L'ambition de la Russie de développer une marine égale à celle des États-Unis et de la Chine

Un navire de guerre russe lors du défilé de la Journée de la Marine à Saint-Pétersbourg. Photo : AFP

Et ce n'est pas tout. Les unités russes du Pacifique recevront 37 nouveaux navires d'ici 2024, soit une avancée considérable par rapport aux 28 nouvelles unités reçues dans la région au cours de la dernière décennie.

Cela prouve que, malgré des programmes extrêmement coûteux, notamment celui de construction de nouveaux destroyers de classe Leader et de porte-avions Storm, le Kremlin continue de promouvoir des modernisations navales ambitieuses.

Le Kremlin estime qu'il est primordial de moderniser ses capacités militaires pour qu'elles correspondent au potentiel militaire des États-Unis et de la Chine. Par conséquent, le pays doit investir davantage dans la défense, sachant que le budget de la défense de Washington est dix fois supérieur à celui de Moscou, tandis que celui de Pékin est cinq à six fois supérieur.

M. Alexey Muraviev, professeur associé à l'Université Curtin (Australie), a déclaré que l'augmentation des dépenses de défense et l'achat de nouvelles armes ont soulevé des doutes quant à la possibilité pour la Russie de modifier sa doctrine militaire, en particulier dans la région de l'Est, en passant de la défense côtière dans la région du Pacifique à des opérations offshore plus larges.

« Au cours des cinq dernières années, la marine russe a considérablement accru son rythme opérationnel, ses zones d'opérations et le nombre d'unités déployées en première ligne. Le pays a atteint un niveau d'opérations de combat comparable à celui de la Guerre froide, déployant en permanence entre 70 et 100 navires de guerre et navires auxiliaires », a commenté le professeur associé Muraviev.

Le président russe et le président américain. Photo : AP

Entre-temps, selon l'amiral Vladimir Korolev, commandant de la marine russe, les navires de guerre du pays ont été utilisés 17 100 fois en mer en 2017, soit une augmentation de 1 500 jours par rapport à 2016.

Cela montre que, bien que la marine russe soit plus petite aujourd’hui qu’elle ne l’était à l’époque soviétique, elle a retrouvé ses capacités de déploiement de l’époque de la guerre froide.

« La marine russe a désormais étendu sa portée opérationnelle à long rayon d'action aux zones d'opérations traditionnelles de son prédécesseur soviétique, atteignant l'océan Indien et l'Antarctique. Bien que ses forces déployables soient plus réduites que celles de la flotte soviétique, elle a poursuivi une opération intense et prolongée dans le Pacifique de 2014 à 2017 », a déclaré le professeur associé Muraviev.

Durant cette période, les navires de guerre russes opéraient dans toute l’Asie du Sud-Est, près de la Corne de l’Afrique, du sud-ouest de l’océan Pacifique et de la mer Méditerranée.

Dans un contexte de tensions avec l'OTAN, la Russie privilégie les opérations maritimes en Méditerranée, en mer Noire, en mer Baltique et en mer du Nord. Alors que les tensions sino-américaines et russo-américaines s'intensifient dans diverses zones géographiques, les marines russe et chinoise pourraient coopérer dans certains domaines.

M. Muraviev a commenté : « Il est possible que les constructeurs navals chinois participent à certains programmes de construction navale pour la marine russe ».