Destitution du président : la Chambre des représentants des États-Unis a « acquiescé »
(Baonghean) - Parmi les événements marquants de la semaine, on peut citer l'adoption, le 31 octobre, par la Chambre des représentants des États-Unis d'une résolution officialisant les procédures de l'enquête en destitution, qui vise le président Trump. Un Congrès américain profondément divisé a officiellement ouvert une nouvelle phase publique de l'enquête sur Donald Trump.
Vote historique
Selon l'agence de presse AFP, la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, la plus haute démocrate de Washington, a annoncé jeudi : « Aujourd'hui, la Chambre a franchi une nouvelle étape en mettant en place des procédures pour organiser des auditions… afin que le public puisse constater la vérité par lui-même. Ce qui est en jeu dans tout cela, c'est rien de moins que notre démocratie. »
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La présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, mène avec prudence mais méthode l'enquête en vue de la destitution de M. Trump. Photo : AFP |
Le 31 octobre, la Chambre des représentants a voté par 232 voix contre 196 pour adopter une résolution définissant les prochaines étapes de la procédure de destitution. Comme prévu, tous les républicains se sont opposés à cette mesure, tandis que les démocrates cherchent à déterminer si Trump a abusé de son pouvoir en faisant pression sur un gouvernement étranger pour qu'il enquête sur un rival politique national.
De plus, comme beaucoup pouvaient s'y attendre, le président américain lui-même a affirmé à plusieurs reprises que cette enquête était illégale et motivée par des considérations politiques. M. Trump a d'ailleurs immédiatement réagi au vote en tweetant sur le réseau social Twitter : « La plus grande chasse aux sorcières de l'histoire américaine ! »
Toujours selon l'AFP, la Maison Blanche a accusé les démocrates de l'opposition d'être « fondamentalement anti-américains » en faisant preuve d'« une obsession mentale pour ce processus de destitution illégal ».
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Les membres de la Chambre des représentants des États-Unis votent pour approuver une résolution visant à lancer la procédure de destitution contre le président Trump, le 31 octobre 2019. Photo : AP Photo/Andrew Harnik |
« Les démocrates choisissent de gâcher chaque jour de leur vie dans une procédure de destitution bidon – un complot partisan flagrant visant à détruire le président », a déclaré la porte-parole Stephanie Grisham dans un communiqué après le vote. Trump a quant à lui exhorté ses collègues républicains à le soutenir, même s'il risque de devenir le troisième président de l'histoire à être destitué et démis de ses fonctions par le Sénat pour un prétendu complot visant à faire pression sur l'Ukraine afin de l'aider à se faire réélire en 2020.
Le patron de la Maison Blanche a cité le statut Twitter de la présentatrice de Fox News, Laura Ingraham, appelant les républicains à se rassembler, à « se tenir ensemble et à défendre leur chef de parti contre ces taches ».
« Fausses excuses »
Selon certaines sources, M. Trump est accusé d'avoir intentionnellement retenu l'aide militaire pour contraindre l'Ukraine à lancer une enquête pour corruption contre son rival démocrate, Joe Biden. Si cela s'avérait vrai, cela serait interprété comme une utilisation illégale de la politique étrangère américaine à des fins politiques personnelles.
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Le président Trump a appelé le Parti républicain à le soutenir, face à l'appui croissant à son enquête en destitution. Photo : AFP |
M. Trump et ses collègues républicains ont qualifié cette histoire de « supercherie », mais les enquêteurs du Congrès ont recueilli des preuves auprès de responsables de l’administration qui ont témoigné à huis clos au Capitole.
Il est intéressant de noter que la résolution n'a pas bénéficié du soutien total des Démocrates. Deux Démocrates se sont rangés du côté des Républicains pour s'y opposer. Justin Amash, ancien Républicain devenu indépendant, l'a parrainée, avertissant son ancien domicile : « Excuser ses méfaits ternira à jamais votre réputation », a-t-il tweeté, faisant référence à Trump. « L'histoire ne sera pas tendre avec les excuses malhonnêtes, frivoles et mensongères de cet homme. »
Quoi qu'il en soit, avec le récent vote, l'enquête menée aux États-Unis est désormais clairement au centre de l'attention publique. Autrement dit, les Américains ont eu la possibilité de visionner en direct à la télévision les preuves contre le président Trump. Selon l'AFP, la commission du renseignement de la Chambre des représentants, l'organe qui a mené l'enquête jusqu'à présent, tiendra des audiences publiques, présentera des responsables et des preuves documentaires, et permettra aux républicains de faire appel. Les membres de ce parti ont fait valoir que le vote invalide un point de vue légitime et essentiel : l'enquête est invalide parce que le Sénat dans son ensemble ne la soutient pas.
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Les élus républicains s'opposent fermement à la destitution de M. Trump. Photo AFP |
Si les accusations contre Trump sont jugées suffisamment solides, la commission judiciaire de la Chambre des représentants présentera des accusations formelles contre le président, appelées « articles de destitution », soumises au vote de la Chambre plénière. On ignore encore à quelle vitesse cette procédure se déroulera. Certains pensent que la Chambre, dominée par les démocrates, pourrait destituer Trump d'ici la fin de l'année. Dans ce cas, l'occupant du Bureau ovale serait alors jugé par le Sénat, contrôlé par les républicains. Plusieurs candidats à la présidentielle de 2020 ont salué cette initiative, dont Biden, qui a déclaré : « Le Congrès doit faire son devoir pour garantir que l'attaque de Donald Trump contre la Constitution ne se prolonge pas au-delà de son mandat. »
Des témoins soutiennent l'accusation
Une douzaine de témoins ont jusqu'à présent témoigné au Sénat au sujet d'allégations selon lesquelles, en coordination avec des collaborateurs de haut rang et son avocat personnel, M. Trump aurait fait pression sur l'Ukraine pour l'aider à se réélire en 2020, en destituant M. Biden, l'ancien vice-président américain.
Les accusations portent sur un appel téléphonique du 25 juillet au cours duquel M. Trump a demandé au président ukrainien Volodymyr Zelensky d'ouvrir des enquêtes sur M. Biden et son fils, qui avaient travaillé avec une société énergétique ukrainienne.
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Tim Morrison, ancien directeur du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche pour la Russie et l'Europe, témoigne dans le cadre de l'enquête. Photo : AFP |
Lors d'un témoignage potentiellement percutant, le 31 octobre, Tim Morrison, principal expert russe au Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, a confirmé qu'un diplomate proche de Trump lui avait indiqué que l'aide militaire serait suspendue jusqu'à ce que Kiev s'engage à enquêter sur Biden. Cette révélation fait écho au témoignage de Bill Taylor, principal envoyé américain en Ukraine, la semaine dernière, qui s'inquiétait de l'information selon laquelle Morrison l'aurait informé d'un « quid pro quo » avec l'Ukraine.
Morrison, qui a démissionné le 30 octobre, a déclaré : « Je peux confirmer que le contenu de sa déclaration, concernant ma conversation avec lui, est exact. » Les enquêteurs ont également assigné à comparaître l'ancien conseiller à la sécurité nationale de Trump, John Bolton. En bref, à ce stade, bien que la Maison Blanche ait qualifié d'« inconstitutionnelle » la résolution récemment adoptée, il est peu probable que Trump revienne sur la situation actuelle, ce qui signifie que le dirigeant s'apprête à vivre des jours très difficiles, surtout dans un contexte de course à la réélection très serrée.