L’Amérique a échoué parce qu’elle était trop forte économiquement et militairement ?

Avec ce qui s'est passé en Afghanistan, dans le monde arabe et, plus loin, au Vietnam, il y a près de cinquante ans, de nombreux Américains et Occidentaux ne peuvent qu'être choqués. Que s'est-il donc passé ? Qu'ont bien pu rapporter au monde l'argent, les renseignements et même la vie de tant de gens ?

Entrée des talibans à Kaboul. Photo : NBC News

La guerre, la destruction, la désolation et le sang des innocents du pays hôte et des soldats des deux camps… voilà la réponse. Les États-Unis ont dû se retirer d'Afghanistan, se retirer d'une guerre où, comme l'a déclaré le président Biden le 16 août, « nos soldats ne devraient pas et ne peuvent pas se battre pour une armée (en référence à l'Afghanistan) qui ne veut plus se battre pour eux ».

Il est trop tard, Monsieur le Président, quand vous devrez vous-même énumérer quatre présidents américains qui y ont « fait la guerre ». Nombre d'Américains ont déploré avec amertume qu'au cours des vingt dernières années, nous ayons consacré tant d'efforts et d'argent à gérer un pays qui n'est pas le nôtre, et pour quoi ? Qu'avons-nous prouvé ?…

M. Biden s'exprime sur l'Afghanistan le 16 août. Photo : ABC News

Le plus douloureux pour l'Amérique et l'Occident est probablement que l'arrogance fondée sur le pouvoir des armes et de l'argent ait été trop sévèrement réprimée. Il est difficile pour les gens de digérer cette blessure.

La guerre a débuté avec un noble objectif de propagande : lutter contre le terrorisme, mais s’est terminée par l’aveu de l’impuissance et de l’absurdité de « lutter pour protéger des intérêts qui ne sont pas les siens ». Est-ce la réalité, une excuse pour une fin amère, ou un changement de perspective pour poursuivre l’objectif de « police internationale » dans le nouveau contexte ?

Il faut se rappeler qu'à la fin du XXe siècle, ce sont les États-Unis et l'Occident qui ont encouragé, construit et soutenu les forces opposées au gouvernement afghan de l'époque, soutenu par l'Union soviétique sous couvert de démocratie et de liberté. Parmi elles figuraient des organisations extrémistes, aujourd'hui les talibans, Al-Qaïda et l'État islamique…

Un enfant afghan pendant le chaos à l'aéroport de Kaboul. Photo : AFP

Dans son discours, M. Biden a déclaré que « l’Amérique ne sera pas mise en danger à l’avenir », mais cela peut-il être fait alors que l’Amérique ne veut toujours pas changer d’idéologie, veut toujours imposer les « valeurs américaines » à d’autres pays et piétine toujours le droit à l’autodétermination de nombreux pays au profit de l’Amérique, qui est intrinsèquement acquis par son intervention politique et ses actes de guerre ?

Ce qui inquiète beaucoup, c'est de savoir si, à l'avenir, la mainmise des talibans sur le pouvoir les poussera, ainsi que d'autres forces islamistes extrémistes et organisations terroristes, à s'unir davantage pour déstabiliser la sécurité mondiale. Comment le monde réagira-t-il alors ? Ces questions restent sans réponse…

Des soldats américains pointent leurs armes sur des civils afghans pour maintenir l'ordre. Photo : AFP

Le monde changera, et ce changement dépendra du comportement des pays. L'histoire et le présent ont confirmé certaines choses : les « valeurs américaines » et la « civilisation occidentale » ne sont pas toujours une nourriture nourrissante pour la communauté musulmane. Elles ne doivent pas priver les pays de leur droit à l'autodétermination. Parallèlement, une leçon importante pour les pays est de s'approprier fermement leur indépendance, de prendre soin d'eux-mêmes et de décider par eux-mêmes, sinon leur existence ne sert que les intérêts des autres !