Course aux armements entre la Russie et les États-Unis : quel avenir pour le nouveau traité START ?
(Baonghean) - Le président Vladimir Poutine a affirmé que la Russie était le leader mondial des armes hypersoniques, tout en continuant de renforcer ses forces nucléaires. Cette déclaration montre que la Russie considère toujours la modernisation militaire comme une priorité absolue depuis les tensions avec l'Occident en 2014. Cependant, la course aux armes ultramodernes entre les deux superpuissances, la Russie et les États-Unis, soulève de nombreuses questions, en premier lieu l'avenir du nouveau traité de réduction des armes stratégiques (aussi appelé START-3), qui arrive à expiration.
Un changement de jeu
Les experts considèrent que les armes hypersoniques vont révolutionner les puissances militaires mondiales, notamment les États-Unis et la Russie. La vitesse, la précision et la létalité de ce nouveau type d'arme menacent de rendre rapidement obsolètes les équipements militaires traditionnels tels que les chars, les porte-avions et les navires d'assaut amphibies.
Ces dernières années, Moscou a réalisé des progrès significatifs dans le développement de ce type d'armes, et il semble que dans la course au développement d'armes hypersoniques, la Russie prenne l'avantage sur les États-Unis. Le président Poutine a évoqué ces systèmes d'armes pour la première fois en 2018. À cette époque, une arme hypersonique appelée Kinzhal était présente sur les avions de chasse MiG-31. Cette arme vole à dix fois la vitesse du son et est capable d'atteindre des cibles terrestres et maritimes. Mais ce n'est pas l'arme la plus avancée dont dispose l'armée russe.
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L'Avangard est l'une des armes stratégiques les plus récentes, capable de voler sur plusieurs continents à une vitesse vingt fois supérieure à celle du son. Photo : TASS |
Selon les informations du ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, les forces nucléaires russes recevront en 2020 22 lanceurs de missiles intercontinentaux stratégiques hypersoniques Avangard et Yars. L'Avangard est l'une des armes stratégiques les plus récentes, capable de voler à une vitesse intercontinentale 20 fois supérieure à celle du son. Cette arme fait la fierté du président Poutine, la Russie étant le leader mondial des missiles hypersoniques, ce qui oblige les États-Unis à tenter de rattraper leur retard.
Il s'agit d'une occasion rare pour le dirigeant russe de révéler publiquement des détails sur une arme stratégique qui a toujours été tenue secrète. Cela démontre que la Russie a réellement progressé dans la maîtrise de la technologie des armes hypersoniques, une arme offensive d'avenir.
Le Pentagone a déjà reconnu que les États-Unis accusent un retard important sur la Russie dans le développement de la technologie des armes hypersoniques. Washington mène actuellement plusieurs programmes d'armes hypersoniques, mais tous en sont au stade de prototypes expérimentaux, sans aboutir à un produit fini. Afin de conserver un avantage concurrentiel face à son rival russe, le Pentagone a décidé de construire une arme à grande vitesse en trois versions pour les trois armées : la Marine, l'Armée de l'air et l'Armée de terre.
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Le président russe Vladimir Poutine a affirmé que les armes hypersoniques russes étaient numéro 1 au monde. Photo : Kremlin |
Fait notable, la commission des crédits du Sénat américain a récemment adopté un projet de loi budgétaire pour l'exercice 2020 prévoyant un investissement de 10,58 milliards de dollars (plus de 245 000 milliards de dongs) pour l'Agence de défense antimissile, soit une augmentation de 1,2 milliard de dollars par rapport à la proposition initiale. Cette commission a notamment ajusté cette augmentation d'environ 1 milliard de dollars par rapport à la proposition du ministère de la Défense de mars afin d'accroître la capacité de fabrication et de production d'armes hypersoniques. Cet ajustement serait dû à la pression de certains responsables, qui ont critiqué l'industrie de défense américaine pour son manque de rigueur et de rapidité dans le développement d'armes hypersoniques au cours des dernières années.
Bien que la Russie et les États-Unis aient affirmé à plusieurs reprises qu'ils ne participaient pas à une course aux armements, les plans secrets et publics de ces deux pays visant à moderniser leurs armes montrent que la course à la possession des armes les plus avancées et les plus modernes fait toujours partie de la stratégie de « confinement » des deux rivaux.
Qui contrôle les armes ?
Dans le contexte de la percée de la Russie en matière de modernisation militaire, il est aisé de comprendre pourquoi les États-Unis accélèrent leur programme de développement de nouvelles armes hypersoniques. Cette réalité n'est pas fondamentalement différente d'une course aux armements. Il convient de noter que les grandes puissances ne ciblent pas uniquement les armes hypersoniques. Aujourd'hui, la Russie et les États-Unis ont modifié leur approche par rapport à il y a quelques décennies. Si, pendant la Guerre froide, les deux superpuissances rivalisaient constamment sur le plan des armes massives, elles se concentrent désormais sur les armes stratégiques, c'est-à-dire sur quelques armes principales, qui constituent les atouts de chaque pays. Outre les armes hypersoniques, les experts militaires estiment que les missiles nucléaires, les sous-marins nucléaires, les missiles de croisière et les bombardiers à longue portée seront des armes dotées d'un potentiel de dissuasion redoutable contre les adversaires ciblés par les grandes puissances.
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Les États-Unis ont testé leur première arme hypersonique en 2011. Photo : Armée américaine |
Les experts ne s’inquiètent pas seulement de la résurgence de la course aux armements entre les États-Unis et la Russie, ils estiment également que la Chine, avec sa forte ascension et ses ambitions mondiales, accroît rapidement sa puissance militaire.
Grâce à ses énormes investissements militaires au fil des ans, la Chine possède désormais les armes modernes les plus destructrices d'une puissance militaire de premier plan, des missiles balistiques intercontinentaux aux porte-avions, sous-marins, navires de guerre furtifs, avions furtifs... Dans le seul océan Pacifique, la Chine possède environ 1 500 missiles balistiques à courte portée, 450 missiles à moyenne portée, 160 missiles à longue portée et des centaines de missiles de croisière terrestres à longue portée...
La question est de savoir ce qui adviendra du monde si la course à la production et aux essais de nouvelles armes se poursuit sans mécanisme pour en limiter le nombre. Le contrôle des armements entre les deux superpuissances, la Russie et les États-Unis, repose désormais uniquement sur le Nouveau Traité sur la réduction des armements stratégiques (New START), après l'échec du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI). Or, le Nouveau Traité START expirera début 2021. 2020 sera donc une année charnière pour les négociations sur le contrôle des armements entre Washington et Moscou. Si ce traité subit le même sort que le FNI, ce sera la première fois en 50 ans qu'aucun traité ne limitera les armes nucléaires des États-Unis et de la Russie. Il s'agit d'une préoccupation majeure pour le monde, dans un contexte où les pays cherchent à développer des armes à des fins de dissuasion et de négociation dans d'autres jeux.
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2020 sera une année charnière pour les négociations sur le contrôle des armements entre Washington et Moscou. Photo : Moneycontrol |
Le président russe Vladimir Poutine s'est déclaré prêt à prolonger immédiatement et sans condition le traité New START. De son côté, le président Trump a affirmé vouloir un accord plus large incluant également la Chine, ce qui constituerait un avantage plus important pour le traité qu'une simple prolongation. Cependant, la Chine a rejeté à plusieurs reprises l'idée de se joindre aux négociations sur le traité New START.
La tendance au développement d'armes entre les grandes puissances ne s'arrêtera probablement pas, car la concurrence géopolitique reste féroce. Un tel contexte nécessite nécessairement un mécanisme permettant de contrôler et de prévenir le développement massif d'armes. C'est la pierre angulaire de la sécurité mondiale actuelle.