Manolo Gonzalez : son parcours de chauffeur de bus à la Liga
De chauffeur de bus à Tusa à entraîneur de l'Espanyol, Manolo Gonzalez est passé de 30 ans à la tête d'une équipe à une saison invaincue en 12 matchs et à la promotion via les barrages. Jeudi soir, il affronte l'Atlétic Lleida en Coupe du Roi.
Manolo Gonzalez a débuté comme chauffeur de bus pour la compagnie Tusa, sur la ligne Badalona-Barcelone. Trente ans plus tard, il occupe le poste d'entraîneur en Liga, menant l'Espanyol en première division grâce à une série de douze matchs sans défaite et une place en barrages. À 46 ans, il se dit toujours « une personne normale », mais son parcours est tout sauf ordinaire.

Le moment décisif : du volant à la ligne de touche
Le parcours de Gonzalez n'a pas été facile. « Je me levais à 5 h du matin, je faisais mon trajet en voiture, je terminais mon service vers 16 h, j'allais à l'entraînement et je rentrais chez moi à 20 h. Pendant ma formation d'entraîneur, je travaillais de nuit », explique-t-il. En 2018, il a pris un congé sans solde pour se consacrer pleinement à l'entraînement – un pari qu'il n'a pu faire qu'avec le soutien de sa famille. « Il faut prendre une décision : “Je vais devenir entraîneur.” »
Trente ans d'ascension : du football de rue à l'Espanyol B
Entraîneur depuis l'âge de 16 ans, Gonzalez a gravi les échelons du football espagnol, de la sixième division au semi-professionnel. Joueur « correct », il reconnaissait cependant ne pas avoir le niveau pour aller loin et n'a évolué qu'en troisième division en raison de limitations physiques et mentales. C'est cette expérience qui a forgé sa philosophie : discipline, bienveillance envers soi-même et apprentissage de la prise de bonnes décisions.

Gonzalez se souvient de ses impressions à son arrivée à l'Espanyol : « Quand je suis arrivé, j'avais l'impression de n'avoir jamais entraîné auparavant. En réalité, j'entraînais depuis longtemps. » Ses 30 ans d'expérience lui ont permis d'analyser le jeu, de gérer le vestiaire et de garder son sang-froid sous pression.
L'Espanyol et le pari réussi du conseil d'administration
Nommé entraîneur de l'équipe réserve, Gonzalez a reçu l'appel de sa vie en mars dernier. L'Espanyol évoluait alors en deuxième division, avait déjà limogé deux entraîneurs et risquait de rater la montée – un pari financier risqué. « Comment pouvaient-ils miser sur un entraîneur de l'équipe réserve alors qu'ils devaient absolument monter ? Ils m'ont demandé si je pensais en être capable, et j'ai répondu : "Bien sûr". »
Il a dirigé l'équipe lors des douze derniers matchs, sans en perdre un seul, et a mené l'Espanyol à la promotion via les barrages. Cependant, Gonzalez admet avoir parfois douté de ses capacités et reconnaît que le directeur sportif a dû faire preuve d'un grand courage pour prendre ce risque.

Analyse tactique : détail, discipline et coups de pied arrêtés
Gonzalez privilégie la méthode à la mise en scène médiatique. À l'entraînement, il utilise toujours le même système de corners qu'en sixième division, car « il est toujours efficace ». Cette approche reflète sa philosophie : construire l'avantage par le détail, maintenir la discipline sur les coups de pied arrêtés et trouver la faille dans ce que l'équipe peut contrôler.
Dans le contexte de la Liga – « plus un simple match, mais une véritable scène » –, Gonzalez a insisté sur la nécessité de préserver le plaisir pur du football. Selon lui, les joueurs de l'Espanyol « jouent par passion, et non en tant que vedettes individuelles », et la qualité collective prime sur l'ego.
compétences de pointe en matière de confrontation et de défense
Affronter le Real Madrid ou Barcelone, gérer des talents comme Lamine Yamal et Kylian Mbappé, est désormais une routine. C'est la preuve qu'Espanyol a retrouvé le chemin de la compétition, tandis que son entraîneur conserve des habitudes simples et un langage direct.
Présent et futur : position, calendrier et importance
L'Espanyol, sous la houlette de Gonzalez, est en pleine forme et occupe la cinquième place de la Liga. Jeudi soir, ils affrontent l'Atlético Lleida en Coupe du Roi, une équipe que leur entraîneur connaît bien. Gabri Garcia, l'entraîneur de Lleida, a déclaré : « Je connais Manolo car nous avons joué l'un contre l'autre. Nous sommes tous les deux issus des divisions inférieures. »
Pour Gonzalez, tout reste « authentique ». Il confie ressentir encore l’enthousiasme chaque jeudi ; le jour où cette sensation disparaîtra – « peut-être à cause de l’âge ou de l’argent » – il arrêtera. De l’anonymat amateur aux arcanes techniques de la Liga, son parcours illustre une vérité simple : dans le football, la conviction et le travail acharné restent essentiels.


