Le groupe Quad participe aux exercices navals à la recherche de nouveaux partenaires

Des navires de guerre des États-Unis, du Japon, de l'Australie, de l'Inde et de la France se rendront dans l'Indo-Pacifique pour participer à l'exercice naval La Pérouse de trois jours dans la baie du Bengale à partir du 5 avril. Il s'agira du premier exercice conjoint entre les pays du Quad (États-Unis, Japon, Australie et Inde) - après que les dirigeants de ce groupe ont participé à un sommet virtuel en mars 2021.

Les États-Unis, le Japon, l'Australie et l'Inde avaient déjà participé à l'exercice conjoint Malabar en novembre 2020. L'arrivée de la France, pays leader de cet exercice naval, confère à cet événement un caractère « Quad plus », favorisant une coopération plus étroite entre les deux pays. L'exercice La Pérouse de 2019, mené par la France, avait vu la participation de l'Australie, du Japon et des États-Unis, mais pas de l'Inde.

Le Dr Swee Lean Collin Koh (expert en défense à la S. Rajaratnam School of International Studies de Singapour) a déclaré : « Cet exercice sera d'une importance particulière si les pays décident d'en faire un événement régulier. »

« Si l’exercice se déroule bien, cela pourrait servir de signal encourageant pour les pays non membres du Quad, les incitant à envisager des activités de coopération similaires avec le groupe », a ajouté Lean Collin Koh.

Dans un communiqué publié la semaine dernière, l'ambassade de France en Inde l'a décrit comme un « exercice à grande échelle à cinq nations », affirmant qu'il offrirait aux marines des cinq pays partageant les mêmes idées l'occasion de développer des liens plus forts, d'améliorer leurs compétences et de renforcer la coopération maritime dans la région indo-pacifique libre et ouverte.

L'expert Yogesh Joshi de l'Institut d'études sud-asiatiques de l'Université nationale de Singapour a déclaré que l'exercice « Quad Plus » enverrait un message fort à la Chine.

« Si tous les grands pays critiquent le comportement de la Chine ou s’unissent pour contrer l’agression chinoise, cela montre que Pékin a peut-être mal agi dès le début », a déclaré Yogesh Joshi.

Renforcer la présence du Diamond Quartet

L'exercice de trois jours renforce encore la présence du Quad dans la région après que chaque pays membre a organisé au moins un exercice bilatéral avec un autre membre en mars.

Les 28 et 29 mars, l'armée de l'air et la marine indiennes ont participé à un exercice conjoint avec des navires de guerre américains dans le golfe du Bengale. Parallèlement, la Force maritime d'autodéfense japonaise a mené deux exercices bilatéraux distincts : un exercice avec des navires de guerre australiens en mer de Chine méridionale du 29 au 31 mars et un exercice d'une journée avec des navires de guerre américains en mer de Chine orientale le 29 mars.

L'amiral à la retraite de la marine indienne, RS Vasan, directeur du Centre d'études chinoises de Chennai (C3S), a déclaré que la participation de l'Inde à l'exercice La Pérouse démontrait pour la première fois sa volonté de s'engager dans des activités multilatérales que la Chine redoute. Depuis l'éclatement du conflit frontalier entre les deux parties en 2020, l'approche de New Delhi a changé, a déclaré M. Vasan.

« New Delhi est frustrée par Pékin et ne se soucie plus de la manière dont ses actions seront perçues par son voisin. D'une certaine manière, la Chine a facilité la conclusion d'alliances pour l'Inde », a déclaré Vasan.

Le timing de l'exercice est également remarquable : il intervient peu après les visites du secrétaire d'État américain Anthony Blinken et du secrétaire à la Défense Lloyd Austin au Japon et en Corée du Sud. Le secrétaire Austin s'est ensuite rendu à New Delhi, où il a décrit l'Inde comme « un partenaire de plus en plus important des États-Unis » et a déclaré que les deux pays avaient convenu de renforcer leur coopération bilatérale dans la région indopacifique.

À la recherche de nouveaux partenaires

Le Dr Swee Lean Collin Koh a déclaré que l'exercice La Pérouse pourrait viser à persuader les pays non membres du Quad de participer à des exercices conjoints similaires. Selon cet expert, les pays d'Asie du Sud-Est actuellement en conflit avec Pékin en mer de Chine méridionale, comme les Philippines et la Malaisie, pourraient figurer sur la liste des partenaires potentiels du « Quad Plus ». Cependant, ces pays pourraient se montrer prudents quant à une coopération avec le Quad, considéré comme une « alliance anti-chinoise ».

« Cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de coopération bilatérale. Même si nous ne prévoyons pas d'exercice naval de type Quad Plus avec les pays de l'ASEAN, nous pouvons néanmoins envisager la possibilité pour chaque pays membre de ce groupe de s'engager dans une coopération bilatérale ou multilatérale à petite échelle avec ses partenaires de l'ASEAN », a commenté Collin Koh.

L'expert Yogesh Joshi a également approuvé ce point de vue et a ajouté : « Il est peu probable que les pays de l'ASEAN soient disposés à former une alliance de sécurité avec le groupe Quad, mais certains pays pourraient ajuster leurs politiques de sécurité à l'égard des pays membres individuels du Quad. »

Des centaines de navires chinois se sont rassemblés en un seul endroit en mer de Chine orientale, inquiètent les Philippines. Photo d'illustration

La Pérouse dévoile également la stratégie que les puissances européennes développent pour rester actives dans la région indopacifique, où elles détiennent d'importants intérêts économiques. L'Allemagne et le Royaume-Uni ont annoncé l'envoi de navires de guerre dans la région cette année. La France, l'Allemagne et les Pays-Bas pilotent les travaux d'élaboration de la stratégie indopacifique de l'Union européenne. Après La Pérouse, la France rejoindra l'Inde et les Émirats arabes unis (EAU) dans un exercice naval multilatéral appelé Varuna en mer d'Arabie.

L'expert Yogesh Joshi a noté que lorsque les eaux de l'océan Indien-Pacifique semblent contenir trop de forces que la Chine considère comme « hostiles », Pékin peut prendre des mesures qui aggravent les tensions.