Vieux Têt...

February 12, 2015 10:22

(Baonghean) - Quand les hirondelles portent la nouvelle lumière du soleil, rimant sur le pas de la porte familier, signalant l'arrivée d'un nouveau printemps, ma mémoire rappelle l'image aimante de ma grand-mère...

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Photo : internet

Se souvenant des douces et chaudes journées du début du printemps, l'après-midi, ma grand-mère profitait souvent de l'occasion pour sortir nos vieux vêtements, mes sœurs et moi, et nous asseoir sur la véranda pour coudre avec soin. Ses mains maigres enfilaient lentement chaque aiguille et chaque fil sur chaque morceau de tissu usé afin que mes sœurs et moi puissions porter des vêtements plus intacts pour célébrer le Têt. Voyant mes amies arborer des vêtements à fleurs pour frimer dans le quartier, elle cousait et disait tristement : « Le Têt approche, le printemps arrive, voir les enfants et les petits-enfants des autres porter des vêtements neufs, je suis tellement désolée pour vous tous. Mais… » Elle hésita à dire cela, puis les coins de ses yeux se remplirent soudain de larmes. Le soleil reflétait clairement chaque petite larme, scintillant de tristesse.

On dit souvent que le printemps est la saison des retrouvailles et du bonheur familial. Pourtant, pour ma grand-mère et moi, le printemps est la saison de l'attente. À cause de leurs dettes, mes parents ont dû quitter leur ville natale et se rendre jusqu'à Saïgon pour travailler afin de rembourser leurs dettes, laissant derrière eux deux jeunes enfants à élever et à prendre soin d'elle. Chaque fois que le printemps arrive, ma grand-mère se tient toujours devant le portail, le regard tourné vers la route au loin, incapable de cacher la tristesse silencieuse imprimée sur son vieux visage travailleur. Un autre Têt, mes parents ne peuvent plus revenir…

Pour subvenir à ses besoins pendant le Têt, ma grand-mère devait économiser, entretenir et chérir chaque légume et fruit de son jardin afin de pouvoir les vendre au marché. Compatissantes pour elle, qui était âgée et devait encore veiller tard et se lever tôt, mes sœurs et moi ne pouvions que l'aider pour les tâches ménagères. Le fardeau de gagner sa vie pesait lourdement sur ses maigres épaules…

Ma grand-mère et moi avons célébré un Têt très simple et modeste. Le soir du Nouvel An, dans la petite cuisine exiguë, ma grand-mère était assise, voûtée, à emballer des gâteaux Chung verts, tandis que mes sœurs et moi étions occupées à nettoyer la maison et à faire la vaisselle. La fumée de la cuisine montait, se mêlant à la douce lumière de l'après-midi, créant un arrière-plan qui mettait en valeur les fleurs de pêcher qui s'épanouissaient timidement en rose. Et à chaque brise légère, le parfum de l'encens, celui du poisson braisé au curcuma, celui de la poitrine de porc braisée… se répandait partout, doux et passionné. À cette époque lointaine, mes parents devaient-ils terriblement regretter leur pays natal ?

Chaque Têt comme celui-ci est une nouvelle occasion pour mes sœurs et moi de grandir, et une autre occasion pour ma grand-mère de vieillir visiblement. J'ai soudain peur des pas du printemps, j'ai peur que le temps qui passe ne ronge peu à peu la santé de ma grand-mère. Puis, après de nombreuses années d'errance au loin, mes parents sont rentrés dans leur ville natale pour rembourser leurs dettes et construire une maison spacieuse et bien meublée. Ce Têt fut le plus heureux et le plus chaleureux de ma famille. Pendant le repas du Nouvel An, ma grand-mère arborait un sourire édenté et a dit doucement : « C'est le Têt que j'ai attendu toute ma vie ! » Qui aurait cru que, peu après le Têt, elle tomberait malade et s'éteindrait paisiblement, comme les fleurs de pêcher qui tombent à la fin de la saison…

Le printemps dépose un baiser mélancolique sur le paisible petit village. Quelque part, des vieilles cuisines, le parfum du Têt se répand doucement. Même si ma grand-mère est partie dans l'au-delà, chaque fois que j'ouvre doucement la fenêtre pour accueillir le nouveau jour, je vois toujours, dans la lumière pure du soleil, le sourire édenté de ma grand-mère cette année-là…

Phan Duc Loc

(Académie populaire de police)

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