Le Myanmar annule un projet ferroviaire de plusieurs milliards de dollars avec la Chine

Le gouvernement birman a montré qu'il n'avait pas peur de contrarier son géant voisin, la Chine, en suspendant un projet ferroviaire de plusieurs milliards de dollars qui devait ouvrir la voie à la Chine pour atteindre l'océan Indien, selon RFI.

Le 22 juillet 2014, un haut responsable birman a annoncé qu'en raison d'une forte opposition publique nationale et de nombreux retards, le gouvernement avait décidé de suspendre le projet de chemin de fer construit par la Chine entre Kunming, dans le sud de la Chine, et la ville de Kyaukpyu, dans l'État de Rakhine, à l'ouest du Myanmar, qui s'étend sur plus de 1 200 km de long.

L’accord sur ce projet ferroviaire a été signé entre le Myanmar et la Chine en avril 2011.

La voie ferrée devrait être construite le long d'un gazoduc reliant un port de l'ouest de la Birmanie à la région chinoise du Yunnan. Illustration DR

Le capital d'investissement pour le projet s'élève à 20 milliards de dollars, principalement des capitaux chinois.

Le chemin de fer devrait être construit le long d'un gazoduc reliant les champs gaziers de la mer d'Andaman à une raffinerie de pétrole près de Kunming.

Le projet revêt une grande importance stratégique pour la Chine car le chemin de fer Kyaukpyu-Kunming pourrait remplacer le détroit de Malacca comme route vers le Moyen-Orient.

En vertu d’un accord signé en 2011 avec le gouvernement du Myanmar, la Chine aura le droit de gérer et d’exploiter le chemin de fer pendant 50 ans.

Selon le haut responsable susmentionné, la raison pour laquelle le gouvernement du Myanmar a dû annuler ce projet était que trois ans s'étaient écoulés depuis la signature du protocole d'accord, mais le projet n'avait fait aucun progrès.

Mais en réalité, c’est l’opposition croissante de l’opinion publique birmane aux impacts environnementaux et sociaux du projet ferroviaire qui a forcé le gouvernement à suspendre le projet.

Dans le seul État de Rakhine, des organisations de la société civile de 17 townships ont formé un « front » pour protester contre le projet.

Outre les raisons environnementales et sociales, l’opinion publique birmane n’accepte pas non plus que les ressources du pays soient ainsi exportées à l’étranger.

À l’heure actuelle, la Chine n’a pas réagi à la décision du Myanmar d’annuler le projet ferroviaire.

Mais une source de la China Railway Construction Corporation a déclaré au Global Times que Pékin respecterait l'opinion du peuple birman sur le projet.

Lors d’une rencontre avec le président birman Thein Sein le mois dernier, le président chinois Xi Jinping a qualifié la relation entre les deux pays de « réciproque et mutuellement bénéfique ».

Mais l’annulation par le gouvernement birman d’un projet ferroviaire chinois montre que les relations entre les deux voisins ne sont pas toujours au beau fixe.

C’est la deuxième fois que le Myanmar est contraint de suspendre un projet avec la Chine en raison de la pression publique nationale.

En 2011, le gouvernement birman a été contraint d’annuler un projet conjoint avec la Chine visant à construire un barrage hydroélectrique de 3,6 milliards de dollars.

Pékin pense qu’en investissant massivement dans des projets d’infrastructures dans les pays d’Asie du Sud-Est, il « achètera » plus d’amis et disposera de davantage de ressources énergétiques pour l’économie chinoise.

Mais pour le Myanmar au moins, cette politique a échoué.

Selon Bizlive.vn