Souvenirs d'avril
(Baonghean) - Bien que 40 ans se soient écoulés, les souvenirs de cette époque de guerre et de balles sont encore intacts dans la mémoire du vétéran Le Huu Tien, du village de Yen Do, commune de Hung My (Hung Nguyen). Surtout, la joie qui lui a fait pleurer au moment de la libération totale du Sud…
Lorsque le commissaire politique accourut et cria : « Libération, camarades ! L'ennemi s'est rendu ! Le pays est unifié ! », l'unité de mortiers de 120 mm se déployait pour attaquer le bastion ennemi dans les rizières fraîchement moissonnées, à la porte ouest de Saïgon. Bien que leurs vêtements fussent couverts de boue, par réflexe naturel, toute l'unité se serra dans les bras et éclata de joie en ce moment sacré pour la nation… »
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Le vétéran Le Huu Tien (debout au milieu) alors qu'il était encore dans l'armée. (Photo fournie par le personnage) |
Né et élevé en pleine guerre, après avoir terminé ses études secondaires, en 1972, à l'âge de 19 ans, le jeune homme Le Huu Tien abandonna tous ses rêves et ambitions de jeunesse et décida de s'engager dans l'armée pour combattre l'ennemi. Malheureusement, sa famille était alors trop pauvre : il n'y avait ni nourriture ni vêtements pour le tenir chaud. Il n'était donc ni assez grand ni assez lourd pour s'engager. Le Huu Tien dut trouver le moyen de convaincre ses camarades de le recruter. Devant la détermination du jeune homme, les recruteurs de cette année-là furent contraints de l'accepter.
Après 13 mois d'entraînement, le 20 février 1974, lui et ses coéquipiers reçurent l'ordre de se rendre sur le champ de bataille B. Outre les uniformes et l'équipement militaires, il apportait avec lui la détermination de rejoindre l'armée et le peuple de tout le pays pour vaincre l'ennemi, ainsi qu'un journal intime. Il affirmait devoir consigner tous ses souvenirs afin de pouvoir, s'il ne pouvait revenir, les transmettre à ses parents et à ses frères et sœurs, illustrant la plus belle période de sa jeunesse.
Français Entré sur le champ de bataille avec de nombreuses batailles féroces, comme la campagne de Bau Bang - Ben Cat, qui fut la première bataille à laquelle il participa, ou la campagne de Binh Long - Phuoc Long (novembre 1974) pour ouvrir la porte des Hauts Plateaux du Centre par la Route 14 pour libérer Saïgon... Mais le plus mémorable fut lorsque nous avons lancé l'historique campagne de Hô Chi Minh, tout le front a uni les quatre ailes pour attaquer en même temps, à cette époque M. Tien était le capitaine de la batterie de mortiers de 120 mm du régiment 262, division 320. En raison de certains facteurs objectifs, la coordination des opérations a été imprécise, l'unité du Sud-Ouest (320 B) est entrée en premier dans la ville de Khiem Cuong, Long An. Après avoir occupé le champ de bataille (à environ 4 km de la base ennemie), l'infanterie de pointe lui a ordonné de battre en retraite.
Cette nuit-là, toute l'unité démonta d'urgence l'artillerie, la répartit en deux personnes portant une pièce (habituellement, quatre personnes la portaient encore lourdement) et, à l'aube, arriva au point de rassemblement (à environ 1 km de l'ancien emplacement). La nuit suivante, l'unité poursuivit sa marche vers la position où elle venait de se replier et, à l'aube, elle avait terminé son installation dans les rizières du village de Giong Trom (commune de Khiem Cuong). Le 30 avril 1975, lorsqu'ils reçurent l'ordre de faire exploser le premier obus d'artillerie lors de la bataille finale, des informations circulèrent selon lesquelles ils n'étaient pas autorisés à tirer sur la zone des réservoirs d'eau, car des commandos saigonnais s'y cachaient et coordonnaient avec le poste d'observation la direction des tirs d'artillerie pour l'unité.
Après trois heures de tirs d'artillerie intenses sur la base ennemie, le capitaine Nguyen Van Thuan (de Kien Thuy, Kien An, Hai Phong) entendit à la radio (un butin de guerre récupéré lors de la campagne de Nguyen Hue) sortir en courant et crier : « Camarades, c'est la libération ! L'ennemi s'est rendu ! Le pays est unifié ! » À ce moment-là, tout le monde, couvert de boue et imprégné de l'odeur de la poudre, sautait au milieu du terrain, s'embrassait et poussait des acclamations. Car après tant d'épreuves et de sacrifices, nous avions enfin gagné, le pays était réunifié.
À ce moment-là, la voix du vieux soldat s'étrangla et ses yeux se remplirent de larmes. Je savais que ces larmes étaient des larmes de joie pour la paix du pays et de tristesse pour ses camarades tombés pour l'indépendance et l'unification nationales…
Paysages du Sud