Qu’est-ce qui a conduit aux émeutes meurtrières qui ont forcé la France à déclarer l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie ?
(Baonghean.vn) - La France a ordonné à l'armée de protéger les ports et aéroports internationaux du territoire pacifique de la Nouvelle-Calédonie, alors que l'état d'urgence a été déclaré le 16 mai, après deux nuits d'émeutes qui ont fait quatre morts et des centaines de blessés.

Amourl'État le plus violent depuis 4 décennies
Le chaos est survenu après que l'Assemblée nationale française a approuvé des changements controversés à la liste électorale qui, selon les dirigeants autochtones kanak, dilueraient l'influence de leurs votes.
Le président français Emmanuel Macron a proposé de s'entretenir le 16 mai avec les députés de Nouvelle-Calédonie et a approuvé le recours aux forces de sécurité et un couvre-feu nocturne pour mettre fin aux pires violences depuis quatre décennies.
Des magasins ont été pillés et des bâtiments publics incendiés lors des émeutes qui ont duré toute la nuit. Les autorités ont indiqué que quatre personnes, dont un gendarme, avaient été tuées. Des centaines de personnes ont été blessées, ont-elles ajouté.
La Nouvelle-Calédonie, située entre l'Australie et les Fidji, est l'un des rares territoires au monde à être resté un territoire français à l'époque postcoloniale. Colonisée par la France dans la seconde moitié du XIXe siècle, elle bénéficie d'un statut particulier, contrairement aux autres territoires d'outre-mer du pays.
Malgré trois référendums rejetant l’indépendance, le soutien à l’indépendance demeure fort au sein du peuple kanak.
M. Macron a appelé à une reprise du dialogue politique. Mais la porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot, a déclaré que le gouvernement français avait approuvé l'état d'urgence dès le matin du 16 mai.
Le Premier ministre Gabriel Attal a déclaré lors d'une réunion ministérielle sur la crise que des troupes avaient été déployées pour protéger les ports et aéroports internationaux et que les autorités de Nouvelle-Calédonie avaient « interdit TikTok », affirmant que la plateforme de médias sociaux avait été utilisée par les émeutiers.
L'aéroport de Nouvelle-Calédonie a suspendu ses vols internationaux. M. Attal a déclaré que la situation en Nouvelle-Calédonie était « grave », mais que la priorité du gouvernement était de « rétablir le calme » afin qu'un dialogue puisse s'instaurer.
En cas d'état d'urgence, les autorités pourront imposer des interdictions de voyager, des assignations à résidence et des perquisitions, a ajouté M. Thevenot.
Cinq militants indépendantistes radicaux accusés d'avoir organisé les violences ont été immédiatement placés en résidence surveillée, ont indiqué les autorités.
La délégation du gouvernement français à Nouméa a indiqué le 16 mai qu'environ 70 personnes avaient été interpellées au cours des dernières 24 heures. Le chef de la délégation, Louis Le Franc, a indiqué qu'environ 200 « émeutiers » avaient été interpellés au cours de la semaine, qualifiant la situation de « violente ».
Outre le couvre-feu nocturne, il est également interdit de se rassembler, de porter des armes et de vendre de l'alcool.
Le Franc a ajouté que des troupes et des forces de sécurité seraient envoyées en Nouvelle-Calédonie et que jusqu'à présent, 64 policiers et forces de sécurité avaient été blessés dans les émeutes.
Près de 1.800 agents des forces de l'ordre ont été mobilisés et 500 autres seront déployés, a indiqué un porte-parole du gouvernement.
Le président Macron a annulé un voyage prévu en province française pour présider une nouvelle réunion d'urgence le 16 mai.

Incendies criminels et pillages
À Nouméa et à Païta, des échanges de coups de feu ont été signalés entre des groupes d'autodéfense et des manifestants.
Les rues de la capitale de la Nouvelle-Calédonie étaient jonchées de carcasses de voitures calcinées et de bâtiments incendiés. « De nombreux incendies criminels et pillages de magasins, d'infrastructures et de bâtiments publics, notamment d'écoles primaires et secondaires, ont eu lieu », a déclaré le gouvernement local.
Dans un communiqué, les forces de sécurité ont indiqué avoir repris le contrôle de la prison de Nouméa, qui abrite une cinquantaine de détenus, après une révolte et une tentative d'évasion de détenus.
Alors que les citoyens descendaient dans la rue, l'Assemblée nationale française, à 17 000 km de là, a voté pour permettre aux personnes résidant en Nouvelle-Calédonie depuis dix ans de voter. La réforme doit encore être approuvée par les deux chambres du Parlement français.
Les forces indépendantistes affirment que cela diluerait le vote du peuple kanak, un groupe autochtone qui représente environ 41 % de la population de la Nouvelle-Calédonie.
Mais les partisans de la réforme affirment que la liste électorale n'a pas été mise à jour depuis 1998, ce qui exclut les insulaires arrivés plus tard des élections provinciales.
Les députés français voteront pour approuver définitivement la modification constitutionnelle d'ici fin juin, à moins que les partis d'opposition de Nouvelle-Calédonie ne s'accordent sur un nouveau texte qui « tienne compte des progrès réalisés et des aspirations du peuple », a déclaré M. Macron.
Les partis indépendantistes et anti-indépendantistes de Nouvelle-Calédonie ont publié une déclaration commune appelant au « calme et à la raison » pour revenir dans l'archipel, ajoutant que « notre destin est de continuer à vivre ensemble ».