La relation « malsaine » entre l'ancien président français et le défunt dirigeant libyen
L'ancien président français Sarkozy a d'abord fait preuve de bonne volonté en établissant des relations étroites avec le gouvernement de Kadhafi, mais a par la suite soutenu son renversement.
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Le président français Nicolas Sarkozy a accueilli M. Kadhafi à Paris en 2007. Photo :Caractéristiques du Rex. |
L'ancien président français Nicolas Sarkozy a été arrêté le 20 mars dans le cadre d'une enquête pour des allégations selon lesquelles son fonds de campagne aurait illégalement reçu un don de 60 millions de dollars de l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en 2007. La loi française limite à 7 500 euros (environ 9 200 dollars) le montant des dons individuels aux fonds de campagne des candidats à la présidence. Par ailleurs, la somme de 60 millions de dollars représente le double du plafond autorisé pour chaque fonds de campagne en France à cette époque.
L'enquête est en cours depuis 2013 et M. Sarkozy a toujours nié les allégations. M. Kadhafi, qui a dirigé la Libye pendant des décennies, a été capturé et tué par des rebelles en 2011 après des frappes aériennes menées par des pays occidentaux, dont la France.
M. Sarkozy entretenait des relations difficiles avec le défunt dirigeant Kadhafi car, dans un premier temps, l'ancien président français avait cherché à instaurer une relation de coopération amicale avec le régime de M. Kadhafi, mais, par la suite, Sarkozy avait soutenu son renversement.
En 2007, la France fut le premier pays occidental à accueillir Kadhafi depuis que la Libye avait décidé de rompre son isolement diplomatique quatre ans auparavant.
SelonTélégrapheEn décembre 2007, le président français Nicolas Sarkozy a chaleureusement accueilli Kadhafi à Paris malgré l'opposition de nombreux responsables nationaux, car Kadhafi était considéré comme un dictateur, soutenant le terrorisme et nourrissant l'ambition de développer des armes de destruction massive.
À cette époque, M. Sarkozy affirmait à un journal français : « Kadhafi n'est pas un dictateur aux yeux du monde arabe. Il est le chef d'État resté le plus longtemps au pouvoir dans la région. Et dans le monde arabe, c'est important. »
Lorsque Kadhafi a été autorisé à installer une tente nomade traditionnelle dans le jardin de la résidence d'État près du palais de l'Élysée, M. Sarkozy a condamné « ceux qui ont critiqué la visite du dirigeant libyen, la jugeant excessive et irresponsable ».
« Si nous n’accueillons pas ceux qui cherchent le respect, que dirons-nous à ceux qui choisissent la voie opposée ? », a-t-il déclaré. M. Sarkozy a toutefois reconnu que Kadhafi « a sa propre personnalité et son propre tempérament ».
Le secrétaire général de l'Élysée de l'époque avait déclaré que la visite de six jours de Kadhafi avait permis à la France d'obtenir des contrats de vente d'avions de chasse et d'Airbus à la Libye pour un montant de 10 milliards d'euros, créant ainsi 30 000 emplois en France. Ce chiffre a toutefois été ramené ultérieurement à 3 milliards d'euros, les responsables admettant que les 10 milliards d'euros ne représentaient que le montant mentionné dans le mémorandum d'accord relatif au plan de négociation.
La première visite de Kadhafi en France depuis 34 ans intervient après que la France a joué un rôle déterminant pour convaincre la Libye de libérer cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien. Ces professionnels de santé, emprisonnés depuis 1999, avaient été condamnés à mort pour avoir délibérément contaminé des centaines d'enfants avec le VIH dans un hôpital pédiatrique de Benghazi, en Libye. Ils ont justifié la contamination par de mauvaises pratiques d'hygiène.
Mme Cecilia Sarkozy, épouse de l'ancien président Sarkozy, s'est rendue en Libye à deux reprises en juillet 2007 pour rencontrer Kadhafi et le persuader de libérer le personnel médical.
En août 2007, M. Sarkozy a nié tout lien entre la médiation de la France dans l'acceptation par Kadhafi de la libération du personnel médical et la décision ultérieure du gouvernement Kadhafi de signer un contrat de 300 millions d'euros pour l'achat de missiles antichars et de systèmes de radiocommunication auprès de la société française European Aerospace Industries (anciennement connue sous le nom d'Airbus).
« Ce contrat n’a rien à voir avec la libération des infirmières libyennes. De quoi me reprochent-ils ? D’avoir signé ce contrat ? D’avoir créé des emplois pour les travailleurs français ? », a demandé M. Sarkozy.
Il a également affirmé que l'accord entre la France et la Libye sur un programme de coopération civile en matière d'énergie nucléaire n'avait absolument aucun lien avec le retour des infirmières et des médecins.
Critiqué par ceux qui affirmaient que la France aidait la Libye à se doter de l'arme nucléaire, M. Sarkozy a expliqué qu'un réacteur nucléaire permettant de dessaler l'eau de mer pour la transformer en eau potable en Libye pourrait contribuer à « lutter contre le terrorisme et le fanatisme » car il aiderait la Libye à se développer économiquement.
Cependant, en mars 2011, après avoir été critiqué pour son manque de soutien aux révolutions du Printemps arabe en Égypte et en Tunisie, M. Sarkozy fut l'un des premiers dirigeants occidentaux à appeler M. Kadhafi à la démission. Des soldats libyens furent accusés d'avoir abattu des centaines de manifestants pro-démocratie à Benghazi en février 2011.Ensuite, M. Sarkozy a placé la France en première ligne des frappes aériennes de l'OTAN contre les soldats du régime de Kadhafi, aidant ainsi les rebelles libyens à renverser Kadhafi en août 2011.



