Des Américains protestent contre la réaction du président Trump face aux manifestants.

Manifestants à Washington, D.C., États-Unis, le 2 juin. Photo : Reuters

Des manifestations, dont certaines ont dégénéré en violences, ont éclaté la semaine dernière après la diffusion d'une vidéo montrant un policier de Minneapolis agenouillé sur le cou de George Floyd pendant près de neuf minutes, même après que ce dernier ait perdu connaissance. Le policier a été inculpé de meurtre.

Le sondage, réalisé les 1er et 2 juin, a révélé que 64 % des adultes américains « sympathisent avec ceux qui manifestent à l'extérieur », tandis que 27 % se disent en désaccord et 9 % sont indécis.

Le sondage révèle les risques politiques encourus par M. Trump, qui a adopté une ligne dure face aux manifestations et menacé de déployer l'armée pour réprimer les violences. Le président républicain affrontera le candidat démocrate Joe Biden lors de l'élection de novembre.

Plus de 55 % des Américains se disent désapprouvant la gestion des manifestations par M. Trump, dont 40 % la désapprouvent « fortement », tandis qu'un tiers seulement se dit favorable – un pourcentage inférieur aux 39 % qui approuvent son bilan global.

Un autre sondage Reuters/Ipsos a également révélé que, parmi les électeurs inscrits, M. Biden devance M. Trump de 10 points de pourcentage, soit l'écart le plus important depuis que l'ancien vice-président américain est devenu le candidat du Parti démocrate début avril.

Le nombre d'électeurs indépendants qui désapprouvent la gestion des troubles par Trump a également doublé. Même parmi les républicains, seuls 67 % approuvent sa réaction, un chiffre bien inférieur aux 82 % qui se disent satisfaits de son bilan global.

Préoccupations liées à la violence

Les manifestations ont mis en lumière la crise que traverse un pays déjà aux prises avec la pandémie de Covid-19 et ses conséquences économiques. Si de nombreuses manifestations diurnes se sont déroulées pacifiquement, certaines ont dégénéré en affrontements violents la nuit entre la police et les manifestants.

Une majorité de républicains et de démocrates se disent favorables aux manifestations pacifiques, mais estiment que les dégâts matériels compromettent l'objectif des manifestants. Moins d'un quart des Américains considèrent la violence comme une réponse appropriée.

Même dans les zones rurales et périurbaines épargnées par les manifestations, la plupart des habitants ont exprimé leur soutien. Plus de la moitié des résidents ruraux sympathisent avec les manifestants, tandis qu'en zone périurbaine, sept personnes sur dix partagent cet avis.

Quarante-sept pour cent des électeurs inscrits ont déclaré qu'ils prévoyaient de soutenir M. Biden lors de l'élection du 3 novembre, contre 37 % qui soutiennent M. Trump.

L'opinion publique pourrait facilement basculer au gré des manifestations nocturnes dans les grandes villes. Plusieurs policiers ont été blessés par balle vendredi soir, et M. Trump s'est moqué des gouverneurs d'État qui n'ont pas sollicité l'aide de l'armée.

Le 1er juin également, la police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants pacifiques près de la Maison Blanche, afin que M. Trump puisse se faire photographier devant une église.

Les Américains sont également partagés quant à la réaction de la police. Selon le sondage, 43 % estiment que la police fait du bon travail, tandis que 47 % sont en désaccord. Une majorité de démocrates sont en désaccord, et une majorité de républicains sont d'accord.

Le sondage Reuters/Ipsos sur les manifestations a été réalisé en ligne, en anglais, à l'échelle nationale, auprès de 1 004 adultes américains. La marge d'erreur est de +/- 4 points de pourcentage.