Histoires sur le « talentueux pacificateur »
Après plus de cinq ans de négociations à Paris, l'Accord de fin de guerre et de rétablissement de la paix au Vietnam a été officiellement signé. Le camarade Le Duc Tho a largement contribué à la signature rapide de l'Accord de Paris sur le Vietnam. On le surnommait « l'artisan de la paix exceptionnel ». On a raconté de nombreuses anecdotes et histoires touchantes à son sujet.
(A l'occasion du 100e anniversaire du camarade Le Duc Tho (10 octobre 1911 - 10 octobre 2011)
(Baonghean) -Après plus de cinq ans de négociations à Paris, l'Accord de fin de guerre et de rétablissement de la paix au Vietnam a été officiellement signé. Le camarade Le Duc Tho a largement contribué à la signature rapide de l'Accord de Paris sur le Vietnam. On le surnommait « l'artisan de la paix exceptionnel ». On a raconté de nombreuses anecdotes et histoires touchantes à son sujet.
* Impression inoubliable :La première rencontre entre le camarade Le Duc Tho et Kissinger eut lieu le 21 février 1970. Le rendez-vous était au 11, rue Dathes, à Choisy-le-Roi (France). Dès cette première rencontre, Kissinger laissa une impression inoubliable. Le journal de Kissinger contenait un passage : « Avec ses cheveux gris et son allure majestueuse, Le Duc Tho portait toujours un costume gris ou marron. Il paraissait toujours très calme, son attitude était toujours impeccable… ».
En juillet 1972, le Politburo préconisa de passer d'une stratégie de guerre à une stratégie de paix afin de mettre en œuvre le principe de l'Oncle Ho : « Combattre pour chasser les Américains, combattre pour renverser les fantoches ». Suivant les directives du Politburo, le 8 octobre 1972, le conseiller Le Duc Tho proposa activement un projet d'accord visant à mettre fin à la guerre et à rétablir la paix au Vietnam. Après avoir entendu Le Duc Tho lire le projet d'accord, Kissinger écrivit immédiatement dans son journal : « La plupart de mes collègues et moi-même avons immédiatement compris l'ampleur de ce que nous venions d'entendre… ».
Le 20 octobre 1972, les gouvernements vietnamien et américain acceptèrent de signer l'accord le 31 octobre 1972. Cependant, la Maison Blanche revint sur sa décision. Malgré ce revirement, le conseiller Le Duc Tho, avec une vision large et une diplomatie à la fois souple et persévérante, mais ferme et résolue, réussit à orienter les négociations entre le Vietnam et les États-Unis dans la bonne direction. Après de nombreux efforts et une persévérance assidue, l'accord de Paris sur le Vietnam fut finalement signé. Suite à cet événement, le camarade Le Duc Tho reçut le prix Nobel de la paix, qu'il refusa. En 2002, à l'occasion du 100e anniversaire du prix Nobel de la paix (1902-2002), Nevis émit un timbre à l'effigie du conseiller Le Duc Tho, commémorant le refus de ce dernier. C'est pour ces raisons qu'il est l'une des personnalités honorées comme le « Pacificateur » le plus remarquable du monde.
« J'aurais pu faire mieux si la personne qui a négocié l'Accord de Paris sur la fin de la guerre et le rétablissement de la paix au Sud-Vietnam n'avait pas été M. Le Duc Tho », a récemment admis Henry Kissinger, secrétaire d'État sous la présidence de Richard Nixon. M. Kissinger a également exprimé son admiration pour M. Tho en louant son talent et sa loyauté, qui, selon lui, étaient supérieurs à ceux des Américains. « M. Tho nous a “disséqués” comme un chirurgien talentueux aux mains expertes tenant un scalpel », a rappelé M. Kissinger.
Le conseiller Le Duc Tho (à gauche) et M. Henry Kissinger. Photo : Archives
Un jour, après les négociations, Henry Kissinger a déclaré à M. Le Duc Tho : « Bien que nous n’ayons eu que 45 minutes de discussion, vous nous avez complètement embrouillés. » Il y a un an, lors d’une conférence sur l’histoire de l’Asie du Sud-Est organisée par les États-Unis au Département d’État américain, M. Henry Kissinger a également admis que les États-Unis avaient sous-estimé la résilience des dirigeants du Nord-Vietnam de l’époque ; que le peuple de ce pays en forme de « S » était trop résilient et n’avait pas bronché face à l’ennemi. « Washington voulait faire des compromis, mais Hanoï était déterminé à gagner », a-t-il admis. Lors de la conférence, M. Kissinger a également exprimé sa déception et ses regrets que la guerre ait « ensevelie » toute une génération d’Américains.
*Bague spéciale du conseiller Le Duc Tho :Dans ses mémoires, M. Henry Kissinger mentionne à plusieurs reprises son adversaire à la table des négociations, le conseiller spécial Le Duc Tho. Il reconnaît que Le Duc Tho était un homme doté d'un style de négociation souple et perspicace. Il se souvient parfaitement de sa première rencontre avec le diplomate vietnamien, le 21 février 1970. Il décrit Le Duc Tho comme ayant les cheveux gris, une allure majestueuse, toujours vêtu d'un costume de cadre, des yeux grands ouverts et brillants, révélant rarement ses pensées. Mais il y a un détail que Kissinger n'a jamais mentionné dans ses mémoires : la bague brillante que le conseiller Le Duc Tho portait toujours lors de chaque négociation. Il s'agissait tout simplement d'une bague forgée à partir d'un morceau de l'épave d'un avion américain abattu au-dessus du Vietnam du Nord !
*Cadeau spécial :Après la signature de l'Accord de Paris, le 8 février 1973, M. Henry Kissinger se rendit à Hanoï. Celui qui accueillit le conseiller américain n'était autre que sa vieille connaissance : le conseiller spécial Le Duc Tho. Il emmena Kissinger visiter le Musée d'Histoire. Apprenant que le peuple vietnamien avait vaincu l'armée Yuan à trois reprises, M. Kissinger s'exclama : « Pour nous, vous combattre une fois est largement suffisant ! »
Au cours du repas d'adieu, tout en savourant le vin de riz gluant jaune distillé dans la campagne de Nam Dinh, le conseiller américain Kissinger n'arrêtait pas de hocher la tête et fut ravi lorsque le conseiller Le Duc Tho lui offrit deux bouteilles de vin clair, bouchées avec des feuilles de bananier séchées.
Nguyen Viet Chinh