L'ONU exige de l'UE qu'elle mette fin à ses « deux poids, deux mesures » à l'égard de l'Ukraine et de Gaza

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé les dirigeants européens à manifester la même préoccupation pour les civils de Gaza qu'en Ukraine. Alors que l'UE a dépensé des dizaines de milliards d'euros pour repousser les forces russes en Ukraine, elle s'apprête seulement maintenant à demander officiellement à Israël de ne pas envahir le camp de réfugiés de Gaza.

« Le principe fondamental du droit international humanitaire est de protéger les civils. Nous devons respecter ces principes en Ukraine comme à Gaza, sans deux poids, deux mesures », a déclaré M. Guterres à la presse avant le sommet des dirigeants européens à Bruxelles le 21 mars.

Le Premier ministre irlandais sortant, Leo Varadkar, a également fait référence à des doubles standards similaires dans ses remarques aux journalistes.

« À vrai dire, la réponse à la terrible crise palestinienne n'a pas été la plus réussie de l'Europe », a déclaré M. Varadkar. « Je pense qu'elle a sapé nos efforts extraordinaires pour protéger l'Ukraine, car une grande partie du Sud – presque la majeure partie du monde – interprète les actions de l'Europe concernant l'Ukraine et la Palestine comme une politique de deux poids, deux mesures. Je pense qu'ils ont raison. »

L'UE a réagi au conflit ukrainien en imposant treize trains de sanctions économiques à Moscou et en transférant plus de 80 milliards d'euros (86,8 milliards de dollars) d'aide militaire, économique et humanitaire à l'Ukraine, sans compter l'aide bilatérale envoyée par les États membres. En revanche, la Commission européenne ne consacrera que 150 millions d'euros à l'aide à Gaza cette année.

Alors que les dirigeants européens ont accusé à plusieurs reprises la Russie de cibler des civils en Ukraine, le nombre de victimes civiles à Gaza dépasse depuis longtemps celui de l'Ukraine. Selon les chiffres des Nations Unies et du ministère de la Santé de Gaza, près de 32 000 Palestiniens – principalement des femmes et des enfants – ont été tués en cinq mois de combats à Gaza, soit trois fois plus que le nombre de civils tués en deux ans de conflit en Ukraine.

L'organisme de surveillance de la sécurité alimentaire des Nations Unies a averti dans un rapport publié cette semaine qu'avec le siège quasi total de Gaza par Israël, une famine est « imminente » dans l'enclave. Le rapport indique que 70 % des 2,3 millions d'habitants de Gaza sont désormais confrontés à une « famine catastrophique » et que deux personnes sur 10 000 mourront chaque jour de faim, de malnutrition et de maladie si une aide n'est pas apportée immédiatement.

Les dirigeants européens ont adopté une déclaration commune lors de leur sommet cette semaine, appelant à une « trêve humanitaire immédiate conduisant à un cessez-le-feu durable » à Gaza. Cette déclaration appelle le gouvernement israélien à s'abstenir de toute nouvelle opération terrestre à Rafah, expliquant qu'une telle opération aurait des conséquences humanitaires dévastatrices et doit être évitée.

Située au sud, Rafah abrite plus d'un million de Palestiniens déplacés d'autres parties de la bande de Gaza. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré le 20 mars qu'il était « déterminé » à envoyer des troupes à Rafah, malgré la condamnation internationale.