Russie - Amérique : on récolte ce qu'on sème ?

(Baonghean) - En exprimant des points de vue et en agissant pour résoudre les points chauds, les conflits et les différends susceptibles de changer la situation mondiale, on peut affirmer que les problèmes entre la Russie et les États-Unis sont trop nombreux pour engendrer une relation conflictuelle. Plus généralement, on constate que les relations russo-américaines sont entrées dans leur pire période depuis la fin de la Guerre froide. Pourtant, la Russie se dit toujours prête à livrer des biens dans l'espace pour aider les États-Unis. Qu'est-ce que cela signifie ?

Immédiatement après l'explosion de la fusée américaine Antares, lancée en seulement six secondes depuis la base de la NASA (National Aeronautics and Space Administration) à Wallops, en Virginie, le 28 octobre, la Russie a immédiatement annoncé qu'elle était prête à aider les États-Unis à transporter du fret vers la Station spatiale internationale (ISS). Cette décision a été prise alors que les intérêts de la Russie et des États-Unis étaient divergents concernant l'élection en Ukraine, ce qui a surpris l'opinion publique mondiale. Ce qui se passe « dans le ciel » et ce qui se passe « sur terre » sont-ils vraiment sans rapport ?

La fusée Antares a explosé après avoir quitté la rampe de lancement.

Tout d'abord, l'histoire « underground » : les évolutions défavorables sont trop rapides pour être gérées par l'actuel gouvernement pro-américain du président Petro Porochenko. Les États-Unis et l'Occident tentent par tous les moyens d'empêcher la Russie de reconnaître les résultats des élections législatives dans l'est de l'Ukraine. Le secrétaire d'État américain John Kerry a averti que la Russie et les séparatistes violeraient les accords internationaux s'ils reconnaissaient les élections législatives dans l'est de l'Ukraine début novembre. Si les États-Unis s'inquiètent de cette situation, c'est qu'une fois que la Russie aura reconnu les résultats des élections en faveur des séparatistes, le gouvernement séparatiste sera considéré comme légalisé. À ce moment-là, non seulement l'appareil administratif du gouvernement Porochenko sera « démantelé » dans la région orientale, mais le processus de paix en Ukraine s'éloignera, et le risque d'une indépendance comparable à celle de la Crimée sera inévitable.

Dépouillement des votes dans un bureau de vote à Kramatorsk, dans l'est de l'Ukraine.

Par conséquent, les États-Unis et l'Occident non seulement ne reconnaissent pas cette situation, mais s'opposent fermement à l'intention de la Russie de la reconnaître. Au contraire, il est impossible que le gouvernement de M. Poutine quitte la « zone tampon » qui maintient son pouvoir dans l'est de l'Ukraine. Alors que le secrétaire d'État américain John Kerry a déclaré que « les États-Unis et la communauté internationale ne reconnaîtront pas les prétendues élections des séparatistes si elles ne se déroulent pas dans le cadre d'une loi spéciale adoptée par le Parlement ukrainien et signée par le président Porochenko », le gouvernement de Moscou a annoncé son intention de reconnaître les résultats des élections législatives de début novembre à Donetsk et Louhansk. De toute évidence, sur le terrain, les positions russo-américaines divergent, ce qui peut être considéré comme une contradiction antagoniste.

Cependant, alors que la situation au sol était tendue, la situation dans le ciel prenait une tournure différente. Lorsqu'ils apprirent que la fusée Antares, transportant environ 2,5 tonnes de fret, dont de la nourriture, des fournitures et des expériences scientifiques, avait explosé en plein vol, la Russie fit immédiatement savoir qu'elle était prête à apporter son aide. Les Américains, qui avaient toujours maîtrisé la situation et ne voulaient pas perdre la face en matière de science spatiale, n'acceptèrent peut-être pas la demande d'aide de la Russie.

Quant à la Russie, pense-t-elle que sa volonté de soutenir les États-Unis est une simple affaire de scientifiques « sans frontières » ? En réalité, la Russie et les États-Unis ont conclu un accord d'assistance mutuelle entre l'agence spatiale fédérale russe Roscosmos et la NASA. Cet accord stipule qu'en cas de besoin, par exemple après la perte d'un cargo ou d'autres situations d'urgence, les parties sont disposées à se soutenir mutuellement du mieux qu'elles peuvent. En matière de recherche spatiale, la relation entre la Russie et les États-Unis est un partenariat. Par conséquent, dans ce cas précis, l'intention exprimée par la Russie d'apporter son aide s'inscrit dans le cadre du partenariat entre les agences de recherche spatiale des deux pays. On sait que le 29 octobre, la Russie a lancé avec succès le vaisseau spatial Progress M-25M, transportant près de 3 tonnes de nourriture, de carburant et d'équipements pour l'ISS, à l'aide d'une fusée Soyouz en provenance du Kazakhstan.

L'évolution complexe des relations russo-américaines montre que ce phénomène est également récurrent dans de nombreuses relations internationales actuelles. Dans les relations bilatérales et multilatérales, la tendance est à l'entrelacement de la coopération et des luttes, tel un « diagramme bagua ». Il est donc possible que les choses soient différentes « au ciel » et « sur terre », que des luttes soient toujours menées, mais le soutien mutuel est une autre affaire !

CLS