Mission impossible pour les pays arabes ?
(Baonghean) - Ces derniers temps, alors que l'Europe peine à trouver des solutions à l'afflux d'immigrants en provenance de Syrie ou d'Irak, les riches pays du Golfe du Moyen-Orient semblent indifférents et n'ont guère réagi. Sous la pression et les critiques de la communauté internationale, les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique viennent de tenir des réunions d'urgence pour trouver des solutions à l'afflux de réfugiés. Mais les pays du Golfe sont-ils réellement disposés à apporter leur aide ? Les solutions proposées contribueront-elles à résoudre le problème à la racine ?
Les deux récentes réunions d'urgence constituent peut-être la mesure la plus claire prise par les pays arabes, y compris les pays du Golfe, pour manifester leur inquiétude et leur bonne volonté face à la crise migratoire depuis son déclenchement. Récemment, l'opinion publique de pays accueillant des réfugiés comme la Syrie, l'Irak, la Libye et même des pays occidentaux s'est interrogée sur l'absence quasi totale de mesures concrètes d'accueil des migrants dans les pays du Golfe, pourtant bien plus proches de l'Europe en termes de valeurs culturelles et religieuses. CNN a récemment publié des statistiques surprenantes montrant que, fin août 2015, plus de 4 millions de Syriens avaient fui leur pays pour demander l'asile. Pourtant, le nombre de réfugiés accueillis par les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), dont l'Arabie saoudite, le Koweït, Bahreïn, le Qatar, Oman et les Émirats arabes unis (EAU), est très modeste. Sur les six pays du Golfe, seuls les Émirats arabes unis ont accueilli 250 000 réfugiés, tandis que les autres n'en accueillent plus aucun. Les critiques sont d'autant plus vives que les pays arabes de la région qui accueillent actuellement des réfugiés n'ont pas un niveau de vie aussi élevé que les pays du Golfe. Selon le Fonds monétaire international (FMI), le revenu par habitant en Jordanie n'est que de 11 000 USD par an, tandis que la Turquie, qui accueille le plus grand nombre de réfugiés, affiche un revenu légèrement supérieur, avec 20 000 USD par an. Au Qatar, le revenu moyen est de 143 000 USD par personne et par an, au Koweït de 71 000 USD et en Arabie saoudite de 52 000 USD.
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Des réfugiés syriens marchent le long de la voie ferrée près du village serbe d'Horgos pour traverser la frontière hongroise. Source : CNN |
De nombreuses raisons ont été avancées pour expliquer cette « indifférence » des pays du Golfe. Premièrement, les six pays du Golfe ne sont pas signataires de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, adoptée après la Seconde Guerre mondiale, lorsque des centaines de milliers de réfugiés ont été contraints de quitter leur foyer à travers l'Europe. Cette convention a été amendée en 1967 pour inclure les réfugiés du monde entier, et pas seulement d'Europe. Par conséquent, en principe, les pays du Golfe n'ont aucune responsabilité ni obligation d'aider les réfugiés. Deuxièmement, il est clair qu'accueillir des réfugiés mettrait en danger la sécurité des pays du Golfe, car des terroristes comme l'État islamique pourraient facilement s'y infiltrer. Les pays du Golfe, qui sont réputés s'opposer au président syrien Bachar el-Assad et soutenir l'opposition dans ce pays, craignent également que les partisans d'Assad ne pénètrent sur leur territoire et ne se vengent d'eux. Troisièmement, selon ces pays, la crise des réfugiés est une conséquence des politiques des États-Unis et de l'Europe au Moyen-Orient. Il est donc inévitable que ce soient ces pays qui accueillent davantage de réfugiés, et non eux, les pays du Golfe. Récemment, les relations entre les pays du Golfe et leurs alliés américains ont également rencontré de nombreux problèmes, de sorte que ces pays ne seront pas disposés à supporter les conséquences causées par leurs alliés.
Cependant, il n'est pas tout à fait exact d'affirmer que les pays du Golfe restent à l'écart de la crise migratoire. Bien qu'ils n'accueillent pas de migrants, ces pays ont apporté un soutien financier important aux réfugiés dans des pays comme le Liban, la Jordanie et la Turquie. Par exemple, les Émirats arabes unis ont fourni 530 millions de dollars d'aide humanitaire à la Syrie au cours des quatre dernières années ; l'Arabie saoudite a également fourni environ 700 millions de dollars d'aide et a ouvert des cliniques dans divers camps de réfugiés. Cependant, l'opinion publique semble encore insatisfaite et se demande : les pays du Golfe peuvent-ils accueillir des migrants face à la crise migratoire de plus en plus grave ? C'est ce que font d'autres pays arabes de la région, comme le Liban, la Jordanie, l'Égypte et la Turquie.
Toutefois, lors des deux dernières réunions d'urgence, la solution retenue est restée très générale : les pays arabes feront de leur mieux. Cela est compréhensible, car, selon le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, la Jordanie et le Liban accueillent actuellement plus de 3 millions de réfugiés, un nombre qui dépasse leurs ressources financières. Parallèlement, pour les pays du Golfe, bien que les réfugiés soient majoritairement sunnites, comme la majorité de la population, les risques de perturbation de l'environnement sécuritaire constituent une porte qu'ils ne souhaitent pas ouvrir. S'ils sont contraints d'accepter, les petits pays du Golfe comme le Qatar ou les Émirats arabes unis (EAU) auront du mal à accueillir davantage de réfugiés. Ces deux pays comptent actuellement des millions de travailleurs étrangers, soit plus que la population locale. Il sera donc difficile d'accueillir des réfugiés. Par conséquent, à l'avenir, il est certain que le soutien financier aux réfugiés restera le choix des pays du Golfe. Cependant, cette mesure ne résoudra que la partie visible du problème.
Phuong Hoa
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