Les États-Unis placent la Russie au centre de leur nouvelle doctrine nucléaire
Les États-Unis viennent de publier une nouvelle doctrine nucléaire qui dresse un tableau bien plus sombre du monde que leur précédent document similaire. Cette doctrine place la Russie au centre des enjeux, même si tous les acteurs habituels, tels que la Chine, l'Iran et la Corée du Nord, y sont mentionnés.
![]() |
| Pentagone |
« Le potentiel de la Russie augmente »
Le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, a expliqué pourquoi les États-Unis se concentraient sur la Russie dans le cadre de cette nouvelle doctrine. « Il s'agit d'une réponse au développement du potentiel russe, d'une réaction à la nature de sa stratégie et de sa doctrine », a déclaré M. Mattis. Selon lui, « la Russie est bel et bien de retour dans la compétition des grandes puissances ».
Soulignant le rôle des munitions nucléaires de petite taille, le document affirme que cette mesure sera prise en réponse à des actions similaires d'autres pays, notamment la Russie.
« Aujourd’hui, la Russie modernise son arsenal nucléaire ainsi que d’autres systèmes stratégiques. Plus inquiétante encore est l’application de sa stratégie militaire, qui envisage la victoire par le développement de ses capacités nucléaires », souligne le document.
« Les États-Unis ont accusé Moscou de menacer d’être le premier à utiliser une frappe nucléaire limitée, s’attendant à tort à ce qu’une menace nucléaire forcée ou une première frappe limitée puisse paralyser les États-Unis et l’OTAN, mettant ainsi fin au conflit selon les conditions de la Russie », stipule la doctrine.
« La Russie doit comprendre que toute première utilisation d'armes nucléaires, même limitée, ne permettra pas d'atteindre ses objectifs, mais modifiera fondamentalement la nature du conflit et engendrera pour Moscou des coûts incalculables et insupportables. La stratégie américaine créera les conditions permettant à la Russie de réaliser que toute utilisation d'armes nucléaires, même limitée, est inacceptable », indique le document.
Chine
Les États-Unis sont moins inquiets de la Chine : « La Chine modernise et développe également de manière significative ses forces nucléaires. À l’instar de la Russie, elle produit des armes nucléaires entièrement nouvelles, conçues pour atteindre des objectifs de sécurité nationale précis, et promeut la modernisation de ses armes conventionnelles, remettant ainsi en cause la supériorité militaire traditionnelle des États-Unis dans la région du Pacifique occidental », stipule la nouvelle doctrine.
RPDC
« La Corée du Nord a intensifié ses efforts provocateurs pour acquérir des armes nucléaires et des missiles, concrétisant ainsi la menace d'utiliser l'arme nucléaire contre les États-Unis et leurs alliés dans la région. Les dirigeants nord-coréens insistent sur le fait qu'ils ne renonceront pas à l'arme nucléaire, et d'ici quelques mois, la Corée du Nord pourrait lancer une frappe de missiles nucléaires sur les États-Unis », prédit la doctrine.
« Les États-Unis affirment : le programme nucléaire illégal de la Corée du Nord doit prendre fin une fois pour toutes, d'une manière qui permette de vérifier les résultats », stipule la doctrine.
L'Iran
L'Iran et son programme nucléaire continuent de susciter l'inquiétude des États-Unis.
« L’Iran poursuit ses investissements dans le plus important programme de missiles du Moyen-Orient et pourrait, à l’avenir, brandir la menace nucléaire. Le pays développe également d’autres capacités militaires non nucléaires, notamment des systèmes de missiles de croisière et des capacités de cyberguerre pour des opérations offensives. L’Iran pourrait aussi continuer d’investir dans les armes chimiques et biologiques », indique le document.
Il convient de noter que le Plan d'action global commun (JCPOA) relatif au programme nucléaire iranien, qui expirera en 2031, comporte de nombreuses limitations.
« L’Iran se réserve les capacités technologiques nécessaires pour développer des armes nucléaires dans l’année suivant la décision. Le développement par l’Iran de missiles balistiques de grande taille et à longue portée va de pair avec sa stratégie agressive et ses actions visant à déstabiliser les pays voisins, ce qui soulève des questions quant à son engagement à long terme à renoncer au développement d’armes nucléaires », indique la doctrine.
« L’Iran considère l’influence américaine au Moyen-Orient comme sa principale menace. Son objectif est de consolider sa position de puissance dominante dans la région. L’Iran entend accroître son influence auprès des pays voisins et contrer l’influence américaine. Cet objectif menace directement les alliés et partenaires des États-Unis », stipule la nouvelle doctrine.



