Les visages potentiels du nouveau gouvernement chinois

Le Parlement chinois élira un nouveau cabinet gouvernemental au début de l'année prochaine, alors que les quatre vice-premiers ministres actuels sont tous prêts à prendre leur retraite ou à changer de poste.

Le Premier ministre chinois Li Keqiang. Photo : Reuters.

Après le 19e Congrès, le président chinois Xi Jinping a exercé un pouvoir sans précédent et fait désormais face à une pression croissante pour s'attaquer aux problèmes épineux d'une économie de 12 000 milliards de dollars, de la dette croissante à la surcapacité en passant par l'inefficacité des entreprises publiques.

Cette pression l'a forcé à choisir les visages les plus potentiels pour les postes au sein du nouveau cabinet qui sera élu par le parlement chinois en mars prochain, alors que de nombreux membres clés du gouvernement actuel sont sur le point de prendre leur retraite, selon le SCMP.

Le Premier ministre Li Keqiang devrait continuer à diriger le gouvernement chinois après avoir été élu au Comité permanent du Politburo, mais ses trois vice-Premiers ministres, Zhang Gaoli, Liu Yandong et Ma Kai, prendront leur retraite, tandis que le vice-Premier ministre Wang Yang accédera à un poste plus élevé.

Han Zheng, ancien secrétaire du Parti de Shanghai, récemment élu au Comité permanent du Politburo lors du 19e Congrès, devrait occuper le poste de premier vice-Premier ministre, en remplacement de Zhang Gaoli, qui prendra sa retraite en raison de la réglementation sur l'âge.

Après avoir débuté comme secrétaire d'un syndicat de jeunes dans une usine pétrochimique publique, M. Han a progressivement gravi les échelons et est devenu le plus jeune secrétaire du parti de Shanghai en 2003. Au cours de cette période, Shanghai est devenue l'un des ports les plus fréquentés du monde, avec l'ambition de devenir un centre maritime et financier mondial.

Considéré comme possédant une connaissance approfondie du processus de développement économique et commercial de la Chine et l'avantage d'être le secrétaire du Parti de Shanghai, il a été élu au Comité permanent du Politburo le plus puissant de Chine lors du récent Congrès du Parti.

Les deux postes restants de vice-Premier ministre reviendront probablement à Sun Chunlan et Hu Chunhua, membres du Politburo. Sun pourrait remplacer Liu Yandong, vice-Premier ministre à la retraite, tandis que Hu Chunhua succéderait au vice-Premier ministre Wang Yang, élu au Comité permanent du Politburo.

Avant d'être nommé vice-Premier ministre chargé de l'agriculture, du commerce et des relations commerciales avec les États-Unis, M. Wang Yang a été secrétaire du Parti du Guangdong avant M. Hu Chunhua. À la tête du Guangdong, M. Wang était connu pour ses vues libérales sur la réforme économique, tandis que son successeur, Hu Chunhua, était plus prudent, tout en continuant à mettre en œuvre nombre des politiques économiques de son prédécesseur.

M. Han Zheng (à gauche) et M. Ho Xuan Hoa. Photo : SCMP.

« Je considère que Hu Chunhua est moins agressif en matière de réforme que Wang Yang », a déclaré James Zimmerman, expert en droit international au bureau de Pékin du cabinet d'avocats Sheppard Mullin et ancien président de la Chambre de commerce américaine en Chine.

Mme Sun Chunlan est la seule femme membre du Bureau politique de Chine. Elle a occupé de nombreux postes de base, notamment ceux de secrétaire des comités du Parti de Dalian et de Tianjin, et de secrétaire du comité du Parti de la province du Fujian. En décembre 2014, elle a été nommée cheffe du Département du travail du Front uni central, en remplacement de M. Ling Jihua, qui faisait l'objet d'une enquête pour graves manquements à la discipline.

Au sein du nouveau cabinet, le poste de responsable de la politique économique intéresse vivement les observateurs. Liu He, conseiller économique principal du président chinois Xi Jinping, devrait remplacer le vice-Premier ministre Ma Kai au poste de directeur des finances, tandis que Xi Jinping constitue une nouvelle équipe pour diriger la deuxième économie mondiale pendant les cinq prochaines années.

Des sources ont indiqué au SCMP que Liu, l'un des 25 membres du Politburo, est susceptible de prendre la relève de Ma à la tête du Comité de stabilité financière et de développement du Conseil des affaires d'État, que Xi Jinping a créé en novembre pour faire face aux crises financières potentielles découlant du système de dette et de crédit et d'une supervision laxiste du marché.

M. Liu, diplômé de la prestigieuse université de Harvard, est considéré comme le « principal architecte » de l'initiative de « réforme de l'offre » de M. Xi, une politique économique de premier plan visant à soutenir la restructuration de l'économie chinoise.

Outre la réduction de la production, cette politique de réforme de l'offre vise également à faire face à l'endettement croissant des collectivités locales et aux créances douteuses des banques commerciales. En tant que vice-Premier ministre, M. Liu pourra poursuivre cette réforme, malgré son manque d'expérience en gestion locale.

Jusqu'à présent, M. Liu est resté une personne relativement discrète et n'occupe qu'un poste modeste en tant que chef du Groupe directeur central des affaires économiques et financières et vice-président de la Commission nationale du développement et de la réforme, contrairement à son énorme influence sur l'orientation de la politique économique en Chine.

Mme Sun Chunhua (à gauche) et M. Liu He. Photo : SCMP.

Beaucoup pensent que M. Liu était la mystérieuse « autorité » qui a mis en garde contre le risque d'une crise financière due à l'augmentation de la dette dans un article paru en 2016 dans le Quotidien du Peuple.

En tant que vice-Premier ministre, Liu sortira de l'ombre pour jouer un rôle de premier plan dans la gestion de l'économie, mais de nombreux experts estiment que sa nomination n'est pas susceptible d'entraîner des changements majeurs dans la politique économique de la Chine.

« Je pense que ces personnes sont choisies non pas parce que leurs nouvelles idées ou personnalités changeront l’économie chinoise, mais parce qu’elles renforceront la direction que prend actuellement l’économie », a déclaré Christopher Balding, économiste à la HSBC Business School de l’Université de Pékin.

« Si quelque chose a changé au cours des cinq dernières années, c’est le renversement des réformes de libéralisation », a-t-il ajouté.

Zimmerman a également déclaré que la nomination de Liu au poste de vice-Premier ministre chargé des affaires économiques témoigne de la volonté de la Chine de poursuivre la mise en œuvre de ses politiques économiques actuelles. « Cette nomination suggère globalement que la voie à suivre privilégiera une croissance stable et durable. Nous n'assisterons pas à des réformes drastiques ni à un meilleur accès au marché pour les investisseurs étrangers », a-t-il ajouté.

Selon VNE