2023 et l’espoir de surmonter les « vents contraires »

En 2005, je suis entré à l'université. À cette époque, les téléphones portables étaient un luxe ; seuls les étudiants issus de familles aisées pouvaient se faire offrir un Nokia « brique » par leurs parents. Toute communication avec la famille se faisait par le biais du téléphone fixe du propriétaire, si bien qu'ils n'appelaient qu'en cas d'absolue nécessité. Les appels étaient facturés à la minute selon le tarif fixé par le propriétaire. Pourtant, après chaque été, de nombreux étudiants pouvaient s'acheter de nouveaux téléphones, non seulement des Nokia « brique », mais aussi toutes sortes de téléphones avec lecteur de musique et appareil photo…

Dix-huit ans ont passé. J'ai obtenu mon diplôme, je suis entrée dans la vie active et j'ai eu les moyens d'acheter et d'utiliser de nombreux téléphones différents. Pourtant, je me souviens encore de mon premier téléphone : un écran noir et blanc, des touches sans inscription et un seul jeu, la chasse au serpent. Aujourd'hui, quand je raconte cette histoire, ma fille a du mal à me croire. Les enfants ont désormais un accès précoce à la technologie. Ordinateurs et smartphones sont devenus des objets du quotidien, de précieux outils pour les études et les loisirs. Mes parents, qui vivent à la campagne, utilisent désormais Facebook et Zalo pour appeler leurs enfants et petits-enfants, car c'est gratuit et les appels vidéo sont bien plus nets.

Je souhaite partager mon expérience personnelle pour illustrer comment, au cours des deux dernières décennies, ma famille, comme des millions de foyers vietnamiens, a connu une véritable « révolution des communications ». Dans notre pays, afin de refléter l'amélioration du niveau de vie, le taux de couverture des abonnés à la téléphonie mobile mérite sans doute d'être un critère d'évaluation. Selon les données du Département des télécommunications (Ministère de l'Information et des Communications), le Vietnam comptait 93,5 millions d'abonnés à la téléphonie mobile en mars 2022. Ce chiffre ne cesse d'augmenter. En 2023, la Direction générale de la population (Ministère de la Santé) prévoit que le pays atteindra le cap des 100 millions d'habitants. Ainsi, en moyenne, les smartphones couvrent désormais la quasi-totalité de la population.

En moyenne, les smartphones couvrent la quasi-totalité de la population. Illustration : Internet

La « révolution des communications » qui a touché près de 100 millions de Vietnamiens, ou plus largement l'amélioration du niveau de vie de la population, s'est réalisée dans un contexte de 37 années d'innovation, au cours desquelles l'économie vietnamienne a enregistré des taux de croissance impressionnants et continus.

Si, au début des réformes (1986-1990), le taux de croissance annuel moyen du PIB n'était que de 4,4 %, il a atteint 8,2 % par an entre 1991 et 1995. Les périodes suivantes ont toutes affiché des taux de croissance relativement élevés, avec une moyenne de 6,8 % entre 2016 et 2019. Bien qu'en 2020, l'économie ait été fortement impactée par l'épidémie de Covid-19, le taux de croissance du PIB vietnamien est resté parmi les plus élevés de la région et du monde.

La taille de l'économie a augmenté : en 1989, elle n'atteignait que 6,3 milliards de dollars américains par an, puis en 2022 – une année considérée comme explosive –, elle a augmenté de 8,02 %, la plus forte hausse en plus de 10 ans, portant la taille de l'économie de notre pays à plus de 400 milliards de dollars américains pour la première fois, atteignant environ 409 milliards de dollars américains, ce qui la place au 5e rang de l'ASEAN et au 14e rang en Asie.

La forte croissance économique soutenue de ces dernières décennies a considérablement amélioré le niveau de vie des populations dans toutes les régions. En 1985, le revenu moyen par habitant n'était que de 159 USD par an, mais il devrait atteindre 4 110 USD en 2022. Nghệ An, où je vis, a également connu une croissance impressionnante en 2022, avec un taux de 9,08 %, portant son PIB à 175 740 milliards de VND (environ 7,4 milliards de dollars), ce qui place la région au 10ᵉ rang national, gagnant deux places par rapport à 2021.

J'ai récemment lu un article dans Forbes, le célèbre magazine économique américain : « PIB par habitant du Vietnam : une analyse complète ». Andrew DePietro, journaliste financier, y explique : la croissance du revenu par habitant au Vietnam est largement due à la diversification et à la maturité croissantes de son économie. Au cours des 20 dernières années, l'économie vietnamienne a gagné en maturité, passant de la 83e à la 61e place de l'indice de complexité économique (ICE) mondial. Le Vietnam se distingue nettement de ses voisins, comme le Cambodge (102e ICE) ou le Laos (104e ICE). En 2017, son niveau de maturité économique a dépassé celui de l'Indonésie, et il conserve depuis cette position de leader.

Selon la Banque mondiale, le Vietnam est un exemple de réussite en matière de développement. Les réformes économiques entreprises depuis 1986, conjuguées à une conjoncture mondiale favorable, ont permis au Vietnam de passer rapidement, en une seule génération, du statut de pays parmi les plus pauvres du monde à celui de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure.

Le PIB par habitant est le rapport entre le produit intérieur brut et la population. Bien qu'il ne reflète pas parfaitement le revenu réel des habitants de chaque pays, il constitue un indicateur fondamental pour évaluer la croissance économique, liée à l'amélioration du niveau de vie. Il est utilisé dans le monde entier, au même titre que d'autres indicateurs tels que l'indice de qualité de vie physique, l'indice de développement humain et l'approche des besoins fondamentaux.

La croissance du Vietnam engendre des retombées économiques positives, dont la manifestation la plus évidente est l'augmentation continue du PIB par habitant, reconnue internationalement. Toutefois, l'objectif de devenir un pays à revenu élevé (PIB par habitant d'environ 12 000 USD par an) reste encore lointain et exige le maintien d'un taux de croissance élevé et durable pendant de nombreuses années consécutives. La route à parcourir sera encore semée d'embûches, notamment en 2023, où des difficultés économiques affectent l'ensemble du pays, y compris la province de Nghệ An.

Le principal risque réside dans l'affaiblissement des principaux moteurs de la croissance mondiale. Selon l'avertissement de la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, ce ralentissement s'explique par la croissance ralentie des grandes économies, notamment les États-Unis, l'Europe et la Chine, principaux moteurs de la croissance. Il ne s'agit pas d'un phénomène macroéconomique isolé, mais d'un problème qui affecte directement le quotidien de nombreuses familles.

Rien qu'à Nghệ An, fin 2022, à l'approche du Nouvel An lunaire de Quy Mao 2023, plus de 1 000 travailleurs ont vu leur contrat résilié faute de commandes à l'exportation. Le directeur d'une agence d'assurance-vie de Hoềng Mai m'a également fait part de son inquiétude face à une chute de plus de 50 % de son chiffre d'affaires. Il a déclaré : « Quand les gens ont déjà du mal à financer d'autres dépenses, il leur est difficile de penser à souscrire une assurance-vie ! »

Un coin du centre-ville de Vinh aujourd'hui. Photo de : Thanh Duy

De toute évidence, l'économie vietnamienne en général, et la province de Nghệ An en particulier, sont confrontées à de nombreuses difficultés. Maintenir un taux de croissance aussi élevé qu'en 2022 n'est donc pas chose aisée. Cependant, plus la situation est difficile, plus il est impératif d'exploiter efficacement chaque opportunité de croissance, notamment en matière de distribution des investissements publics et de réforme des procédures administratives, en particulier dans les secteurs de l'investissement et des affaires.

L'année 2023 a débuté par un bilan des réalisations du pays en général, et de Nghệ An en particulier, à travers le prisme du PIB, afin de puiser motivation et espoir pour ce nouveau printemps. L'expérience acquise au cours des 37 dernières années de Doi Moi, marquées par la capacité à surmonter les difficultés économiques, demeure le socle et le moteur de notre action pour 2023 et les années à venir, sur la voie de la prospérité et de la force de la nation, ce « miracle de la rivière Lam » à Nghệ An. Ce chemin n'appartient à personne en particulier ; nous devons tous en assumer la responsabilité.