« Pour lutter contre les intérêts particuliers, le pouvoir doit être contrôlé »

September 30, 2016 07:32

Selon M. Vu Ngoc Hoang, lorsque le pouvoir n’est pas contrôlé, cela conduit à la dégénérescence des fonctionnaires et des organisations dans l’appareil de direction et de gestion.

Lors des réunions gouvernementales, le Premier ministre Nguyen Xuan Phuc a également insisté sans détour sur l'importance d'éliminer résolument les intérêts particuliers qui dominent les politiques. À ce propos, VOV.VN a interviewé M. Vu Ngoc Hoang, ancien directeur adjoint du Département central de la propagande.

Ông Vũ Ngọc Hoàng, nguyên Phó Trưởng ban Thường trực Ban Tuyên giáo Trung ương
M. Vu Ngoc Hoang, ancien chef adjoint du Département central de la propagande


PV:En juin 2015, vous avez écrit un article intitulé « Intérêts de groupe et capitalisme de connivence : Avertissement sur les risques ». Pourriez-vous nous en dire plus sur ce risque ?Le risque des « intérêts de groupe » éclipse tous les autres risques.

M. Vu Ngoc HoangLes intérêts légitimes (d'un individu ou d'un groupe) sont ceux qui sont compatibles avec les intérêts communs de la nation ou du peuple, qui contribuent à ces intérêts et les complètent ; ils ne les contredisent pas et ne leur portent pas préjudice. La gouvernance nationale exige de tenir compte de ces intérêts légitimes pour créer une motivation. L'oubli, la non-prise en compte des intérêts légitimes des citoyens et leur entrave, empêchent le leadership et la gestion sociale de réussir et, tôt ou tard, échoueront inévitablement.

Au contraire, les « intérêts de groupe » (au sens négatif) contredisent les intérêts communs de la nation et du peuple ; ils nuisent aux intérêts communs et à la communauté, les affaiblissent et leur causent de graves dommages. Les « intérêts de groupe » sont la cause directe de la formation de « groupes d'intérêts ». Ces « groupes d'intérêts » se caractérisent par la combinaison des mêmes objectifs, des mêmes actions et de la même répartition des intérêts entre ceux qui ont beaucoup d'argent et ceux qui détiennent le pouvoir au sein de l'État et du parti au pouvoir. Avoir de l'argent se transforme en pouvoir. Avoir du pouvoir se transforme en argent. Ceux qui ont de l'argent auront du pouvoir et ceux qui ont du pouvoir auront de l'argent. Ils agissent ensemble pour accumuler toujours plus de pouvoir et d'argent.

L'argent, combiné au pouvoir, crée le pouvoir de contrôler et de dominer les organisations et la société. Conscients de l'importance de l'information, les « groupes d'intérêt » s'associent, recrutent et s'associent à des groupes médiatiques malsains pour influencer l'opinion publique en leur faveur, et déforment et calomnient les personnes et les entreprises qui n'appartiennent pas au même groupe afin de rivaliser pour le pouvoir et les avantages. Les « intérêts de groupe » suivront et iront de pair avec l'ambition de pouvoir et l'ambition d'argent.

La corruption des sièges, la corruption du pouvoir, des postes, la corruption des politiques… sont toutes liées aux intérêts de groupe. Les intérêts de groupe constituent également une forme de corruption organisée, la plus grave.

Le « capitalisme de connivence » n'est pas une étape du capitalisme, mais un phénomène, une complication, une dégénérescence du développement malsain des pays. Il existe non seulement dans les pays capitalistes, mais aussi dans les pays à régimes politiques différents. Même dans les pays capitalistes, ou ceux qui viennent d'adopter l'économie de marché… les gens ont très peur de ce danger, car il détruit le pays et la société.

Le développement massif et massif des intérêts de groupe conduit inévitablement au « capitalisme de connivence ». Ce dernier est donc le résultat inévitable, une conséquence des intérêts de groupe. Lorsque ces intérêts se transforment en capitalisme de connivence, cela nuit gravement au développement du pays : la confiance s'en trouve perdue, la culture se dégrade, le système politique s'effondre et la force endogène de la nation s'en trouve sérieusement affaiblie. Cela entraîne des dommages considérables et constitue un danger qui englobe tous les autres.

La résolution du Parti mentionne quatre risques : le risque de prendre du retard, le risque de corruption, le risque de déviation et le risque d’une évolution pacifique. Ces quatre risques sont tous liés aux intérêts du groupe et influencés par ces intérêts.

La résolution ne l'a pas encore clairement indiqué, mais nous sommes aujourd'hui confrontés à un autre risque : la puissance expansionniste de la Chine, qui souhaite occuper la mer de Chine orientale. Ce risque, qui n'a pas été clairement identifié par les groupes de risque, est global et transversal, lié à d'autres risques et les aggrave.

PV:Dans le domaine de l'économie d'intérêts collectifs, le capitalisme de connivence favorise les entreprises étroitement liées à l'État, réduisant ainsi la capacité des agences gouvernementales à édicter des réglementations conformes à une saine gestion économique. Pourriez-vous développer ce point ?

Monsieur Vu Ngoc Hoang :Ils connaissent bien les agences de gestion de l'État, les influencent et les « conseillent » d'intégrer des réglementations dans les documents de l'État dans un sens qui avantage leur groupe. Or, lorsque cela profite à un groupe d'individus, cela nuit à l'ensemble. Dans les domaines de l'import-export, de la fiscalité, des politiques préférentielles… tout le monde peut agir ainsi, mais cela ne profite qu'à une partie des entreprises. Cela crée un environnement inégal, sans concurrence loyale, et ennuie profondément les entreprises légitimes.

Aujourd'hui, les intérêts des groupes s'internationalisent, dépassant les frontières pour nouer des relations avec des entreprises étrangères. Suite à l'incident de Formose à Ha Tinh, nous ne pouvons pas éliminer les intérêts des groupes. Comment se fait-il que le problème de pollution environnementale persiste depuis si longtemps et n'ait été découvert qu'après un long moment ?

Il existe de nombreuses corruptions que les agences gouvernementales et les activités du Parti ne peuvent détecter, mais que la population et les médias peuvent détecter. Il s'agit de la faiblesse, du manque de responsabilité et de la corruption des agences et de leurs responsables.

Nous devrions instaurer une culture du licenciement et de la démission. Dans d'autres pays, même en l'absence de responsabilité directe, en cas d'erreur, le responsable démissionne. Car c'est une question de moralité, de respect de soi, et non de honte, comme beaucoup le pensent. Se contenter d'analyser et d'apprendre de l'expérience ne suffit pas à dissuader, c'est aussi cautionner « involontairement ». Et cautionner revient à laisser se développer des phénomènes négatifs. Punissez sévèrement, communiquez des informations transparentes, n'agissez pas par haine envers qui que ce soit, au nom de grandes causes, car le droit militaire est impartial, pour un meilleur appareil d'État et une nation plus durable.

Nommer des proches est une manifestation de corruption du pouvoir.

PV:Ces derniers temps, la presse a régulièrement fait état de la nomination de proches, voire de familles entières, à des postes d'autorité dans certaines localités. Selon vous, s'agit-il d'une manifestation d'intérêts collectifs ?

M. Vu Ngoc Hoang: Il s'agit d'une manifestation d'intérêts collectifs, communément appelée corruption de pouvoir. Pour ces personnes, avoir du pouvoir signifie avoir plus d'argent ; avoir plus d'argent signifie avoir plus de pouvoir. Ils utilisent l'argent pour « gérer ». Ainsi, pouvoir et argent se stimulent mutuellement. Mais ils se stimulent et se corrompent mutuellement, affectés par le côté obscur de l'argent et du pouvoir.

PV:Pourquoi toutes les nominations « problématiques » de fonctionnaires sont-elles considérées comme « conformes aux procédures », monsieur ?

M. Vu Ngoc Hoang:Le processus n'est ni un objectif ni un principe ultime, mais l'objectif principal est qu'il produise un bon produit. Il existe de nombreux cas où le processus est réputé correct, mais où le résultat final est décevant.

L'objectif ultime du recrutement est de trouver des cadres compétents et talentueux, de rassembler des personnes talentueuses, telle est l'exigence. Mais si nous intégrons des personnes corrompues et malhonnêtes au sein de l'appareil sans recruter de personnes talentueuses, cela signifie que le processus n'est pas conforme aux exigences et doit être révisé pour s'y adapter. D'autre part, nous devons vérifier si quelqu'un en abuse. Un même processus, avec des personnes bien intentionnées, produira de bons résultats, et inversement. De fait, de nombreuses personnes influentes appliquent également ce processus, procèdent à un vote à main levée, et le taux de consensus est de 100 %. Au final, grâce à un tel processus, les membres de la famille du dirigeant sont promus à des postes élevés selon les règles du processus.

PV:Concernant le cas de M. Trinh Xuan Thanh, certains disent qu’il faut encore du temps pour le clarifier, mais au début on peut voir des signes « d’intérêts de groupe », des méfaits de l’achat de postes, de pouvoir, de titres… Quel est votre commentaire sur cette opinion ?

Monsieur Vu Ngoc Hoang :Je pense que le cas de M. Trinh Xuan Thanh révèle des signes d'intérêts de groupe. Sans ces intérêts, comment M. Thanh aurait-il pu échapper à une telle responsabilité et accéder à des postes plus élevés ? Je suis d'accord avec les directives du Secrétaire général. Il est nécessaire de clarifier : quelle est l'étendue de la responsabilité de M. Thanh ? Qui l'a aidé, toléré et couvert ? Qui a continué à le pousser à commettre ces actes et d'autres ? Cette affaire doit faire l'objet d'une enquête plus approfondie afin de mettre en lumière les intérêts de groupe.

En raison de la responsabilité envers la société et le pays, l'incident doit être clarifié et transparent jusqu'au bout afin d'avoir un effet dissuasif suffisant. Si l'information est dissimulée et ne fait pas l'objet d'une enquête approfondie, la société perdra sa résistance.

PV:Les intérêts collectifs et le capitalisme de connivence freinent le développement du pays. Selon vous, quelles solutions concrètes sont nécessaires pour lutter contre les intérêts collectifs, contrôler les relations de connivence et éliminer le risque de capitalisme de connivence ?

Monsieur Vu Ngoc Hoang :La première solution est de contrôler le pouvoir. Lorsqu'il n'est pas contrôlé, son côté négatif est le facteur le plus important qui corrompt les fonctionnaires, corrompt ceux qui sont investis du pouvoir, puis corrompt l'appareil tout entier, provoquant sa dégénérescence, le faisant passer d'un État au peuple à un État qui trahit le peuple.

Dans toutes les conditions, la dégénérescence du pouvoir parmi les cadres et les agences de gestion est la plus grande cause de dégradation de la moralité sociale, de déclin culturel, la nation perdant progressivement sa force endogène, la société stagnante et le pays incapable de prospérer, n'ayant pas assez de force pour protéger la patrie, le bel objectif du socialisme que beaucoup de gens souhaitaient autrefois devient également lointain et vague.

Au fil des ans, nos dirigeants du Parti et de l'État ont proposé à maintes reprises des politiques et appelé à lutter contre la corruption et les « intérêts de groupe » négatifs, et ont consacré beaucoup d'efforts à cette tâche difficile et ardue, mais les résultats ont été très limités. La corruption et les « intérêts de groupe » non seulement persistent, mais restent très répandus et complexes, causant des difficultés sociales et des maux de tête aux instances dirigeantes du pays.

Elle se répand progressivement dans tous les domaines de la vie sociale, de la gestion et de l'administration nationales, même dans des domaines considérés comme propres et sacrés (comme l'enseignement, le sauvetage des gens, la sécurité nationale, la tenue de la balance de la justice pour protéger la rigueur, y compris les agences de haut niveau, les églises, les pagodes, la charité, le travail humanitaire, les politiques de gratitude...).

La cause directe la plus importante est l'incapacité à contrôler le pouvoir. Pour le dire plus crûment et avec force, le pouvoir est fondamentalement incontrôlé, ce qui conduit à la dégénérescence des cadres et des organisations au sein de l'appareil de direction et de gestion. Le contrôle du pouvoir est un sujet extrêmement important, lié à de nombreuses autres questions, notamment des domaines longtemps qualifiés de « sensibles », mais qui doivent être débattus en profondeur, avec rigueur et lucidité, pour apporter des changements positifs.

PV:Merci!

Selon VOV.VN

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