serait moins susceptible de s’opposer à ce stade, lorsqu’un Brexit dur est temporairement hors de question.
Mais cela signifie également qu’une prolongation ne sera approuvée qu’à la condition qu’une élection ait lieu.
La deuxième option verrait l'UE rejeter la demande de prolongation de Johnson. Ce dernier retournerait à Londres face à un choix : relancer l'accord de Brexit de l'ancienne Première ministre Theresa May, trois fois rejeté, ou accepter un Brexit sans accord par défaut.
Cela conduirait à deux semaines de chaos, alors que l'opposition chercherait à forcer des élections générales en appelant à un vote de défiance envers le gouvernement de M. Johnson.
La troisième option est similaire à la deuxième, mais avec une complexité juridique légèrement supérieure. Si Johnson refuse de prolonger son mandat, il ignorerait une obligation légale. Il pourrait alors être mis en accusation ou, pire, emprisonné.
CNN a commenté qu'il ne fait aucun doute que ce niveau de chaos « conçu », qui diminuera progressivement à mesure que la date limite du Brexit du 31 octobre approche, est une décision délibérée du gouvernement britannique.
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Les dirigeants européens ont accusé le gouvernement Johnson de ne pas avoir proposé de solutions alternatives concrètes au Brexit. Photo : AFP |
Les proches conseillers de M. Johnson n’ont jamais caché leur conviction que le Parlement britannique ignorait activement la volonté du peuple sur le Brexit et ne s’intéressait qu’à s’engager dans des débats avec le public.
Johnson souhaite des élections anticipées car il est convaincu que son plan de Brexit, qui est une décision à prendre à tout prix, lui assurera une majorité au Parlement. C'est pourquoi il s'efforce de faire voter le projet de loi au Parlement dans la nuit du 9 septembre.
Maintenant que sa demande a été rejetée, Johnson n'a plus guère d'autre choix. Pris dans un piège juridique et constitutionnel, le Premier ministre britannique a suspendu le Parlement et retiré son soutien à ses opposants, les privant ainsi de leur dernier pouvoir : le temps parlementaire.
C'était une décision risquée, mais les temps difficiles exigent des mesures extrêmes. Et si le dernier recours de Johnson échoue, il ne lui restera peut-être plus qu'une solution : rappeler le Parlement et demander un vote de confiance en sa personne.