L'espoir rare de l'Europe
(Baonghean) - Nombreux étaient ceux qui pensaient que Federica Mogherini était trop jeune et inexpérimentée pour occuper le poste de ministre des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE). Mais aujourd'hui, son nom figure sur la liste des personnalités politiques de premier plan de la région.
Représentant exceptionnel de l'intégration
Tout était parfait. Récemment, Federica Mogherini était présente à une cérémonie à la Sala Regia, au cœur du Vatican. Il s'agissait de remettre le prix Charlemagne au pape François pour son action en faveur de l'unité européenne. Mogherini ne semblait pas avoir grand-chose à faire là-bas.
Le protocole du Vatican la prévoyait assise au deuxième rang. Mais Mogherini ne voulait pas être perçue comme un simple « vase à fleurs ». Heureusement, le Premier ministre italien Mateo Renzi, un de ses partisans, venait d'entrer dans la salle. L'occasion s'est présentée et Mogherini s'est immédiatement placée au premier rang pour saluer le dirigeant italien. Un pas, mais il a propulsé Mogherini au cœur du pouvoir. Et elle y est restée jusqu'à ce que la presse ait terminé son travail lors de la cérémonie.
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La diplomate italienne Federica Mogherini est une figure emblématique de la politique d'intégration de l'UE. Photo : Euactive. |
Mogherini sait occuper le devant de la scène. C'est la compétence ultime qu'elle doit posséder pour occuper le poste de Haute Représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Ce titre ne confère pas beaucoup de pouvoir. Elle ne commande ni une armée européenne ni une bureaucratie. Pour atteindre ses objectifs, Mogherini devra faire preuve de ruse et de diplomatie pour convaincre ses 28 collègues masculins des États membres de l'Union.
La diplomate italienne Federica Mogherini symbolise le changement générationnel à la tête de Bruxelles, centre du pouvoir européen. À 42 ans, Mogherini était la plus jeune ministre des Affaires étrangères d'Italie. Elle est la première d'une génération de quadragénaires à occuper un poste de haut rang en Europe.
Mogherini possède les qualités d'une génération qui a grandi avec les libertés que l'Union a contribué à créer. Chemins de fer transnationaux, voyages sans frontières, bourses Erasmus pour les échanges universitaires européens et monnaie unique. Elle comprend l'esprit et les avantages de l'intégration. Et elle représentera désormais cette génération, écrivant la prochaine page de l'histoire européenne.
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Federica Mogherini devrait contribuer à maintenir l'unité et le cap de l'UE. Photo : Sputnik |
Un phare dans le « tsunami de l’immigration »
La différence de Federica Mogherini réside dans son style de leadership très harmonieux, contrastant clairement avec la rigidité de sa prédécesseure britannique, Catherine Ashton.
La différence réside dans la gestion de la crise migratoire. Malgré un désaccord sans précédent entre les États membres sur la manière de gérer cet afflux massif, Mogherini a amené le continent à au moins un point d'accord : une mission de patrouille le long des côtes libyennes pour intercepter les bateaux transportant des migrants vers l'Europe et secourir les migrants des navires en perdition.
La difficile « bataille diplomatique »
Le problème pour la « ministre des Affaires étrangères » européenne est que le véritable pouvoir en matière de politique étrangère du bloc repose en grande partie sur les gouvernements de ses États membres. Elle a constaté cette réalité à chacun de ses déplacements à l'étranger. L'exemple le plus récent remonte à une journée d'avril, lorsqu'elle s'est rendue en Iran. L'accueil chaleureux de ses hôtes à Téhéran a donné l'impression que les deux parties avaient tourné une nouvelle page.
« Nous avons ouvert un nouveau chapitre », a déclaré Mogherini avec assurance, debout aux côtés du ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. « Je dis, au nom de 500 millions d'Européens, que nous voulons promouvoir une nouvelle ère dans cette relation. » Mais les journalistes iraniens étaient moins convaincus par cette perspective. Ils se demandaient quand l'Iran bénéficierait de la levée des sanctions économiques. Mogherini ne pouvait pas en dire plus, ni maintenant ni plus tard. De nombreuses banques étrangères attendaient encore l'approbation des États-Unis avant de pouvoir commencer à octroyer des prêts à l'Iran.
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Mogherini est l'une des rares femmes à occuper un poste important au sein de l'appareil bruxellois. Photo : Politico. |
Mais Mogherini n'est pas à blâmer. Le pouvoir du « commandant » de la diplomatie européenne est très limité. Il dépend non seulement de la superpuissance américaine, mais aussi, dans une large mesure, des États membres de l'UE. Ces derniers refusent de relâcher leur influence sur la politique étrangère.
Les réunions de l'UE sur les affaires étrangères reviennent à l'ancien schéma. La plus récente remonte à une réunion des ministres des Affaires étrangères à Luxembourg en début d'année, qui portait sur la question de savoir si l'UE devait participer à la chasse à l'EI. Les ministres britannique et français des Affaires étrangères se sont disputés avec tant d'acharnement que leurs homologues ont soudain eu l'impression de jouer les seconds rôles dans un film. La situation a contraint Mogherini à « prendre le micro » et à déclarer : « Je suis la présidente ici et cette question sera discutée entre les 28 membres actuels, et non bilatéralement. »
Mogherini secoua la tête face aux querelles de ses collègues masculins. « Nous avons trop à faire. Nous pouvons nous compléter. » Mais elle savait aussi que ce souhait était pour l'instant un vœu pieux. Une vague de nationalisme, ou un retour aux idées conservatrices d'extrême droite, déferlait sur l'Europe. La Grande-Bretagne n'était pas la seule à avoir choisi de tourner le dos à l'Europe entière. Dans un tel contexte, l'idée d'une politique étrangère européenne commune semblait de plus en plus lointaine.
Malgré cela, Mogherini tente d'apporter un changement. Elle vient de dévoiler une nouvelle stratégie de politique étrangère pour l'UE, la première depuis 2003. Il ne s'agit pas d'un coup d'État, mais d'une tentative de contrer le désenchantement croissant qui règne désormais au sein de l'UE.
Phan Tung
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