De nombreux mouvements militaires actifs de l'Europe en mer de Chine orientale
Selon le South China Morning Post, la France mènera en août de cette année un exercice militaire de grande envergure en Asie du Sud-Est avec la participation de l'armée de l'air.
Cette semaine, une patrouille conjointe franco-britannique est prévue en mer de Chine méridionale. Outre les deux navires de guerre français, elle comprendra deux destroyers britanniques et un hélicoptère amphibie. Quelle est la raison des opérations militaires actives de ces puissances européennes, pourtant éloignées de l'Asie ?
C'est le sujet abordé dans un commentaire exclusif pour Sputnik par l'expert militaire russe Vasili Kashin.
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De plus en plus de pays européens renforcent leur présence en mer de Chine méridionale. |
Par exemple, le Royaume-Uni rappelle l'ancien accord de défense à cinq, auquel participaient le Royaume-Uni lui-même, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, Singapour et la Malaisie. La France a progressivement renforcé sa présence militaire dans ses territoires du Pacifique. Les deux pays ont initié des interactions de défense avec des pays de la région qui n'entretiennent pas de relations d'alliance avec eux.
La Grande-Bretagne et la France ont fait preuve de solidarité avec les États-Unis sur les questions liées à la situation en mer de Chine méridionale. Depuis 2014, les deux pays envoient leurs navires de guerre dans la zone. Fin mai de cette année, deux navires de guerre français ont navigué à proximité d'îles actuellement contrôlées par la Chine en mer de Chine méridionale.
Les Européens ne renforcent pas leur coûteuse présence militaire en Asie en raison de leur puissance. Au contraire, ils sont faibles et incapables de résoudre seuls les problèmes stratégiques les plus simples dans les régions limitrophes de l'Europe. L'expérience de l'opération de la coalition en Libye en 2011 et de l'opération française « Serval » au Mali montre que même les plus grandes puissances européennes dépendent entièrement du soutien militaire américain.
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Des navires en exercice en mer de l'Est ? |
Les forces armées européennes sont confrontées à des systèmes d'acquisition d'armes complexes et coûteux, ainsi qu'à un manque de financement. Par exemple, avant que la France ne tienne secrètes les informations concernant la disponibilité de ses sous-marins Rubis, on savait qu'en 2014, ce chiffre n'était que de 46,2 %. La disponibilité d'environ 150 chasseurs Mirage 2000 de différentes versions variait également de 32,9 % à 41,7 % (sans compter les Mirage 2000N à propulsion nucléaire, car aucune information n'est disponible sur leur disponibilité). Ces deux avions constituent la base de l'armée de l'air française, alors que le budget militaire du pays est comparable à celui de la Russie.
Quant au Royaume-Uni, en raison de la détérioration de l’état technique de la flotte britannique au début de 2017, le pays s’est retrouvé dans une situation où aucun de ses sous-marins polyvalents n’était prêt à prendre la mer.
Dans le même temps, les pays d'Europe occidentale s'opposent à l'appel des États-Unis à accroître leurs dépenses militaires et cherchent à renforcer la présence militaire américaine pour « contenir la Russie ». Alors pourquoi, face à de telles difficultés et incapables de se protéger, les Européens dépensent-ils de l'argent pour envoyer leurs navires de guerre dans une région reculée du monde ?
Ces pays ne peuvent pas modifier l'équilibre des forces dans la région Asie-Pacifique. Comparés aux puissantes flottes asiatiques comme celles de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud, les navires de guerre que la Grande-Bretagne et la France peuvent envoyer dans le Pacifique occidental sont pour la plupart anciens et mal armés. En cas de conflit militaire majeur dans le Pacifique, les navires de guerre français et britanniques seraient quasiment impuissants. La seule explication possible est que la présence en mer de Chine méridionale, selon les experts européens, permet de souligner le rôle de la Grande-Bretagne et de la France dans les questions de sécurité internationale et de susciter davantage d'arguments dans le dialogue avec les États-Unis.
Les pays européens adoptent donc une stratégie bien étrange. Ne disposant pas de moyens de défense suffisants, la France et la Grande-Bretagne consacrent leurs ressources déjà limitées à une présence militaire dans le Pacifique. Ces pays estiment qu'en envoyant quelques vieux navires de guerre, militairement insignifiants, dans la région, ils forceront les États-Unis à se sentir moralement liés à l'Europe et à prendre en compte les intérêts de la Grande-Bretagne et de la France. À cette fin, ces deux pays européens sont prêts à complexifier leurs relations avec la Chine, leur important partenaire économique. Compte tenu des résultats du récent sommet du G7 et de l'imposition par les États-Unis de droits de douane sur les produits européens, cette démarche est étrange. Nous verrons bien où cette politique nous mènera, a conclu l'expert militaire russe.