États-Unis - Cuba : échapper au passé, effacer les rancunes
La proposition du président américain de retirer Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme est une étape importante vers la normalisation des relations entre les deux pays.
Le 14 avril, le président américain Barack Obama a officiellement proposé au Congrès de retirer Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme. Les observateurs ont estimé qu'il s'agissait d'une étape importante vers la normalisation des relations entre les deux pays.
Dans un message au Congrès, le président Obama a déclaré qu’au cours des six derniers mois, le gouvernement cubain « n’a fourni aucun soutien au terrorisme international et le gouvernement cubain a également assuré qu’il ne soutiendrait pas d’activités terroristes internationales à l’avenir ».
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Le président cubain Raul Castro (à gauche) serre la main du président américain Barack Obama avant leur rencontre le 11 avril. (Photo : Reuters) |
Conformément à la réglementation, le Congrès américain dispose de 45 jours pour prendre une décision définitive sur le retrait de Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme. Toutefois, si les législateurs s'y opposent, M. Obama peut opposer son veto présidentiel.
À l’heure actuelle, cette décision du président Obama attire beaucoup l’attention du public.
Les deux pays considèrent que la décision d’Obama est correcte.
L'annonce du président Obama intervient trois jours après une réunion d'une heure avec le président cubain Raul Castro, une rencontre que le président Obama a qualifiée d'« historique » entre les dirigeants des deux pays depuis plus d'un demi-siècle.
Si Cuba était retiré de la liste, il aurait accès au système bancaire américain et à d’autres institutions financières dans le monde, ce qui permettrait aux deux pays d’ouvrir des ambassades et ouvrirait la voie à une future coopération commerciale.
Dans la nuit du 14 avril, la directrice du Département des Affaires étasuniennes du ministère cubain des Affaires étrangères, Mme Josefina Vidal, a exprimé son soutien à la démarche de M. Obama : « Le gouvernement cubain soutient la proposition officielle du président des États-Unis de retirer Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme, alors que Cuba n'aurait jamais dû y figurer. »
« Comme l’a déclaré à plusieurs reprises le gouvernement de La Havane, Cuba rejette et condamne tous les actes de terrorisme sous toutes leurs formes, ainsi que toutes les actions visant à encourager, soutenir, financer et dissimuler le terrorisme », a souligné Mme Josefina Vidal.
Cuba a été ajouté en 1982 à la liste américaine des États soutenant le terrorisme, qui comprenait également la Syrie, le Soudan et l'Iran, pour avoir hébergé des séparatistes basques et les rebelles des FARC en Colombie.
Non seulement les autorités de La Havane, mais aussi les agences gouvernementales américaines, y compris les services de renseignement, estiment que Cuba devrait être retiré de cette liste.
« Cuba n’aurait jamais dû figurer sur la liste des pays terroristes »
En réalité, les conséquences juridiques d'une inscription sur la liste des pays soutenant le terrorisme pour Cuba sont limitées. Cependant, pour le peuple cubain, figurer sur cette liste constitue une atteinte à son honneur. Le peuple cubain a toujours considéré son pays comme un pays épris de paix et s'est toujours opposé aux actes cruels du terrorisme dans le monde.
Selon Mme Vidal, directrice du Département des Affaires américaines du ministère cubain des Affaires étrangères, Cuba n'aurait jamais dû figurer sur cette liste car Cuba a été victime de centaines d'attaques terroristes, au cours desquelles 3 478 personnes ont été tuées et 2 099 Cubains sont devenus handicapés à la suite de ces actes terroristes.
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Le peuple cubain a toujours cru que son pays était un pays épris de paix et s'est toujours opposé aux actes terroristes cruels dans le monde (photo : Reuters) |
Le peuple cubain n’a certainement pas oublié l’attentat sanglant du 6 octobre 1976 contre un avion de Cubana Airlines au-dessus de la Barbade, qui a tué 73 passagers et membres d’équipage.
Cependant, au lieu de livrer le terroriste notoire Luis Posada Carriles, cerveau de l’attentat de la Barbade et d’une série d’autres actes terroristes contre Cuba, les États-Unis l’ont couvert lorsqu’il s’est enfui aux États-Unis.
Depuis de nombreuses années, Cuba réclame justice pour les victimes de l'attentat terroriste. L'AP a également cité la veuve d'un membre d'équipage du vol fatal de 1976, Iraida Malberti, aujourd'hui âgée de 78 ans, qui a confié avec amertume : « Cuba n'aurait jamais dû figurer sur la liste des pays soutenant le terrorisme. Aucune décision ne peut ressusciter les victimes, ni effacer la douleur que nous avons endurée. »
Ne laissez pas le passé vous retenir
Après des décennies de confrontation, les États-Unis et Cuba tournent une nouvelle page de leur histoire. En décembre 2014, les deux pays ont convenu de prendre des mesures pour normaliser leurs relations.
Le 11 avril, le président cubain Raul Castro a eu une réunion privée d'une heure avec le président américain Barack Obama en marge du Sommet des Amériques (OEA).
Le 14 avril, le président américain Barack Obama a officiellement proposé au Congrès de retirer Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme. Il s'agit d'une étape importante pour le rapprochement entre les deux pays, qui lève certains obstacles et permet la normalisation de leurs relations.
Suite à la décision de retirer Cuba de la liste des États soutenant le terrorisme, les responsables des deux parties espèrent rouvrir leurs ambassades respectives. Ce retrait de la liste pourrait également faciliter l'obtention de crédits auprès de banques situées hors des États-Unis, les transferts d'argent entre pays et la réalisation de nombreuses autres transactions financières internationales.
Plus tôt, lors de la séance d'ouverture de la Conférence de l'OEA, M. Obama avait déclaré : « L'Amérique ne se laissera pas enfermer dans le passé. Nous sommes tournés vers l'avenir. Je ne m'intéresse pas aux batailles qui ont commencé avant ma naissance. La Guerre froide est révolue depuis longtemps. »
Le président américain a souligné que ce changement de politique pourrait constituer un tournant pour toute la région latino-américaine.
Selon VOV.VN