Le Japon établit un record mondial de vitesse internet, atteignant 1 milliard de Mbps.

Les débits Internet sont généralement mesurés en mégabits par seconde (Mbps), les services haut de gamme atteignant désormais des gigabits par seconde (Gbps), soit 1 000 Mbps. Cependant, une équipe de chercheurs japonais, dirigée par l’Institut national des technologies de l’information et des communications (NICT), en collaboration avec Sumitomo Electric Industries, vient de franchir une étape historique, dépassant toutes les normes, avec un débit de transmission de données de 1,02 pétabits par seconde, soit 1 020 000 000 Mbps.

Cette vitesse est telle qu'elle permet de télécharger plus de 1 500 fichiers de 80 Go en moins d'une seconde. Même un jeu d'environ 150 Go peut être téléchargé en une fraction de seconde. Cette prouesse technique est impressionnante et ouvre la voie à de nombreuses technologies d'avenir comme la 6G, la réalité virtuelle/augmentée (RA/RV), l'intelligence artificielle (IA) ou les véhicules autonomes – des domaines actuellement limités par la bande passante.

Ce qui rend ce record exceptionnel, ce n'est pas seulement la vitesse, mais aussi la distance de transmission. L'équipe avait déjà atteint 319 Tbit/s en 2021 et 1,7 Gbit/s en 2023, mais seulement sur une distance d'environ 64 kilomètres. Cette fois-ci, les données ont été transmises à une vitesse de 1,02 Gbit/s sur une distance de près de 1 800 kilomètres.

Il s'agit d'un défi de taille, car le signal dans les câbles à fibres optiques s'atténue généralement progressivement avec la distance. Cependant, les chercheurs ont surmonté cet obstacle grâce à des améliorations majeures dans la conception du système et la technologie de transmission. Cette réussite constitue non seulement un nouveau record mondial, mais aussi une avancée importante vers la construction d'une infrastructure Internet ultrarapide pour l'avenir.

Comment ont-ils fait ?

Le plus impressionnant dans ce record, c'est qu'il ne nécessite pas la reconstruction de toute l'infrastructure. Au lieu d'utiliser un seul cœur optique comme pour les câbles traditionnels, l'équipe a employé un câble de pointe développé par Sumitomo Electric, intégrant jusqu'à 19 cœurs optiques dans une gaine standard de seulement 0,125 mm d'épaisseur, soit la même taille que les câbles optiques actuels.

Grâce à cette conception novatrice, au lieu de transmettre toutes les données sur un seul chemin, le signal est divisé et transmis simultanément sur 19 cœurs distincts, ce qui augmente la vitesse globale tout en restant compatible avec les infrastructures existantes. Il s'agit d'un avantage stratégique majeur, car il permet d'accroître la capacité du réseau sans avoir recours à de nouvelles tranchées ni au remplacement de câbles à grande échelle.

Pour simuler la transmission sur une distance ultra-longue, les scientifiques ont utilisé 21 relais amplificateurs optiques spéciaux, garantissant ainsi que le signal reste stable et puissant sur toute la longueur de près de 1 800 km.

Cependant, amplifier simultanément tous les flux de données provenant de 19 cœurs sans provoquer de diaphonie représente un défi de taille. Pour le relever, ils ont mis en œuvre une technologie avancée de traitement du signal à entrées et sorties multiples (MIMO), qui leur permet de « démêler » et de reconstruire les signaux superposés afin de retrouver le flux de données original et précis.

Bien que cette technologie soit encore au stade de la recherche, son potentiel d'application est immense. À long terme, les opérateurs de réseau pourront considérablement augmenter les débits de transmission sans avoir à étendre physiquement le réseau câblé.

Bien sûr, de nombreux obstacles restent à surmonter, tels que les interférences entre les cœurs de réseau, les processus de fabrication complexes ou les exigences matérielles compatibles, mais les bases techniques éprouvées ouvrent un avenir prometteur pour l'Internet ultra-rapide.