Village des forgerons de Nho Lam
(Baonghean) - Visite à M. Vo Van Trinh, qui vécut une « longue vie » dans l'ancien village de Nho Lam, considéré comme le berceau de la forge au Vietnam, afin de mieux comprendre ce métier ancestral, associé au pays depuis ses origines jusqu'aux périodes les plus tumultueuses. À 94 ans, son regard est toujours aussi souple, perçant et possède la même force que le métier de forgeron dont il était autrefois le marteleur le plus célèbre de la région…
Le village de Nho Lam (commune de Dien Tho, district de Dien Chau) est situé sur les rives paisibles de la rivière Sat. Ce lieu riche d'une longue histoire de fonderie et de moulage du fer est reconnu comme le berceau de la forge. Bien qu'aucune recherche scientifique n'ait été menée, la présence d'un ancien vestige historique, le temple du général Cao Lo, inventeur de l'arbalète divine sous le règne de Thuc Phan An Duong Vuong, ainsi que des sites tels que la rivière Sat, l'îlot Lo et des vestiges de murs couverts de mousse construits avec des scories de fer, prouvent que cette région est l'un des berceaux de la forge.
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M. Vo Van Trinh, propriétaire de l'ancienne forge de Chau Trinh, explique la technique du martelage sur l'enclume. |
De nos jours, grâce aux progrès de la science et de la technologie, la fabrication d'outils en fer, destinés à la production ou à l'usage quotidien, est devenue extrêmement simple, avec seulement quelques coups de machine. Ainsi, le village artisanal de Nho Lam a progressivement disparu, et seuls quelques rares habitants peuvent désormais exercer ce métier ancestral. M. Vo Van Trinh est l'un d'eux. Malgré ses 94 ans, lorsqu'il évoque le métier de forgeron, il semble éprouver dans ses yeux un enthousiasme persistant, mais aussi une pointe de regret. Il explique que sa famille pratique le métier de forgeron depuis quatre générations. Dès le berceau, au lieu des berceuses de sa grand-mère et de sa mère, on entendait des cliquetis réguliers. Jour après jour, mois après mois, ces sons rauques ont nourri l'âme des enfants du village de Nho Lam. Et, comme par magie, ces enfants ont grandi et ont continué, avec les fourneaux, les barres de fer et les marteaux chauffés à blanc, à créer des sons si familiers aux habitants de Nho Lam.
De nombreux produits furent fabriqués, mais il se souvenait surtout de la période où il forgeait des armes pour la prise du pouvoir en août 1945. À cette époque, la vie des gens était extrêmement misérable, et les familles de forgerons du village de Nho Lam ne faisaient pas exception. Dans une famille, le plus fort tirait une brouette jusqu'à Nghi Thiet, transportant du minerai de fer comme matière première ; le plus faible allumait le fourneau et attisait le feu pour forger. Les autres se relayaient au marteau, travaillant dur jour et nuit à la forge, juste de quoi gagner un simple repas. Puis le mouvement révolutionnaire éclata, et le forgeron devint lui aussi un « soldat » à sa manière. M. Trinh, ancien forgeron familier des outils agricoles et des ustensiles du quotidien, devint forgeron de marteaux, forgeant des épées, des lances, etc., au service de la révolution. Avec son savoir-faire réputé dans toute la région et le secret du tir transmis de génération en génération, les armes tranchantes qu'il a fabriquées ont suivi notre armée et notre peuple à chaque étape de la lutte, contribuant au succès de la grande révolution de la nation entière.
M. Trinh a raconté le processus ardu de forgeage d'une épée entièrement à la main à cette époque. À cette époque, le fer à forger n'était pas du fer prédécoupé en barres, mais du fer massif forgé en famille. Le maître artisan chauffait le fer au four jusqu'à ce qu'il soit rouge vif, puis utilisait des pinces artisanales pour le saisir et le placer sur l'enclume. Cette opération exigeait rapidité et précision, car un chauffage trop long risquait de rendre le fer moins dur et un retrait prématuré le fragilisait. Le maître artisan tenait alors fermement l'épée d'une main et la tirait avec un « clac » de marteau semi-automatique. Cinq à sept assistants frappaient au même endroit chaque fois que le marteau du maître frappait. Le processus se poursuivait jusqu'à ce que la barre de fer refroidisse, puis était répété depuis le début. Après avoir forgé la partie brute, venait la partie fine, à laquelle seuls le maître artisan et quelques assistants qualifiés participaient. Après avoir été forgé, il a été amené au quai de la rivière Iron pour être meulé et le manche a été fabriqué pour fabriquer une épée complète.
Pour devenir forgeron, les forgerons doivent suivre un apprentissage rigoureux. La première leçon consiste à apprendre à supporter la chaleur d'un fourneau toujours allumé. M. Chau, le fils aîné de M. Trinh, plaisantait à moitié : « Pour les étrangers, même se tenir près d'un fourneau en hiver est difficile à supporter, et encore plus en été. De plus, les forgerons de Nho Lam doivent parcourir des dizaines de kilomètres pour collecter le minerai et aller dans la forêt couper du bois pour le brûler dans le fourneau. Forger le fer au feu, c'est aussi forger des hommes… »
Aujourd'hui, avec le développement des sciences et des technologies, le métier de forgeron est progressivement tombé dans l'oubli, devenant un métier ancestral, moins populaire qu'autrefois. Fabriquer un outil en fer n'est plus aussi difficile qu'avant, et le forgeron a désormais les mains libres pour manier le manche et le marteau. Cependant, le souvenir d'un métier ancestral, associé à la vie des travailleurs et aux moments importants du pays, reste présent dans le cœur de personnes comme M. Vo Van Trinh.
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