La Russie a « remporté » les élections en Turquie

Le président russe Vladimir Poutine et le président turc Recep Tayyip Erdogan. Photo : Tass

Le principal partenaire de la Russie en politique étrangère, le président turc Recep Tayyip Erdogan, a remporté un troisième mandat. Le résultat n'a pas été particulièrement réjouissant dans les capitales occidentales, qui avaient secrètement espéré, lors de l'élection présidentielle turque, la fin des vingt ans de règne d'Erdogan. Mais pour la Russie, cela représente beaucoup.

Dans un télégramme publié sur le site Internet du Kremlin, le président russe V. Poutine a félicité M. Tayyip Erdogan pour sa réélection à la présidence de la Turquie.

« La victoire aux élections est le résultat naturel du travail désintéressé d'Erdogan à la tête de la Turquie, et constitue une preuve claire du soutien du peuple turc aux efforts d'Erdogan pour renforcer la souveraineté nationale et poursuivre une politique étrangère indépendante », a félicité le président Poutine dans le télégramme.

Le dirigeant russe s'est déclaré prêt à poursuivre un dialogue constructif sur les agendas bilatéraux, régionaux et internationaux. Le président Poutine a souligné que la Russie attache une grande importance à la mise en œuvre cohérente des projets communs prévus, en premier lieu la construction de la centrale nucléaire d'Akkuyu et la création d'un hub gazier en Turquie.

Pour l'Occident, cette coopération bilatérale est perçue comme une sorte de « constante », une conséquence inévitable. Le journal britannique Newsweek a commenté : « Poutine a remporté les élections en Turquie. »

Les pays occidentaux et l'opposition turque estiment que Moscou est en réalité intervenu pour aider Recep Erdogan à gagner, notamment en prolongeant de deux mois l'accord sur les céréales de la mer Noire - ce qui était perçu comme une source de revenus pour la farine turque, ainsi que pour la réputation et la position d'Erdogan en tant que médiateur.

Cependant, en réalité, la Russie n'est intervenue dans aucune élection. La plupart des politologues russes soutiennent le président Erdogan, non pas parce qu'ils considèrent le dirigeant turc comme un homme politique « pro-russe », mais parce qu'ils le perçoivent comme une personne « moins sévère ». Dans les cercles politiques russes, M. Erdogan est un homme politique pragmatique qui s'est efforcé de ne pas se joindre aux plans de sanctions des États-Unis et de l'Occident contre la Russie.

Ankara a tenté de ne pas irriter Moscou et de se tenir autant que possible à l'écart de la guerre des sanctions. La Turquie a également cherché à protéger ses intérêts économiques et à s'affirmer comme un intermédiaire honnête, en maintenant une relative neutralité et de bonnes relations avec toutes les parties. Sur le plan économique, cela a permis de doubler le volume des échanges commerciaux avec la Russie et de placer la Turquie au deuxième rang, après la Chine, dans ses échanges commerciaux avec la Russie en 2022 », a déclaré Pavel Shlykov, professeur associé au Département d'histoire du Proche et du Moyen-Orient.

Quoi qu’il en soit, la réélection du président Erdogan est cruciale non seulement pour la Turquie, mais aussi pour l’OTAN et pour tout ordre mondial qui émergera du conflit russo-ukrainien.

Le problème immédiat que l’Occident a en tête est d’empêcher le président Erdogan de se rapprocher davantage du président russe Vladimir Poutine.

Immédiatement après avoir remporté les élections, le président Erdogan s'est également engagé à mener à bien le projet de construction d'un centre gazier international en Turquie, comme proposé précédemment par le président russe Vladimir Poutine.