Les États-Unis vendent des armes à leurs alliés : une flèche atteint plusieurs cibles !
(Baonghean) - Le président américain Barack Obama vient d'annoncer qu'il autoriserait les États membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) à acheter certains équipements de défense aux États-Unis en tant que bloc unifié. Les ventes d'armes entre les États-Unis et les pays du Golfe ne sont pas nouvelles, mais elles passeront à un niveau supérieur après cette décision. Selon les analystes, cette décision des États-Unis revient à viser plusieurs cibles avec une seule flèche.
Dans une déclaration, le président Obama a souligné que Washington devrait lever les restrictions sur les ventes militaires liées à la défense antimissile balistique, à la sécurité maritime et aux opérations de lutte contre le terrorisme, ouvrant ainsi la voie à d'importants achats de matériel de défense par le CCG. Il s'agit également d'une initiative proposée par le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, au début du mois, lors d'une tournée dans la région, qui a souligné la nécessité d'une coopération accrue entre les États membres du CCG et les États-Unis.
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Le président Obama s'entretient avec le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, lors d'une récente réunion. Source : Reuters |
Les ventes d'armes américaines à leurs alliés du Golfe ne sont pas une nouveauté. Cependant, jusqu'à présent, les accords d'armement et d'équipement militaire entre les États-Unis et les pays du CCG se limitaient à des accords bilatéraux et concernaient principalement des armes conventionnelles. La nouvelle décision de la Maison Blanche ouvre la voie à des accords entre les États-Unis et l'ensemble du CCG, permettant aux fabricants d'armes américains de fournir des équipements de pointe tels que des systèmes de missiles balistiques ou des radars coordonnés… C'est surprenant, mais facile à comprendre.
Selon le président Obama, la fourniture d'équipements et de services de défense au CCG renforcera la sécurité des États-Unis et contribuera à la stabilité régionale. Par ailleurs, Bernadette Meehan, porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, a déclaré que cette décision permettrait au CCG d'acquérir les équipements et services de défense nécessaires au renforcement de la coopération régionale en matière de défense. Mme Meehan a souligné que ce plan témoigne du ferme engagement des États-Unis envers le CCG ainsi que de la volonté de Washington de coopérer avec ses partenaires du Golfe pour promouvoir la stabilité et la sécurité régionales.
Les déclarations des hauts dirigeants américains s'inscrivent dans la politique de longue date du pays, qui vise à maintenir sa présence et son influence au Moyen-Orient. Cependant, derrière la décision d'accroître les ventes d'équipements militaires, certains perçoivent la volonté des États-Unis de « plaire » à leur allié traditionnel après une série de tensions récentes entre les deux parties.
Il convient de rappeler que le mouvement dit du « Printemps arabe » a suscité des désaccords entre les États membres du CCG, et notamment l'Arabie saoudite, et les États-Unis sur la réponse à apporter aux crises syrienne et égyptienne, ainsi qu'à l'instabilité des pays du groupe. L'Arabie saoudite a manifesté son mécontentement face à la politique de Washington dans la région en refusant un siège non permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies. De plus, le « pivot » du président Barack Obama vers la stratégie asiatique, les coupes budgétaires militaires américaines et la réduction de la dépendance américaine aux importations de pétrole ont également rendu les pays du Golfe sceptiques quant aux engagements à long terme de Washington dans la région. Cette suspicion a été renforcée par les tentatives de rapprochement des États-Unis avec l'Iran, notamment après l'accord préliminaire historique sur le programme nucléaire conclu à Genève (Suisse) fin novembre. Ces pays craignent qu'un accord plus détaillé (qui devrait être finalisé dans les six prochains mois) sur le programme nucléaire controversé de l'Iran ne menace leur sécurité et que la levée des sanctions ne permette à Téhéran de consolider sa puissance dans la région.
Par conséquent, l'augmentation des ventes d'armes aux pays du Golfe est considérée cette fois comme une garantie que les États-Unis se tiendront aux côtés de leurs alliés face aux missiles balistiques iraniens et à de nombreuses autres menaces. Cependant, les calculs de Washington ne s'arrêtent pas là. Les commentateurs militaires internationaux estiment que cette décision de l'administration Obama a fait d'une pierre deux coups : apaiser les alliés et réaliser des profits. Il est bien connu que le CCG regroupe la plupart des principaux pays exportateurs de pétrole au monde.
Dans un contexte de hausse des prix du pétrole, les réserves financières du CCG sont estimées à environ 2 000 milliards de dollars, et devraient atteindre 2 400 milliards de dollars d'ici 2014, tandis que le produit intérieur brut du bloc s'élève à environ 1 600 milliards de dollars. Ces pays ont un besoin urgent d'armes de pointe pour atteindre leur objectif à long terme : établir une véritable alliance de sécurité dans la région. Il s'agit clairement d'un marché fertile pour les entreprises américaines de fabrication d'armes. En développant et en modernisant ses ventes d'armes, l'industrie de défense américaine aura l'opportunité de dégager un budget important, ce qui est particulièrement avantageux dans un contexte de morosité persistante pour la première économie mondiale. De toute évidence, quel que soit le point de vue, l'augmentation des ventes d'armes apportera des avantages à court et à long terme aux États-Unis.
Thanh Huyen