Russie : l'ultimatum lancé par M. Tillerson à Moscou est « inutile »
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria V. Zakharova, a déclaré que la venue de M. Tillerson à Moscou avec un « ultimatum » sur la Syrie était « inutile » et a remis en question les objectifs des États-Unis en Syrie et en Corée du Nord.
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| Le président russe Vladimir Poutine (à droite) serre la main de Rex W. Tillerson en 2012, alors qu'il était PDG de la société pétrolière et gazière ExxonMobil. |
Le secrétaire d'État américain Rex W. Tillerson vient de s'entretenir pendant deux heures avec le président russe Vladimir Poutine. Cependant, les deux hommes sont restés en désaccord sur de nombreux points liés à l'attaque chimique en Syrie et aux accusations d'ingérence russe dans l'élection américaine.
M. Tillerson a tenu une conférence de presse conjointe avec son homologue russe Sergueï V. Lavrov après la première rencontre entre les dirigeants russes et un haut envoyé de l'administration du président américain Donald Trump.
« Les deux puissances nucléaires les plus puissantes du monde ne peuvent pas avoir cette relation », a déclaré M. Tillerson aux journalistes.
M. Tillerson et M. Lavrov ont déclaré que les questions notables abordées lors des discussions étaient les crises en Syrie, en Corée du Nord et en Ukraine et que les deux parties ont convenu de créer un groupe de travail pour aider à résoudre les difficultés dans les relations entre les États-Unis et la Russie.
M. Tillerson a réitéré la position américaine selon laquelle le président syrien Bachar el-Assad était responsable de l'attaque chimique perpétrée dans le nord de la Syrie le 4 avril, qui a fait plus de 80 morts. Parallèlement, M. Lavrov a réitéré la position russe selon laquelle de nombreux détails de l'attaque restaient flous et a dénoncé ce que M. Tillerson a qualifié de « frénésie médiatique » autour de cette attaque.
En outre, la Russie a également opposé son veto à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant l'attaque aux armes chimiques en Syrie le 12 avril. C'est la huitième fois en six ans de conflit en Syrie qu'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU utilise son droit de veto pour protéger le gouvernement syrien.
M. Tillerson a également affirmé que l'ingérence russe dans les élections américaines était avérée. En réponse, M. Lavrov a dressé une longue liste de tentatives américaines de « changement de régime » à travers le monde, de la Serbie à l'Irak en passant par la Libye. Il a qualifié ces efforts d'échecs et a mis en garde contre toute tentative similaire en Syrie.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria V. Zakharova, a déclaré qu'il était « inutile » que M. Tillerson vienne à Moscou avec un « ultimatum ». Elle a également ajouté que si M. Tillerson voulait faire progresser les relations diplomatiques américano-russes, il devrait commencer par mettre M. Trump et son administration sur la même longueur d'onde concernant la stratégie en Syrie.
« On ne sait pas exactement ce qu'ils feront en Syrie et ailleurs, comme en Corée du Nord. Personne ne comprend ce qu'ils feront au Moyen-Orient, car c'est une région très complexe », a déclaré Mme Zakharova à la chaîne de télévision russe Dozhd.
Quelques semaines avant sa visite en Russie, M. Tillerson espérait que la lutte contre l'État islamique serait au cœur de son voyage. Or, l'attaque chimique en Syrie et l'ingérence russe dans l'élection américaine ont éclipsé ce que M. Tillerson avait affirmé comme sa priorité absolue.
M. Poutine a décerné à M. Tillerson, ancien PDG de la société pétrolière et gazière ExxonMobil, l'Ordre russe de l'Amitié. Cependant, de nombreux analystes estiment que ce voyage de M. Tillerson, alors secrétaire d'État américain, rencontrera de nombreuses difficultés et ne produira probablement pas les résultats escomptés.
Selon Tien Phong
