L’humanité est-elle au bord d’une guerre de l’eau ?
Le manque de ressources en eau est la principale cause conduisant à de nombreuses autres conséquences imprévisibles, c'est pourquoi l'eau devient un sujet important dans les forums internationaux.
Les décideurs politiques prédisent qu'avec une pollution de plus en plus grave, une population croissante et les conséquences du changement climatique, l'eau potable deviendra bientôt une ressource aussi précieuse que le pétrole. Or, le pétrole peut être remplacé par d'autres combustibles comme les biocarburants, le gaz… ou l'électricité, mais l'eau est irremplaçable, et tous les peuples du monde en ont besoin pour vivre.
L'Organisation des Nations Unies (ONU) estime que la population mondiale atteindra 9 milliards d'habitants d'ici 2040, et que les réserves d'eau douce de la planète ne répondront qu'à 70 % de la demande. Les rapports sur l'environnement et le développement estiment qu'un huitième de la population mondiale, soit près d'un milliard de personnes, manque actuellement d'eau potable, et qu'un cinquième de la population mondiale ne dispose pas de suffisamment d'eau potable pour sa consommation quotidienne.
Selon l'Institut international de l'eau de Stockholm, l'eau sale tue plus de personnes que les tremblements de terre et les guerres. Chaque jour, environ 5 000 enfants meurent de maladies liées à l'eau sale et 2 millions de personnes meurent de maladies causées par la consommation d'eau contaminée.
L’agriculture représente environ 70 % du total mondial des prélèvements d’eau douce pour répondre à la demande alimentaire. |
Parallèlement, l'agriculture représente environ 70 % du total mondial des prélèvements d'eau douce pour répondre à la demande alimentaire. Les réserves mondiales actuelles d'eau douce ne suffiront pas à répondre à la demande, menaçant ainsi les approvisionnements alimentaires mondiaux et ralentissant ainsi la croissance économique mondiale.
En outre, les catastrophes naturelles, la pénurie et la baisse de la qualité de l’eau, combinées à la pauvreté et aux tensions sociales, contribueront à accroître l’instabilité, ce qui pourrait conduire à des tensions politiques et à l’effondrement de nombreux pays.
Le manque d'eau potable est un problème urgent, mais la situation s'aggrave à mesure que les ressources en eau s'épuisent. Des déserts comme le Sahara s'étendent ; le lac Tchad perd près de 100 mètres d'eau chaque année ; les glaciers de l'Himalaya, autrefois surnommés les « châteaux d'eau de l'Asie », fondent à un rythme alarmant, affectant gravement le débit des principaux fleuves d'Asie.
L'ONU prévoit que d'ici 2025, environ 1,8 milliard de personnes vivront dans des pays ou des régions en situation de « pénurie absolue d'eau » et que d'ici 2030, la moitié de la population mondiale vivra dans des zones soumises à un stress hydrique, à moins que la situation actuelle ne s'améliore.
L'Afrique, qui abrite 15 % de la population mondiale, ne possède que 9 % de ses ressources en eau renouvelables. L'Égypte, puissant pays en aval, a menacé à plusieurs reprises d'entrer en guerre pour résoudre les conflits liés au Nil. C'est uniquement parce que les deux pays en amont, le Soudan et l'Éthiopie, sont en proie à une guerre civile et trop pauvres pour construire des barrages pour stocker l'eau, que de nouvelles guerres n'ont pas encore éclaté, mais qu'ils sont confrontés à des « conflits potentiels liés à l'eau ».
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L'ONU prévoit que d'ici 2025, environ 1,8 milliard de personnes vivront dans des pays ou des régions confrontés à une « pénurie absolue d'eau » et que d'ici 2030, |
La concurrence transfrontalière pour les ressources en eau douce est également une réalité en Asie, où les réserves d'eau douce par habitant sont les plus faibles par rapport aux autres continents. Cette course aux ressources en eau douce en Asie exerce une pression sur l'agriculture et la pêche, détruit les écosystèmes et menace gravement la paix et la stabilité à long terme du pays.
Selon les prévisions, le risque de guerre lié aux ressources en eau dans les années à venir est relativement faible. Cependant, après 2022, l'utilisation de l'eau comme arme de guerre ou instrument de terrorisme sera 40 % plus élevée qu'aujourd'hui, notamment en Asie du Sud, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, régions confrontées à de graves pénuries d'eau.
Dès 2002, l'académicien russe Abalkin affirmait dans un livre qu'il existait près de 2 000 points dans le monde où des conflits pour l'eau potable étaient en jeu. En avril 2012, un rapport des agences de renseignement américaines sur la sécurité de l'eau potable indiquait que les inondations, les sécheresses et les pénuries d'eau douce pourraient provoquer une instabilité mondiale importante et des conflits armés dans les décennies à venir, et que la surexploitation de l'eau pourrait menacer la sécurité nationale des États-Unis. Des conflits pour les réserves d'eau ont commencé à émerger, bien que locaux.
Les Nations Unies et les organisations environnementales mondiales ont mis en garde à plusieurs reprises contre les risques de pénurie d’eau, appelant le monde à dépenser 198 milliards de dollars (équivalent à 0,16 % du PIB mondial) par an pour réduire la pénurie d’eau et réduire de 50 % le nombre de personnes dans le monde sans accès durable à des sources d’eau potable.
La crise de l'eau entraînera des crises sanitaires, agricoles, économiques, climatiques et même politiques. La guerre de l'eau est une conséquence inévitable qui se produira dans un avenir proche en l'absence de politique appropriée. Elle mènera inévitablement à une guerre sous tous ses aspects, plus féroce encore que la guerre du pétrole.