La Russie déploie des mesures pour aveugler les tirs ennemis des HIMARS

L'Ukraine a récemment mené des attaques répétées contre les infrastructures et les principales voies d'approvisionnement russes dans le sud du pays afin de paralyser les forces ennemies. Elle a attaqué deux ponts stratégiques près de la région de Kherson : le pont Antonivsky et le pont ferroviaire sur le Dniepr. Les médias ukrainiens ont rapporté que les ponts Antonivka et Darivka, ainsi qu'une route à proximité du barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka, avaient été attaqués par les forces ukrainiennes utilisant le système HIMARS. La Russie utilise ces voies pour transporter du matériel lourd et des armes.

Les États-Unis ont tiré le système HIMARS. Photo : Wikipédia

Il s'agit de la première étape du plan ukrainien visant à encercler et à reprendre Kherson, une ville portuaire clé tombée aux mains de la Russie en mars. Seule ville sous contrôle russe à l'ouest du Dniepr, le sort de Kherson pourrait déterminer l'issue de la guerre. Si l'Ukraine reprend la ville et désactive ses ponts clés, elle peut bloquer efficacement l'avancée russe des deux côtés du fleuve. En revanche, si la Russie tient Kherson, elle pourrait servir de tremplin à une nouvelle offensive russe visant à s'emparer de la ville portuaire d'Odessa.

La Russie tente désormais de contrer les tirs ennemis en mettant en œuvre une série de contre-mesures. Non seulement elle intensifie ses attaques visant à détruire les systèmes HIMARS ou leurs installations de stockage, mais Moscou tente également d'exploiter les faiblesses du système pour « aveugler » l'ennemi. Moscou a déployé une série de réflecteurs radar coniques dans l'eau à l'ouest du pont Antonivsky et près du pont ferroviaire.

Après avoir été équipée d'armes à longue portée comme le HIMARS par les États-Unis, l'Ukraine a renforcé son avantage en matière de contre-attaques. Moscou a également accusé Kiev d'avoir lancé une attaque de drones contre son quartier général de la flotte de la mer Noire. Grâce à la puissance et à la grande mobilité du HIMARS, de nombreuses armes et véhicules russes seront plus vulnérables sur le champ de bataille. Mais la situation pourrait évoluer à mesure que la Russie prend conscience des faiblesses de ce système.

Le mécanisme d'utilisation des réflecteurs radar consiste à créer des images virtuelles à côté des images réelles sur le radar satellite adverse. La Russie a installé ces dispositifs à deux endroits, à proximité de deux ponts réels, afin de créer des ponts « fantômes » qui trompent le radar satellite et facilitent les attaques du système de missiles ennemi. Cela donnera aux forces russes le temps de réparer les ponts réels, tout en évitant les risques d'attaques. Actuellement, le seul moyen pour Moscou de conserver sa place forte à Kherson est de maintenir ses lignes de ravitaillement sur le Dniepr.

Ce n'est pas la première fois que la Russie recourt à cette contre-mesure pour se défendre contre des attaques ukrainiennes. Début juillet, Moscou a déployé des barges leurres équipées de réflecteurs radar et de dispositifs fumigènes pour protéger le pont de Kertch reliant la Russie à la Crimée.

Il est peu probable que les HIMARS ciblent le pont bien défendu de Kertch, mais ils pourraient facilement frapper les ponts de Kherson.

Expliquant l'utilisation des réflecteurs radar coniques russes, l'expert en défense Girish Linganna a déclaré : « En Ukraine, de nombreux rapports indiquent que l'armée utilise le GMLRS (système de lance-roquettes multiple guidé) avec guidage inertiel et GPS intégré. Ce système a causé de lourdes pertes aux forces russes à Kherson. L'avantage du HIMARS est sa capacité à cibler avec précision en zone urbaine. »

Pour contrer ce système, la Russie a déployé des réflecteurs radar coniques pour dévier les signaux radar. Si les soldats ukrainiens pouvaient détecter la cible visuellement, le système HIMARS, qui intègre des équipements radar et d'imagerie satellitaire, ne peut l'identifier clairement si elle est déviée de cette manière. Le système traite toute la partie incurvée comme une surface plane. Les Russes ont exploité une faille technique du système HIMARS pour protéger leurs lignes de ravitaillement », a ajouté Girish Linganna.

Le but des réflecteurs radar ou objets métalliques rugueux parfois appelés réflecteurs d'angle est de tromper les radars satellites, les amenant à fournir de fausses informations au HIMARS, ce qui entraîne une mauvaise identification et des cibles manquées.

« Le GMLRS utilise les coordonnées GPS de la cible et son système de navigation inertielle. Les coordonnées GPS sont fournies par diverses sources, comme les satellites. Ces derniers utilisent un radar pour les capter. Le HIMARS n'utilise pas de missiles guidés par radar, mais les systèmes qui lui fournissent les coordonnées GPS utilisent un radar pour suivre la cible », explique l'expert Girish Linganna.

Alors que beaucoup se demandent si quelque chose d’aussi simple que l’utilisation de réflecteurs radar serait réellement efficace contre des armes sophistiquées comme HIMARS, les experts militaires affirment que la décision de la Russie pourrait être basée sur une idée bien pensée, et Moscou semble vouloir prouver que les réflecteurs radar sont une option viable pour protéger les ponts.