La Russie et l'Iran se tiennent côte à côte dans la gestion de la crise syrienne
Alors que la Russie a publiquement soutenu le président syrien Bachar al-Assad, elle a récemment commencé à signaler qu'elle ne s'opposerait pas à ce qu'Assad quitte ses fonctions dans le cadre d'un processus de paix en Syrie, a rapporté Reuters, citant plusieurs diplomates.
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Le président russe Vladimir Poutine et le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, se sont rencontrés à Téhéran le mois dernier. Photo : Reuters |
L’Iran, quant à lui, a déclaré une « position unifiée » avec la Russie sur la Syrie, signe que sa ferme opposition au départ du président Assad s’oriente progressivement vers une position moins agressive.
La décision de Téhéran d'intensifier la coordination avec Moscou a été prise le mois dernier après une rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, selon un responsable iranien au courant du dossier.
Comme la Russie, l’Iran a également exprimé publiquement sa position selon laquelle le départ ou le maintien de M. Assad ne devrait être décidé que par le biais d’une élection formelle.
« Nous sommes convenus que l'Iran et la Russie poursuivront la même politique qui profite à Téhéran, Moscou et Damas », a déclaré le haut responsable iranien. « C'est au peuple syrien de décider de son sort. Mais il faut d'abord rétablir la stabilité. »
« Si le peuple syrien souhaite le départ d'Assad, alors il doit partir », a-t-il souligné. « S'il ne peut servir son pays et son peuple, alors un successeur plus compétent devrait le faire. »
Un autre responsable iranien a également confirmé que Téhéran et Moscou parlaient d'une seule voix sur la Syrie et le sort de M. Assad. « La rencontre entre M. Poutine et le dirigeant Khamenei a été un franc succès. L'Iran et la Russie partagent désormais le même point de vue sur Assad », a-t-il déclaré.
La question de savoir si le président Assad restera ou partira constitue actuellement le plus grand point de désaccord entre les grandes puissances lorsqu’elles discutent du processus politique menant à la paix en Syrie.
Des responsables américains et européens affirment que M. Assad a perdu sa crédibilité en raison de sa répression et de ses abus de pouvoir et qu'il est donc inéligible à toute élection. Cependant, les dirigeants de plusieurs autres pays occidentaux, de la Turquie et de l'Arabie saoudite se sont montrés réticents à permettre à M. Assad de rester au pouvoir pendant la période de transition.
Lors d'une réunion pour discuter d'une feuille de route de paix pour la Syrie, tenue le 18 décembre, avec la participation de 17 pays, dont les États-Unis, la Russie, l'Iran, la Turquie et l'Arabie saoudite, le secrétaire d'État américain John Kerry a déclaré qu'il existait encore de « profondes divergences » sur le sort de M. Assad.
La manière de parvenir à un accord de cessez-le-feu et de planifier la tenue de séances de dialogue entre l'opposition syrienne et le gouvernement pour unir les forces et se soutenir mutuellement dans la lutte contre l'État islamique (EI) a été au centre des discussions.
Après avoir rencontré le président russe Poutine, le guide suprême iranien Khamenei a publiquement critiqué les États-Unis, dénonçant la politique de Washington au Moyen-Orient comme une menace pour Moscou et Téhéran. Il a également appelé la Russie et l'Iran à œuvrer au renforcement des relations bilatérales.
La Russie et l'Iran interviennent militairement en Syrie pour soutenir le gouvernement du président Assad contre les forces antigouvernementales dans une guerre civile qui dure depuis cinq ans et a fait 250 000 morts. Les deux pays, anciens rivaux de la Guerre froide, ont intérêt à forger une nouvelle relation fondée sur la méfiance envers l'Occident et sur le désir de concurrencer les États-Unis pour l'influence au Moyen-Orient.
Lors des deux premières réunions ministérielles sur le conflit syrien qui se sont tenues à Vienne, en Autriche, l’Iran a signé à contrecœur une feuille de route basée sur le communiqué de Genève publié en juin 2012.
Le communiqué de Genève appelle à une transition politique en Syrie, que Téhéran n'a jamais formellement acceptée car cela signifierait la fin du régime d'Assad, selon Reuters.
Les diplomates occidentaux affirment que l'Iran devra se rapprocher de la Russie et abandonner complètement le président Assad si cela constitue une solution diplomatique efficace pour mettre fin à la guerre en Syrie.
Les États-Unis, l’Europe et les États arabes du Golfe sont catégoriques : M. Assad doit démissionner et ne pas participer aux futures élections.
Selon un responsable occidental, la clé pour la Russie et l'Iran est désormais de trouver le moyen précis de se débarrasser du régime d'Assad. Même si les Iraniens commencent à accepter la possibilité d'un départ du président Assad, cet objectif reste hors d'atteinte.
Selon VNE
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