Forgé dans la patrie de l'oncle Hô
Dans le hameau de Lien Son, commune de Kim Lien, district de Nam Dan, où la forge était autrefois florissante, seules quelques familles perpétuent aujourd'hui ce métier. Cet attachement est comme un fil reliant les valeurs d'hier et d'aujourd'hui, et la flamme de la forge symbolise l'amour du travail bien fait, qui brûle depuis des siècles.

Dans le hameau de Lien Son, commune de Kim Lien, district de Nam Dan, où la forge était autrefois florissante, seules quelques familles perpétuent aujourd'hui ce métier. Cet attachement est comme un fil reliant les valeurs d'hier et d'aujourd'hui, et la flamme de la forge symbolise l'amour du travail bien fait, qui brûle depuis des siècles.
LA « PASSION » POUR LA PROFESSION
J’ai visité la forge de Vo Van Hieu (né en 1979) par un après-midi caniculaire de mai. Malgré la chaleur estivale qui me faisait transpirer le dos, j’avais l’impression que la température extérieure était « fraîche » comparée à celle qui régnait à l’intérieur de l’atelier.atelier de forgeronChez M. Hieu. Presque chaque recoin de l'atelier irradie de chaleur, qu'elle provienne du charbon ou de l'électricité, des machines à souder ou à meuler. Pour supporter la chaleur de la forge toute l'année, la passion de M. Hieu pour son travail doit être sa priorité absolue.
L'atelier de forgeron de M. Hieu fabrique principalement des outils agricoles tels que des faucilles, des couteaux, des houes, des charrues et des couteaux à légumes pour le bétail. En cette période de récolte, la demande de faucilles est forte, et l'atelier en est donc bien approvisionné. La fabrication d'une faucille lui prend en moyenne entre une heure et demie et deux heures, et comprend de nombreuses étapes.
Tout d'abord, il faut choisir le matériau, le découper en morceaux selon la forme voulue, puis le chauffer jusqu'à ce qu'il soit rouge pour l'assouplir. On utilise ensuite un marteau pour lui donner la forme voulue, avec l'inclinaison et le biseau corrects. Puis, on affûte la faucille pour obtenir le tranchant désiré et on taille les dents. Enfin, on trempe la faucille en la chauffant à la bonne température dans un four à charbon, en la plongeant dans l'eau et en la polissant à nouveau. Une faucille complète coûte 25 000 VND.
Monsieur Vo Van Hieu

De toutes les étapes énumérées par Hieu, tailler les rayons et tremper la faucille était sans doute la plus délicate. Après seulement quelques minutes passées à chauffer la faucille à blanc sur le réchaud à charbon, la sueur ruisselait déjà sur le visage de Hieu, et sa peau bronzée était encore plus foncée. Non seulement la chaleur était intense, mais la poussière de charbon soulevée par le réchaud était aussi suffocante.
Les ateliers de forge de Kim Lien n'utilisent plus les soufflets et les fours rotatifs, mais sont désormais équipés de souffleurs et de nombreuses machines modernes. Les anciens forgerons ont transmis leur savoir-faire de génération en génération. Cependant, quelques personnes âgées restent fidèles et dévouées à la profession.
À environ 400 mètres de la maison de M. Hieu se trouve l'atelier de forgeron de M. Tran Dinh Thuc (né en 1941). Malgré son âge avancé, l'atelier de M. Thuc est toujours en activité et constitue une adresse prestigieuse pour les habitants du quartier.Compétenceet la passion de M. Thuc pour son métier est telle que des clients, proches ou lointains, peuvent venir spontanément chez lui pour passer commande, sans avoir à se rendre au marché ni à vendre dans un magasin.
Outre la santé et le savoir-faire, le métier de forgeron exige aussi un mental d'acier. Pour moi, chaque étape prend du temps. Il faut du temps pour obtenir la bonne température, affûter le couteau, le tremper correctement… Si les clients me harcèlent sans cesse, je refuserai le travail.
M. Tran Dinh Thuc

Il est aisé de constater sa sérénité. Son visage reste impassible, comme si de rien n'était, malgré le vacarme assourdissant de l'enclume de 30 kg, la chaleur étouffante et les flammes qui menaçaient de s'embraser dans le four. Le prestige de M. Thuc se manifeste également dans sa méticulosité et son soin apportés au choix des matériaux, ainsi que dans son excellente maîtrise du revenu de l'acier, perceptible à la couleur même de celui-ci. Les produits de M. Thuc ont généralement une durée de vie de 10 à 20 ans, voire plus. C'est pourquoi chacun de ses articles est vendu à un prix bien supérieur à celui du marché.
Dans l'environnement de travail particulier d'une forge, aussi habiles et prudents soient les ouvriers, les accidents du travail sont inévitables. Coupures, saignements et brûlures sont pour eux monnaie courante. Leurs mains se couvrent donc de callosités et de crevasses au fil du temps, la peau s'épaississant devenant un signe distinctif.

Grâce à leur bonne santé, leur expérience, leur habileté manuelle, leur sens de l'observation et leur persévérance, l'atelier de forgeron de MM. Thuc et Hieu fournit depuis de nombreuses années des outils agricoles en fer et en acier aux habitants de la région. Malgré la pénibilité et la difficulté du travail, ils restent passionnés par leur métier et souhaitent le perpétuer.
CONTINUER LES VALEURS ANCIENNES
Autrefois, la commune de Kim Lien comptait tant de forgerons qu'une coopérative fut créée. La plupart étaient des élèves de feu Dien et de feu Tieng, figures emblématiques de l'enfance de l'Oncle Hô. Avec le développement de la société, leur nombre diminua peu à peu. La flamme de la forge brûlera-t-elle éternellement ?

Dès l'âge de 12 ans, M. Thuc, qui travaillait comme forgeron comme son père, s'engagea dans la Résistance lorsqu'il fut en âge de faire son service militaire. En 1977, de retour dans sa ville natale, il reprit le travail à la forge familiale.
Mon grand-père était apprenti forgeron chez M. Dien. Il a transmis le métier à mon père, qui me l'a ensuite transmis. J'aime beaucoup mon travail et je continuerai à l'exercer tant que je le pourrai. Quel dommage qu'aucun de mes fils ne suive mes traces !
M. Tran Dinh Thuc
Aucun de ses enfants ne suivant ses traces, M. Thuc décida de transmettre son savoir-faire à ceux qui souhaitaient apprendre. Pendant de nombreuses années, il forma de nombreux apprentis, chacun mettant trois mois à maîtriser toutes les techniques. Avant de les quitter, il leur offrait toujours un jeu d'outils en guise de porte-bonheur. Son élève le plus brillant est aujourd'hui propriétaire d'une forge réputée au carrefour de Tho Son (Tan Ky).

Soucieux de préserver le métier de forgeron, M. Hieu a confié : « Je ne me souviens plus exactement quand je me suis pris de passion pour la forge. Je sais seulement que j’ai passé mon enfance près du fourneau. Ensuite, j’aidais mon père à forger et, comme lui, je suis devenu forgeron. Pour moi, la forge est à la fois un moyen de gagner ma vie et de perpétuer ce métier. »
La valeur ajoutée évoquée par M. Hieu réside dans les nouveaux produits, adaptés aux besoins des clients, qui viennent compléter la gamme traditionnelle. Il s'agit notamment de râteaux à riz, de râteaux à paille et de moules à découper les légumes pour l'élevage. Ces produits, fabriqués avec un grand souci du détail et proposés à des prix compétitifs, sont vendus en gros à de nombreux magasins du marché de gros.



