Penser au respect des enseignants

Hai Trieu DNUM_BEZBBZCABI 16:46

(Baonghean.vn) - Aujourd'hui, en recevant un courriel de mon professeur principal au lycée, alors que j'étudiais en France, je me suis souvenu des farces qu'il avait subies dans ma classe. Soudain, j'ai réalisé qu'enseigner est un métier qui exige un courage immense.

Le professeur principal s'appelle Éric, mais en France, les élèves doivent appeler le professeur « Monsieur » avec leur nom de famille. Le nom propre ne s'utilise qu'entre amis du même âge ou très proches. Cependant, les élèves de la classe appellent toujours le professeur « Éric », non « Monsieur », rien de plus, comme s'ils appelaient un ami. « Bonjour Éric », « Bon week-end Éric », « Ne donne pas trop de devoirs aujourd'hui Éric »… aux salutations grossières des élèves, on répond par une réprimande (plutôt une supplication) : « Appelez-moi Monsieur. Salut, mesdames et messieurs ! » Et notre réponse est toujours : « D'accord, Éric ».

Eric gardait un poisson rouge nommé Lou à son bureau en classe. Chaque fois qu'il devait quitter la salle pour aller chercher du matériel, Eric revenait précipitamment et était accueilli par des élèves qui le prenaient avec des filets pour jouer. Une autre fois, alors qu'il rangeait soigneusement l'aquarium dans une vitrine fermée à clé avant de quitter la classe, nous grimpions sur la vitrine, retirions le crâne du squelette de dinosaure et le cachions dans le dortoir. Du coup, le pauvre Eric passait les cinq premières et dernières minutes de chaque cours à nous supplier de remettre le crâne, car c'était amusant d'exposer un squelette de dinosaure sans tête en permanence.

Eric avait un taux de cholestérol élevé et faisait donc très attention à son alimentation. Nous l'avons appris lorsqu'un de nos camarades a apporté en classe un gâteau au chocolat entier préparé par sa mère et l'a découpé pour que toute la classe puisse le manger. Apparemment las de nous réprimander pour nos bêtises, Eric a simplement soupiré et dit : « S'il vous plaît, ne laissez pas de miettes sur la table ! » Voyant son air pitoyable, nous l'avons invité à manger le gâteau, mais il a refusé, car le chocolat est mauvais pour les personnes ayant un taux de cholestérol élevé. Cela a surpris toute la classe, car il y avait toujours une boîte de chocolat instantané en classe, que nous préparions et buvions souvent pendant les longs cours. Il s'est avéré qu'Eric avait acheté cette boîte de chocolat pour nous, non pas parce qu'il aimait ça. Pourtant, pendant longtemps, nous avons été ravis de le voir s'énerver chaque fois que les élèves lui « volaient » son chocolat.

Outre Eric, je me souviens d'autres professeurs : un professeur de géographie qui s'asseyait toujours à son bureau et adorait jouer avec les mots pour taquiner les élèves, un professeur de français à la barbe touffue qui, chaque fois qu'il la rasait, surprenait toute la classe, pensant qu'il y avait un nouveau professeur. Ce professeur barbu, bien que barbu, était étonnamment doux. Un jour, alors que nous parlions trop fort en classe, il ne nous a pas grondés, mais nous a simplement gentiment conseillé : « Parlez doucement, pour ne pas réveiller Pierre qui dort ! » Nous étions tellement amusés que nous en avons oublié de parler, et Pierre a été réveillé par le silence soudain de la classe. Il y avait aussi une professeure de philosophie, si petite que, même assise les jambes allongées sur le bureau, son corps entier rentrait dans la table sans être visible. Elle venait souvent dormir dans le dortoir des filles et, à chaque fois, les filles se faufilaient dans sa chambre pour bavarder, faire de la voyance et regarder des films jusque tard dans la nuit. Il est difficile de désigner la personne la plus aimée des élèves, mais s'il s'agit d'être la plus détestée, personne ne peut surpasser le surveillant, M. Dupont. On ne prend jamais la peine de l'appeler par son prénom, et peu importe son nom, car à chaque fois qu'on le rencontre, il se passe quelque chose de grave. Au mieux, on nous retire des points pour notre conduite, au pire, on nous punit. Si on nous montre ce type avec un miroir magique, il apparaîtra comme une caméra de surveillance géante, apparaissant toujours soudainement pour nous surprendre en flagrant délit de trouble à l'ordre public.

En France, les enseignants n'ont pas de vacances, et les relations entre enseignants et élèves sont plutôt informelles, voire amicales. Après l'obtention de leur diplôme, les élèves peuvent appeler leurs professeurs par leur prénom (bien sûr, Éric est une exception) et, s'ils se rencontrent par hasard dans la rue, ils s'invitent volontiers dans un café pour discuter, comme deux amis qui ne se sont pas vus depuis longtemps. Mais ne confondez pas cela avec un manque de respect envers les enseignants. Au contraire, nous les respectons beaucoup, mais plus ou moins différemment de la façon dont les élèves respectent les enseignants au Vietnam. Nous les respectons, et non leurs titres professionnels. C'est un respect proactif et volontaire, et non parce qu'on nous a dit : « Nous devons les respecter parce qu'ils sont nos professeurs. » Je pense que c'est ça le vrai respect. Tout comme dans le cas d'Éric et de M. Dupont, le mot « M. » ici ne veut rien dire.

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