Le diplomate Nguyen Manh Cam et l'histoire de l'apprentissage des langues étrangères
(Baonghean) - À l'occasion du 40e anniversaire de la signature de l'Accord de Paris (1973-2013), mes collègues et moi avons rencontré et interviewé le diplomate chevronné Nguyen Manh Cam à son domicile à Hanoï. Tandis que mes collègues posaient de nombreuses questions sur la négociation et la signature de l'Accord, je ne comprenais pas pourquoi j'accordais autant d'attention à une anecdote qu'il avait racontée par hasard : celle de son apprentissage des langues étrangères.
(Baonghean) - À l'occasion du 40e anniversaire de la signature de l'Accord de Paris (1973-2013), mes collègues et moi avons rencontré et interviewé le diplomate chevronné Nguyen Manh Cam à son domicile à Hanoï. Tandis que mes collègues posaient de nombreuses questions sur la négociation et la signature de l'Accord, je ne comprenais pas pourquoi j'accordais autant d'attention à une anecdote qu'il avait racontée par hasard : celle de son apprentissage des langues étrangères.
M. Nguyen Manh Cam s'est entretenu avec l'auteur de l'article à son domicile à Hanoi.
Photo : Le Anh Dung
Beaucoup savent que Nguyen Manh Cam fut le dernier ambassadeur du Vietnam en Union soviétique (1991) et pensent qu'il devait être bien formé et très compétent, et qu'il ne maîtrisait que le russe. Même un célèbre diplomate vietnamien était du même avis. Aussi, lorsqu'il entendit M. Cam parler français, il fut agréablement surpris et s'exclama : « Alors, vous parlez aussi français ? »
Pour être précis, M. Cam parle couramment au moins trois langues étrangères : le français, le chinois et le russe. Quant au français, il l'a étudié dès son plus jeune âge dans la seule école française de Vinh à l'époque, le Collège national de Vinh. Les professeurs enseignaient en français, obligeant les élèves qui ne connaissaient pas cette langue à abandonner leurs études. Il plaisantait en disant qu'en zone franche, il y avait un bon professeur qui parlait encore français avec un accent de Thanh Chuong, mais qu'il ne pouvait pas savoir quel accent il parlait, car il avait étudié de manière formelle, parlait couramment, écrivait bien et, bien sûr, personne ne pouvait savoir qu'il était… natif de Nghe An.
En 1952, il fut envoyé en Chine pour étudier le russe pendant plus d'un an et entra dans la diplomatie. Il raconta que lors de son premier séjour en Union soviétique, il n'entendait qu'un ou deux mots par phrase lorsqu'il écoutait ses amis. Il dut donc étudier et s'entraîner différemment des autres. Chaque jour, il se levait à 5 heures du matin, allumait la radio soviétique pour écouter et, surtout, pour étudier. La voix des présentateurs était des plus standard – s'il n'étudiait pas là-bas, où aurait-il pu étudier ailleurs, n'est-ce pas ? Il écoutait et étudiait donc tous les jours de 5 heures à 8 heures, c'est-à-dire jusqu'aux heures de travail des autres, puis il arrêtait d'étudier seul.
Il a appris très vite et a très bien assimilé le vocabulaire, si bien qu'au bout d'un certain temps, « il pouvait écouter et comprendre les discours des présentateurs, ce qui a permis à tout le monde de bien commencer ». De plus, il a fait des recherches et acheté des billets pour assister à des spectacles artistiques pour enfants soviétiques, car les prix des places pour enfants étaient toujours très abordables, adaptés à son budget de l'époque. De plus, il a pu y apprendre la prononciation et les expressions du peuple russe, en commençant par les enfants.
C'est ainsi qu'il commença à bien remplir sa tâche d'interprète russe à l'époque du premier ambassadeur du Vietnam en Union soviétique, M. Nguyen Luong Bang.
Il a admis qu'une fois qu'on maîtrise une langue étrangère, apprendre d'autres langues est assez facile. Il n'a pas sous-estimé le talent de chacun pour les langues étrangères, mais a affirmé que seuls le travail acharné, assidu et créatif peuvent atteindre les résultats souhaités. Apprendre une langue étrangère ne fait pas exception à cette règle simple !
Notre conversation avec lui a été longue et intéressante. J'ai été profondément touché par ses propos, ses mots, ses paroles lentes, imprégnés de la vie active d'un diplomate chevronné. Plus particulièrement, c'est l'histoire d'une personne à qui l'on confie une grande responsabilité pour l'éducation et la formation du pays : il est le président de l'Association vietnamienne pour la promotion de l'éducation !
Nam Son (Hanoï)